[NDLR : A la suite
de la publication de cette article, William Illouz, président
de iFrance et Flipside Europe, nous a fait parvenir un
droit
de réponse] Suivant son processus de désengagement
du secteur Internet, Vivendi Universal aborde aujourd'hui
la dernière ligne droite avec les discussions concernant
cete fois le sort de Canal Numedia. Dans un communiqué
de presse daté 27 octobre, l'intersyndicale CGT-CFDT
de Canal Numedia fait état d'une consultation entre
les instances représentatives du personnel et la
direction de VU. Cette consultation porte sur le transfert
d'une partie des collaborateurs de Canal Numedia vers
Atos Origin.
Selon
les modalités du plan présenté
aux syndicats, sur les 67 salariés actuels de
Canal Numedia, 20 seraient intégrés dans
le groupe informatique. Cette option de reclassement
concernerait les collaborateurs disposant d'un profil
de technicien, de développeur ou de rédacteur.
"Cette intégration dans Atos Origin peut
être perçue comme une opportunité
pour certains d'entre nous, explique Laurent Jacquot,
délégué syndical CGT chez Canal
Numedia. Mais nous préférerions que ces
transferts soient effectués sur la base du volontariat
et sur l'ensemble du personnel." Le représentant
syndical regrette également que le plan proposé
ne favorise pas le reclassement du personnel au sein
du groupe Vivendi Universal.
Le déroulement de ce plan pourrait être
contrarié en raison d'une procédure initiée
en juillet dernier par le comité d'entreprise
de Canal Numedia. Ce dernier a constesté devant
la justice le rattachement de l'unité économique
et sociale Canal Numedia à la holding VU Net,
un changement de statut juridique qui avait été
décidé par la direction du groupe en juillet
2002. Le tribunal d'instance du XVème arrondissement
de Paris devrait rendre une décision sur ce point
dans le courant de ce mois.
Quoiqu'il en soit, le reclassement d'une partie du personnel
au sein d'Atos Origin vient clore définitivement
les espoirs de réintégration de Canal
Numedia au sein du groupe
Canal Plus, qui est son principal client. Cette issue
a été définitivement écartée
face au programme de réduction des coûts
enclenché par la chaîne cryptée.
Un programme qui pousse aujourd'hui le groupe Canal
Plus à opter pour l'externalisation
de ses services informatiques et Internet. Fin octobre,
la direction de la chaîne cryptée a ainsi
sélectionné un certain Atos Origin pour
l'infogérance de son système informatique. Là
aussi, un transfert de compétences devrait être
effectué : Atos reprendra 38 collaborateurs en
charge de la gestion du système informatique du groupe
Canal Plus.
Créé en pleine euphorie Internet en 2000,
Canal Numedia fédérait à sa grande
époque la plupart des services online du groupe
Vivendi Universal, dont le portail AlloCiné (sorti
du giron de VU dans le courant de l'été).
En 2002, Canal Numedia avait été contraint
d'effectuer un recentrage de ses activités pour
se concentrer sur la gestion des sites rattachés
au seul groupe Canal Plus (CanalPlus.fr, iTélé.fr,
Zidane.fr...). Un recentrage qui n'a pas permis à
Canal Numedia de sortir la tête de l'eau :
son passif se chiffrerait aujourd'hui à 160 millions
d'euros.
Reste
désormais à connaître les conditions
qui accompagnent cette cession de Canal Numedia à
Atos Origin. Car dans le grand chambardement qui consiste
à se séparer des "foyers de pertes",
pour reprendre l'expression de Jean-René Fourtou,
PDG de Vivendi Universal, il semblerait que vitesse
et précipitation soient confondues.
Dernier
épisode en date : la reprise en juin par le groupe
ACC/First Telecom du portail multi-services iFrance
et du service de jeux Flipside Europe. Selon nos informations,
le groupe ACC/First Telecom, qui s'est spécialisé
dans le rachat de sociétés télécoms
ou Internet en difficultés financières,
a été éconduit par VU une première
fois en mars. Motif : la candidature présentait
peu de garanties, notamment sur la plan de la sauvegarde
des emplois.
Finalement,
en l'absence d'autres
repreneurs, VU a décidé de se rabattre
sur le groupe ACC trois mois plus tard. Le groupe ACC
aurait racheté iFrance et Flipside Europe pour
un euro symbolique, VU conservant les passifs des deux
sociétés Internet (plus important chez
Flipside que chez iFrance). Selon nos informations,
le groupe dirigé par Jean-René Fourtou
assure également les frais de fonctionnement
des services iFrance et Flipside au sein du groupe ACC
et continue de prendre en charge les salaires d'une
vingtaine de personnes. Un dispositif qui entrerait
dans le volet "sauvegarde de l'emploi" et
qui s'étalerait sur une période allant
de six mois à un an après la reprise par
ACC.
Ces manoeuvres laissent perplexes les salariés
d'iFrance et de Flipside transférés dans
la nouvelle structure. Depuis la reprise, la direction
du groupe ACC/First Télécom reste silencieuse
sur les projets de développement du bouquet de
services Internet, nouvellement constitué autour
du quatuor iFrance-Flipside-Bingopoly-ComparaTel. Quant
aux relations entre les anciens salariés de VU
et William Illouz, le nouveau patron d'iFrance et de
Flipside Europe, elles seraient pour le moins houleuses.
Plusieurs collaborateurs feraient l'objet de pressions
pour quitter la société ou de procédures
de licenciement pour fautes graves.
Un flottement qui se répercute
même sur le contenu des sites. Selon les conditions
générales de Flipside, disponibles en
ligne, le propriétaire reste une certaine Agnès
Audier, ex-directrice générale de l'ancienne
holding VU Net, dissoute en juillet dernier.
Contactées par le JDN,
les directions de Vivendi Universal et d'Atos Origin
n'ont pas souhaiter apporter de commentaires sur la
cession de Canal Numedia. Quant à la direction
du groupe ACC/First Télécom, sollicitée
sur le dossier iFrance-Flipside, elle s'est montrée
tout aussi discrète.
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