ENQUETE
Pourquoi les valeurs Internet font chuter le Nasdaq
Malgré des résultats trimestriels substantiels, Amazon, eBay et Yahoo affrontent un été très agité en Bourse. Après la fébrilité et les cours surévalués, les marchés doivent se réadapter aux nouvelles normes de croissance des sociétés high-tech.   (02/08/2004)
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 Résultats T2 2004 :
Yahoo, Amazon, eBay

C'est un peu le "je t'aime moi non plus" pour les valeurs high-tech à Wall Street. Malgré de solides résultats financiers réalisés sur le deuxième trimestre, les sociétés IT ont vu leur cours lourdement chuter en juillet. Le traditionnel ralentissement saisonnier s'est même transformé en une véritable claque boursière pour les valeurs Internet, qui avaient pourtant dopé l'indice Nasdaq tout au long de l'année passée. Et les stars du secteur ne sont pas épargnées par le mouvement. Loin s'en faut. Depuis la fin juin, eBay a perdu 13,6 %, Yahoo 16,2 % et Amazon 29,1 %. Verdict : analystes et opérateurs se montrent de plus en plus méfiants face à des valeurs à nouveau étiquetées comme spéculatives.

Evolution du Nasdaq depuis le début de l'année.
Après une hausse de plus de 50 % en 2003, la troisième meilleure année de son histoire, le Nasdaq s'est essoufflé : depuis janvier dernier, l'indice américain est en recul d'environ 6,10 %.

Curieusement, les sociétés Internet n'ont jamais été aussi saines. Le 8 juillet dernier, Terry Semel, le PDG de Yahoo, était ainsi en confiance pour la publication des résultats trimestriels de l'entreprise. Le réseau de sites annonce alors un bénéfice net de 112,5 millions de dollars sur la période avril-juin, deux fois mieux qu'en 2003. "Nos chiffres sont fantastiques", se laisse même aller un Terry Semel sûr de lui. Les marchés ont une autre vision des choses. Après l'annonce de ces résultats, le cours de Yahoo perd en séance jusqu'à 12,7 %, avant de limiter les dégâts et de terminer en recul d'environ 5 %. Changement d'ambiance chez Yahoo, où on empile les sacs de sable.

Quinze jours plus tard, c'est au tour d'eBay de connaître la douche écossaise. Le site d'enchères présente lui aussi un bénéfice net multiplié par deux, à 190,4 millions de dollars. Les marchés n'apprécient pas : au bout d'une heure de cotation, le titre eBay recule déjà de 4 %. Au suivant. Quarante-huit heures après, Amazon sent le coup venir et présente, profil bas, son bénéfice net en hausse de 277 %. Rien n'y fait : au lendemain de la publication, le cybermarchand dévisse de 9,25 % à Wall Street.

Un niveau d'intérêt, donc d'attente, très élevé

"Le phénomène de retrait sur les valeurs IT n'a rien à voir avec la bulle spéculative d'il y a quatre ans, rassure Julien Batteau, responsable du service analyse financière chez Richelieu Finance. Il s'agit plutôt d'une correction vis-à-vis du mouvement euphorique qui a amené l'indice des valeurs technologiques très haut, trop haut. Les conditions actuelles et l'environnement du marché produisent un mouvement en sens inverse."

Force est de constater que, sur une période d'un an, les valeurs Internet ont progressé régulièrement. eBay et Yahoo, toujours elles, affichent encore des hausses respectives de 51 et de 94 % sur douze mois. Amazon, qui a plongé de près de 30 % sur le seul mois de juillet, est en revanche retourné en territoire négatif avec une baisse de 3,6 % sur un an. Soutenues par des résultats financiers en croissance constante, les valeurs Internet ont suscité un niveau d'intérêt, donc d'attente, très élevé de la part des professionnels de la Bourse. Mais la remontée des taux d'intérêts, les inquiétudes sur le cours du pétrole et une croissance moins soutenue sont passées par là.

"L'achat ou la vente d'un titre IT prend en compte le cash flow futur"

La première raison à la chute des valeurs high-tech serait donc d'ordre général. "Le maintien de la dynamique de croissance est la première inquiétude des marché boursiers", confirme un analyste de Global Equities. Principale source de déception : les prévisionnels 2004 de beaucoup de valeurs high-tech ne dépassent pas les estimations initiales. Pis, ces prévisionnels sont parfois compris dans une fourchette légèrement inférieure aux attentes des opérateurs. "Or, par définition, les valeurs Internet sont des valeurs de croissance, souligne un brocker spécialiste du secteur. L'achat ou la vente d'un titre IT prend en compte le cash flow futur de la société, et non les revenus déjà réalisés."

Autre facteur responsable de la chute des titres high-tech : leur nature intrinsèque. Les valeurs IT sont de loins les plus volatiles des places boursières. Une grande majorité d'investisseurs présents sur ces valeurs sont des fonds spéciaux dont la caractéristique est de vendre les titres à découvert, pour les racheter ultérieurement à un prix plus bas. Et, selon le vieil adage des marchés, "on achète sur une rumeur et on vend à la nouvelle". En clair, l'attente des chiffres trimestriels des sociétés Internet depuis deux mois a suscité une forte anticipation des opérateurs boursiers. La publication de résultats quelque peu décevants a fait boule de neige sur la vente des titres.

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 Résultats T2 2004 :
Yahoo, Amazon, eBay

"Mais les valeurs de Yahoo et d'eBay devraient rapidement repartir à la hausse, estime un spécialiste de chez Goldman Sachs. En revanche, l'action Amazon reste encore survalorisée, et le titre se paie beaucoup trop cher par rapport à ses perspectives de croissance." On comprend mieux pourquoi des trois stars américaines du Net, Amazon est la seule à avoir entrepris, fin juin, une restructuration de ses activités à l'international. Que de beaux sujets de méditation pour Google qui s'apprête à connaître les joies des marchés boursiers.

 
 
Emilie LEVEQUE, JDN
 
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