Avec la finalisation du rachat
d'Overture le mois dernier, Yahoo est également
devenu propriétaire des moteurs de recherche Altavista
et Alltheweb. Dans l'ancienne comme dans la nouvelle économie,
une entreprise qui possède plusieurs marques peut s'abriter
derrière ses multiples identités afin de développer des
gammes, des produits ou des discours parfois très différents.
C'est le cas de Yahoo qui a décidé de continuer
à commercialiser les espaces publicitaires d'Altavista
et de Alltheweb à
des sites "pour adultes" alors que le portail a une politique
différente pour son propre site, comme l'a révélé
le quotidien San Fransisco Chronicle dans son édition
de lundi 17 novembre. Yahoo a en effet suspendu les bannières
et la vente de produits pour adultes sur son site américain
depuis 2001, suite à des plaintes émanant de consommateurs.
La
porte-parole de Yahoo a décliné tout commentaire concernant
un éventuel changement de politique de la société à
l'égard des contenus publicitaires et commerciaux pornographiques,
rapporte le San Fransisco Chronicle. A l'évidence, Yahoo
estime que la diffusion de publicités à caractère pornographique
sur Altavista et Alltheweb n'est pas à même de ternir
son image, dans la mesure où la relation qui unit ces
trois sites n'est pas forcément connue du grand public.
Selon le quotidien, outre les sites de son réseau, les
annonces vendues par Yahoo apparaissent également sur
InfoSpace, Dogpile et Metacrawler.
C'est au moment où Yahoo
US avait décidé d'introduire une rubrique "adultes"
dans sa chaîne Shopping que la fronde d'un certain nombre
d'utilisateurs, dont l'Association Américaine de la
Famille, avait poussé le portail a retirer non seulement
la rubrique, mais aussi les bannières publicitaires
présentes sur le site. De même, Yahoo avait supprimé
les listes de discussion pour adultes de l'annuaire
Yahoo Groupes, sans toutefois mettre fin à l'activité
des listes elles-mêmes. De leur côté, Overture, Altavista
et Alltheweb n'ont jamais cessé de commercer avec le
secteur du X. Des liens promotionnels apparaissent sur
ces sites suite à des requêtes bien spécifiques
(porn, sex, etc.).
La version américaine du
portail Yahoo reste, elle, assez policée. Les bannières
pour des sites X ont disparu depuis deux ans. Cependant
il reste quelques liens sponsorisés faisant mention
de références plutôt explicites, et la chaîne Shopping
continue de vendre une panoplie de "sex toys" même si
aucune catégorie ne leur est dévolue. Si l'on en croit
les informations du San Fransisco Chronicle, les publicités
vendues par Yahoo sur ses autres moteurs de recherche
concernent une variété de sites web, notamment "hardcore".
Des liens sponsorisés qualifiés comme tels s'affichent
en tête de résultat sur ces moteurs.
Les versions internationales
de Yahoo ne sont pas aussi prudes que le portail américain.
En Allemagne, par exemple, des bannières horizontales
et verticales pour des sites X apparaissent lors des
recherches dans la catégorie "sexe". En France, où il
est nécessaire de se logger pour effectuer une requête
sur les rubriques pour adultes, ce genre de publicités
n'a pas été remarquée.
Pour couper court à toute
polémique, la porte-parole de Yahoo, citée par le San
Fransisco Chronicle, a déclaré : "Notre intention est
de nous assurer que nous servons bien les intérêts des
consommateurs, et que les consommateurs, les annonceurs
et les partenaires bénéficient de la meilleure expérience
en ligne possible". Ce qui devrait ravir les annonceurs
et une bonne partie des consommateurs.
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