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LE NET |
Laurent Petitgirard (Sacem) : "L'industrie du disque et du cinéma mènent un combat commun contre le piratage" |
A l'issue du colloque antipiraterie organisé hier par le CNC et Canal+ à la veille du festival de Cannes, le président de la Sacem, dresse le bilan des effets du piratage sur l'industrie du film et détaille les moyens pour lutter contre ce fléau.
(12/05/2004) |
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A la veille de l'ouverture du 57ème Festival de Cannes,
le CNC (Centre national de la cinématographie) et le
groupe Canal+ ont organisé un colloque antipiraterie,
en collaboration avec l'Association de lutte contre la piraterie
audiovisuelle (Alpa). Objectif : envisager les risques
de la piraterie sur Internet et les solutions possibles. Producteurs,
acteurs, distributeurs... l'ensemble des acteurs de l'industrie
du cinéma notamment étaient présents. Le président de la Sacem (Société des
auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) Laurent
Petitgirard était parmi les intervenants et apporte
son éclairage sur la vaste question du piratage, qui
touche également l'industrie du disque.
JDN.
Quelles questions principales avez-vous abordées au
cours de ce colloque ?
Laurent Petitgirard. J'ai ouvert le colloque en rappelant
que le phénomène du téléchargement
musical en ligne avait commencé trois ou quatre ans
avant celui des films pour arriver à une situation
dramatique au premier trimestre de cette année avec une
baisse de 21,4 % des ventes de CD en France. Première
leçon à tirer : l'industrie du disque et
du cinéma mènent aujourd'hui un combat commun
contre le piratage même si les modèles économiques
diffèrent parfois. La majorité des intervenants
estimait que les solutions devaient se trouver dans le respect
des oeuvres elles-mêmes en gardant à l'esprit
que les oeuvres ont une valeur. C'est pourquoi il faut développer
des offres concurrentes de vente de produits licites en
ligne. Les modes de consommation dans le futur vont changer,
nous devons nous préparer à cela.
Quelles
solutions doit-on retenir pour lutter contre le piratage ?
Nous devons pouvoir filtrer, surveiller. En somme nous devons
pouvoir demander aux FAI de freiner l'accès aux sites
illicites pour retrouver un équilibre du marché.
Je tiens à souligner à cet égard que
les FAI ont bien participé au colloque, contrairement
à ce qui a été dit : nous avons
entendu un représentant de France Télécom,
ainsi que le directeur général du marketing
de SFR et le vice-président de Free. Les dispositions
à définir dans la LEN doivent pouvoir nous garantir
un certain nombre de choses. Les sociétés d'auteurs
sont extrêmement vigilantes pour que les dispositions
législatives permettent de préserver les auteurs
et leurs oeuvres. Il faut que les bénéfices
générés par les oeuvres puissent revenir
aux ayants droit et que cet argent permette de rémunérer
les oeuvres selon leur utilisation et leur valeur.
Que pensez-vous de la campagne
du SNEP (Syndicat National de l'Edition Phonographique) contre le piratage ?
La majorité des intervenants a été
d'accord pour dire que les campagnes extrêmement répressives
de ce type-là, et à plus forte raison, lorsqu'elles
sont vulgaires en faisant un doigt d'honneur aux internautes
sont d'un goût détestable. La répression
ne peut se faire que parallèlement à de la pédagogie
et surtout en s'accompagnant d'offres concurrentes existantes
de produits licites en ligne. Cette campagne a été
mal conçue, selon nous. Même si, sur le fond, nous sommes entièrement
d'accord avec le SNEP, nous pensons que ce n'est pas ainsi
qu'une campagne peut fonctionner. Il faut d'abord communiquer
autour des oeuvres licites en ligne, puis ensuite faire un
effet d'annonce. Cela n'a pas été le cas dans
cette campagne. |
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