TELECOMS–FAI
Voix sur IP : les opérateurs français sont-ils prêts pour le dégroupage total ?
Le 7 et le 15 juin, Free puis Neuf Telecom vont s'ouvrir au dégroupage total. Infrastructure, qualité de services, contraintes légales : sont-ils prêts à assurer leurs nouvelles obligations d'opérateurs téléphoniques ?   (04/06/2004)
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(Article modifié le 04/06/04 à 11h30) Les opérateurs alternatifs français qui proposent de la téléphonie via le réseau IP ont encore du chemin à parcourir, et surtout des investissements à réaliser, pour pouvoir assurer la qualité de service et un système de facturation performant, mais aussi proposer des infrastructures à la hauteur de celles d'opérateurs IP tels que Fast Web en Italie ou Vonage aux Etats-Unis.

La qualité de service de la téléphonie sur IP recouvre deux domaines : la qualité de la voix en tant que telle et le contrôle d'appel. S'y ajoutent des obligations légales, telles que l'interception légale et l'accès aux numéros d'urgence. Ces dernières contraintes s'imposent pour l'instant uniquement aux opérateurs qui fournissent "une première ligne".

La qualité de la voix dépend de la qualité et de la gestion de l'infrastructure de transport des paquets IP choisie par l'opérateur et du type de codage de la voix. Si l'opérateur opte pour la compression de la voix, les délais induits par l'opération peuvent atteindre les 100 millièmes de seconde et la qualité de la voix est diminuée. L'économie de bande passante se fait donc aux dépens de la qualité de la transmission. Un défaut que les abonnés Free et Neuf Telecom qui utilisent les services de téléphonie sur IP ont déjà constaté (Free précise toutefois que dans son service de VoIP, la voix n'est pas compressée puisque diffusée au minimum à 64k).

La deuxième problématique de la qualité de service réside dans le contrôle d'appel. Quelque part sur le réseau, en parallèle du transport de la voix, un logiciel, un "soft switch", contrôle et identifie tous les éléments de signalisation des appels, à partir du moment où le numéro est composé jusqu'à ce que les interlocuteurs aient raccroché. Enregistrant tous les éléments de la communication, ce logiciel est aussi celui qui permet d'établir la facturation. Or les opérateurs alternatifs n'auraient pas investi dans des techniques d'infrastructures suffisamment robustes pour être assurés de mener les appels de bout en bout. Mais un appel qui n'aboutit pas, c'est une facture et donc du chiffre d'affaires en moins.

Chez Free, seuls un à deux appels sur mille n'aboutiraient pas.

"Des appels qui n'aboutissent pas, c'est l'un des principaux problèmes des solutions de peer to peer et de 'PC to phone', estime Bertrand Chauvet de la société NetCentrex, un fournisseur de solutions IP et réseaux. Ils n'ont pas voulu investir tout de suite dans une infrastructure globale capable de supporter une offre complète de services téléphone, vidéo et Internet. Aujourd'hui, ils s'aperçoivent qu'ils perdent de l'argent à cause de ces insuffisances. Mais ce n'est pas pour autant qu'ils vont réagir. Chacun attend que l'autre se lance en premier".

L'échec éventuel d'appels qui n'arrivent pas à destination a aussi un impact en terme d'images auprès des clients. Du coup, Neuf Telecom a, par exemple, mis en place une redirection des appels vers la ligne France Télécom afin d'éviter la perte d'appels. Free, de son côté, déclare n'avoir qu'un à deux appels pour mille qui n'aboutissent pas.

Coté obligations légales, comme la mise à disposition immédiate du gouvernement d'une ligne pour l'interception d'appels (la mise sur écoute) et l'accès garanti aux numéros d'urgence, les opérateurs assurent être déjà conformes. Bertrand Chauvet, de NetCentrex, assure de son coté que les opérateurs alternatifs ne sont pas contraints de s'y conformer tant qu'ils continuent à fournir une "2ème ligne" à l'abonné (celle de France Telecom en l'occurrence). Mais aussi qu'ils n'en ont simplement pas les moyens techniques.

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Outre-Atlantique, les opérateurs ont à peu près les mêmes obligations que les européens. Leurs engagements sont dictés par le CALEA, ou "Communications assistance for law enforcement act" et concernent la garantie de l'interopérabilité des réseaux pour assurer les appels de bout en bout, l'accès au numéro d'urgence "911" et la mise à disposition de lignes pour le FBI.

Fast Web, le pionnier italien

L'opérateur Fast Web en Italie est présenté, avec l'américain Vonage, comme un précurseur dans la mise en place d'une infrastructure centralisée. L'italien se positionne désormais comme l'égal de Telecom Italia, se substituant totalement au réseau de téléphonie classique.
Durant l'été 2003, quand un "black out" électrique a eu lieu en Italie, tous les réseaux ont été coupés. Mais au retour de l'électricité, à 3 heures du matin, le soft switch de NetCentrex s'est remis à fonctionner quatre minutes après, alors que les équipements de Telecom Italia n'étaient à nouveau opérationnels qu'à 11 heures, rappelle Bertrand Chauvet. Ce qui montre bien selon lui que le réseau sur IP "est beaucoup plus disponible que le réseau classique".

 
 
Philippine ARNAL, JDN
 
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