La logique du multicanal marchand
ne se limite pas à un chiffre d'affaires Internet
additionnel. Par nature, le multicanal se diffuse et,
grâce aux synergies mises en place, induit un nouveau
dynamisme marchand pour tous les canaux.
La
Fnac observe par exemple que le multicanal renforce
de façon globale le niveau de consommation de ses clients,
en particulier dans ses magasins. Par rapport à un groupe
témoin de clients qui consomment pour un indice 100
en magasin, les clients multicanal achètent pour un
indice 121, dont 10 sur le site Fnac.com et 111 en magasin.
Selon l'enseigne du groupe PPR, 53 % des visiteurs
de Fnac.com consultent ainsi le site avant d'acheter
dans l'un des points de vente.
Chez La Redoute, autre
enseigne du groupe PPR, ces synergies se répercutent
au niveau du panier moyen. Les clients multicanal dépensent
à chaque achat, quel que soit le canal utilisé, 30 %
de plus que la moyenne globale enregistrée par l'enseigne
sur tous ses canaux. Ces clients achètent davantage,
plus souvent et sont plus fidèles. Grâce à cette nouvelle
population, le vépéciste a pu enregistrer 2 % de
croissance globale en 2002, sur un secteur globalement
atone.
Pour entretenir ces synergies,
La Redoute a choisi de faire systématiquement découvrir
ses autres canaux de commande à ses clients Internet,
en envoyant son catalogue "papier". Résultats : les
trois quarts des clients Internet sont mixtes, 10 %
des clients "catalogue" achètent sur le Web et un quart
des achats au téléphone est prescrit en ligne. Cette
même logique prévaut chez 1855, Eveil et Jeux
ou à la Camif. Tous les clients Internet de ces
enseignes reçoivent des catalogues dans un souci de
fidélisation.
Ces nouvelles synergies peuvent
également s'exercer sur un plan strictement commercial.
Internet est alors un levier qui permet aux marchands
de diversifier leurs services ou d'explorer de nouveaux
territoires. Fnac.com, en proposant un million d'extraits
sonores en ligne, permet à l'enseigne de mettre pied
dans le marché du téléchargement.
Air France a pour sa
part décidé de profiter des faibles coûts de distribution
de son site pour écouler en ligne des produits à faible
marge. En février dernier, le canal Internet représentait
13 % des ventes des tarifs les plus bas de la compagnie
aérienne. Cette exploration de nouveaux services ou
de nouveaux territoires commerciaux se fait dans le
sillage de la population internaute, dont le profil
diverge de la clientèle traditionnelle.
Mais attention, cette surface
de contact avec de nouvelles cibles offerte par l'Internet
n'est pas de même nature selon la typologie de l'acteur
marchand. Pour les vépécistes généralistes, le canal
Internet permet d'atteindre une clientèle plus jeune,
plus masculine et plus urbaine. Pour les acteurs "click
& mortar", c'est une clientèle au contraire plus provinciale
qui est touchée via le Web.
A
lire également :
1. Entre
2 et 20 % de chiffre d'affaires additionnel
(09/09/03)
3.
Les "hyper-shoppers"
(11/09/03)
|