Les liens promotionnels n'en
finissent plus de progresser. Après avoir conquis
le marché des moteurs de recherche et des portails,
ils s'attaquent maintenant aux sites de contenu en prenant
la forme de liens contextuels. Il s'agit toujours de
liens publicitaires textuels mais ils sont ciblés
en fonction de la thématique de chaque page (les
liens promotionnels classiques apparaissent, eux, sur
les pages de résultats des moteurs de recherche
et sont choisis en fonction des mots-clés tapés
lors de la requête).
Comment
ça marche? La diffusion de liens contextuels
sur des pages de contenu peut être gérée
de deux manières : manuelle ou dynamique.
Dans le premier cas, une intervention humaine est nécessaire
pour identifier les thématiques d'une page et
les associer à des mots-clés permettant
l'affichage de liens publicitaires ciblés. Dans
le cas de liens contextuels dynamiques, c'est un logiciel
qui analyse automatiquement
le texte d'une page, en extrait les mots-clés
principaux et sélectionne ensuite les liens publicitaires
les plus pertinents.
Trois sociétés
bien établies sur le secteur des liens promotionnels
ont développé de telles solutions technologiques :
Sprinks (avec ContentSprinks), le pionnier dans ce domaine,
Google (AdSense) et Overture (Content Match). Espotting
devrait elle aussi sortir une offre de liens contextuels
dynamiques d'ici la fin de l'année.
L'intérêt
pour les sites de contenu est bien-sûr de générer
des revenus supplémentaires, sans effort. Du
côté des sociétés spécialisées
dans les liens promotionnels, cette offre permet d'étendre
encore un réseau qui commençait à
arriver à saturation (les plus importants moteurs
et portails ayant choisi leur partenaire) et d'attirer
de nouveaux annonceurs visant un public très
ciblé.
Qui
en fait? Le marché des liens contextuels
est encore embryonnaire mais
la plupart des grands sites d'information américains
ont succombé à cette nouvelle source de
profits. On peut citer sCNN.com, NYTimes.com, WashingtonPost.com,
CBS MarketWatch, CNet.com, Forbes.com ou encore MSNBC.
En attendant que les solutions dynamiques soient réellement
opérationnelles, la majorité d'entre eux
utilisent encore un système d'affichage des liens
contextuels semi-manuel. Cela
signifie que les liens s'affichent de manière
automatique dans les articles mais que les mots-clés
qui y sont associés ont été sélectionnés
manuellement en fonction du rubriquage.
"Notre outil d'affichage
dynamique des liens contextuels est en cours d'expérimentation
et d'amélioration, explique Pascale Furbert,
directrice marketing et communication chez Overture
France. Il sera totalement au point d'ici la fin de
l'année. En attendant, soucieux de la qualité
éditoriale de nos sites partenaires, nous préférons
être très prudents et conserver un mode
d'affichage hybride."
En France, les sites d'information
commencent eux aussi à saisir cette nouvelle
opportunité de revenus. LeMonde.fr, Liberation.fr
et Latribune.fr (tous trois avec Espotting) font partie
de ceux-là. Les sites persos (Lycos Tripod et
Google) et les forums de discussion (sur MSN avec Overture)
sont également concernés par ce nouveau
type de revenus.
"Depuis mai 2003,
nous avons positionné des liens contextuels en
pied d'article ou de séquence, indique Yann Chapellon,
directeur délégué du site LeMonde.fr.
Pour l'instant, le choix des liens contextuels se fait
au niveau d'une rubrique ou d'une sous-rubrique et tous
les articles qui y sont associés comportent les
mêmes liens. A terme, nous devrions accroître
l'affinité article par article et passer à
un mode de gestion dynamique des liens." Aujourd'hui,
environ 75 % des pages du site LeMonde.fr comportent
des liens contextuels. Les revenus générés
par cette activité restent confidentiels mais
Yann Chapellon se déclare "plutôt
content". D'autant plus que cela ne nécessite
aucun investissement pour le site éditeur.
Qu'est-ce
que ça rapporte? Les profits issus
de cette nouvelle forme de publicité se révèlent
stables dans le temps. Seule une forte variation du
trafic, du nombre de pages concernées, ou une
profonde modification de la contextualisation (plus
précise) peut modifier le montant perçu
par un site. A périmètre égal,
les revenus connaissent peu de variations dans le temps.
En terme d'efficacité
des liens contextuels par rapport aux liens sponsorisés
classiques, il existe encore peu de retours d'expérience
fiables. Le site immobilier américain ForRent.com
a testé en mars dernier l'offre AdSense de Google
en achetant des mots-clés tels que "apartment"
ou "apartment for rent in Dallas."Le taux de clic a
été de 0,5 % sur des liens contextuels,
contre 3,5 % sur des liens promotionnels classiques",
indiquait début août Stephanie Krebs, marketing
manager de ForRent.com, au New York Times.
Si le taux de clic est
moins bon, le taux de transformation se révèle
meilleur. 12 % de ceux qui ont cliqué sur
un lien contextuel sont devenus clients du site ForRent.com
alors qu'ils sont moins de 10 % a avoir eu le même
parcours en ayant cliqué sur un lien promotionnel
placé sur les pages de résultats de Google.com.
Le profil des liens contextuels serait donc un taux
de clic inférieur mais une efficacité
finale (inscription, achat, etc.) meilleure.
Si pour les sites de contenu
ces liens contextuels représentent une nouvelle
source de revenus rapide et sans effort, des dérapages
sont possibles. Avant
de faire apparaître ces liens, les sites doivent
prendre garde à bien paramétrer l'instrument
avec le réseau de liens promotionnels :
demander la suppression de tout lien à caractère
pornographique ou faisant la promotion de jeux en ligne,
refuser les liens renvoyant vers un concurrent, etc.
"Nous avons mis un filtre en place avec notre partenaire
Espotting afin d'écarter les annonceurs malvenus,
tenant des propos contraires à notre déontologie,
conclut Yann Chapellon.. Grâce à cela,
nous intervenons assez peu sur les liens proposés
dans nos pages."
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