L'Association américaine de
l'industrie du disque (RIAA) en a assez de courir après
les Napster, Kazaa et autres Morpheus. Malmenées par une
baisse des ventes de 25% en trois ans, déçues par les
débuts des plates-formes de téléchargement légales, les
majors sont plus que jamais déterminées à faire respecter
le Digital Millennium Copyright Act, loi de 1998 relative
à la protection des droits d'auteur. La RIAA a cette fois
décidé de s'attaquer directement aux utilisateurs des
réseaux peer-to-peer en lançant d'ici deux à trois mois
plusieurs centaines de plaintes aux Etats-Unis.
Les
utilisateurs qui distribuent le plus de fichiers seront
prioritairement visés, a déclaré la RIAA. Cependant,
l'organisation souligne avec force que quiconque offre
des fichiers musicaux illégaux est susceptible d'être
poursuivi. "La loi est claire et le message qui doit
être envoyé (
) doit être aussi clair. Cette activité
est illégale, vous n'êtes pas anonymes quand vous vous
y adonnez, et cela peut avoir de vraies conséquences",
a déclaré le président de la RIAA, Cary Sherman.
La RIAA va commencer dès
cette semaine à rassembler des preuves et à préparer
des plaintes. Concrètement, elle va utiliser des logiciels
qui permettent de scanner les répertoires publics contenus
sur les réseaux peer-to-peer et de télécharger les fichiers
illégaux qui s'y trouvent. Ces répertoires contiennent
tous les fichiers disponibles au téléchargement mais
aussi des informations permettant d'identifier le fournisseur
d'accès des utilisateurs. Une simple assignation suffit
ensuite pour que le FAI soit contraint de délivrer le
nom et l'adresse de l'internaute incriminé. C'est ce
qui s'est passé pour Verizon.
Les prévenus se verront
infliger des dommages et intérêts, assortis d'une injonction
de cesser toute activité de distribution de fichiers.
La RIAA a ajouté qu'elle n'enverrait pas forcément d'avertissement
avant l'assignation en justice. La rigueur qu'elle affiche
est destinée à décourager les millions d'utilisateurs
potentiellement visés par ses attaques, tout comme l'affaire
opposant en mai la RIAA à quatre étudiants qui distribuaient
des fichiers illégaux sur le réseau de leur faculté
avait permis de faire fermer simultanément d'autres
réseaux de ce type.
Les utilisateurs individuels
ne sont pas les seuls à pouvoir se faire du souci. Les
entreprises sont également concernées, dans la mesure
où les employés disposent d'une connexion Internet.
En mars, les maisons de disque ont envoyé près de 300
lettres d'avertissement à des entreprises américaines
dont les réseaux avaient été utilisés pour échanger
des fichiers musicaux protégés. Du coup, de plus en
plus de sociétés ont recours à des logiciels de filtrage
- pas toujours efficaces - pour détecter et bloquer
l'accès aux sites peer-to-peer.
Pour accentuer encore un
peu plus la pression, une campagne de communication
sans précédent a été déployée depuis deux mois dans
la presse écrite, à la radio et à la télévision, et
même par messagerie instantanée. Cette campagne met
en scène des artistes connus qui témoignent du risque
que l'échange illégal de fichiers fait courir à l'industrie
du disque, à la création et aux artistes anonymes. Missy
Elliot, Shakira ou encore Sheryl Crow se sont ainsi
prêtées au jeu.
C'est la première fois
que l'action des majors est appuyée par autant d'acteurs
du monde du divertissement. L'Association nationale
des éditeurs de musique, la Fédération américaine des
artistes de radio et de télévision, des auteurs, des
distributeurs, ont notamment participé à la campagne
de communication. Même l'industrie cinématographique,
réticente jusque là, commence à bouger. Universal a
récemment fait condamner un homme qui avait diffusé
sur Internet une version pirate du film Hulk avant sa
sortie.
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