EDITORIAL
Europe, ton Internet fout le camp
Espotting, Fast, Noos, Kelkoo... L'Europe n'est pas seulement victime d'une fuite de ses cerveaux. Son Internet fuit, doucement.   (29/03/2004)
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Clic, clic, clic... Aux quatre coins de l'Europe, bientôt élargie, le Net prend son envol. Du haut de ses 220 millions d'internautes et de ses 25 millions de lignes haut débit, l'Europe est même devenue le premier marché mondial de l'Internet, en attendant que l'Asie ne la dépasse.

A y regarder de plus près, ce succès n'est pas total. En 2001 et 2002, le rachat du français iBazar par l'américain eBay, ou de NetValue par NetRatings, étaient annonciateurs d'une logique qui ne fait que se confirmer depuis. Au fur et à mesure que l'Internet européen se viabilise, la consolidation s'accentue. Le plus souvent sous l'impulsion d'acteurs américains qui bénéficient de l'avance de leur marché et de leur puissance financière.

La liste des acteurs concernés par cette absorption lente s'allonge de mois en mois : le moteur de recherche norvégien Fast racheté par Overture en février 2003, le Britannique Espotting avalé par FindWhat en juin, Noos repris par Liberty Media début mars. Aujourd'hui, c'est au tour de Kelkoo d'être digéré par Yahoo. Ce même Kelkoo dont le PDG vantait à qui voulait l'entendre la nature européenne. Demain, Egg, que les banques américaines étudient de près, pourrait connaître un sort comparable.

L'Europe n'est pas seulement victime d'une fuite de ses cerveaux. Son Internet fuit, doucement. En France par exemple, selon les chiffres de Nielsen//NetRatings, parmi les douze premières marques en terme d'audience, six sont d'origine américaine (Microsoft, MSN, Google, Yahoo, AOL et eBay), deux européennes (Lycos, Tiscali) et quatre françaises. Et parmi ces quatre "irréductibles gaulois", trois appartiennent à un seul et même groupe, France Télécom (Wanadoo, Pages Jaunes et Voila), le dernier étant Free.

Dernière ligne Maginot : l'accès Internet

Tout le malaise du marché Internet européen se reflète dans ce classement. La dernière ligne Maginot du Vieux Continent pour préserver les carrefours d'audience reste aujourd'hui l'accès Internet. Effrayés du protectorat exercé par les opérateurs historiques européens (sauf si la proie est fragile, comme sur le secteur du câble français), les acteurs américains ont délaissé le marché de fourniture d'accès pour porter leur stratégie de conquête ailleurs, vers les portails, les outils de recherche, les services, le marketing. Une stratégie soutenue par des marques comme MSN, Google ou Yahoo, aujourd'hui connues sur la planète entière. Peu de marques Internet européennes peuvent en dire autant.

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Cette stratégie n'empêche pas des acteurs européens d'afficher une réussite exemplaire sur des segments d'activité, où les relais locaux et l'historique des marques sont précieux. Les sites marchands, les sites bancaires ou les sites médias témoignent de cette réussite. Mais demain, pour vendre leurs produits, pour abonner des internautes ou pour se faire connaître, ces mêmes acteurs européens n'auront pas d'autre choix que de signer des accords avec des grands réseaux nés aux Etats-Unis. En cela, l'Internet européen a déjà perdu la première manche.

 
 
Rédaction JDN
 
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