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Créé en juin 2002, la place de marché Poweo a pour ambition de devenir le challenger officiel d'EDF dans la fourniture d'électricité aux entreprises. Son créateur, Charles Beigbeder, s'est déjà fait remarquer il y a quelques années en créant le courtier en ligne Self Trade, racheté en 2000 au prix fort par l'allemand DAB.
Cette fois, il brave un monopole public, qui, comme le secteur des télécommunications à la fin des années 90, s'ouvre à la concurrence. "Le marché de l'électricité est plus propre que celui des télécoms, analyse Charles Beigbeder. Il n'y a qu'un seul et unique réseau, disponible pour tous au même prix. Il n'y a pas de discrimination. Le principe est clair, nous louons un droit de péage pour accéder au client final, dont le coût est fixé en fonction de la consommation de ce dernier".
"Nous avons mis 18 mois pour développer notre système d'information, explique-t-il. Pour fournir de l'électricité, il faut s'engager auprès du RTE (Réseau de Transport d'Electricité, NDLR) à respecter un équilibre parfait entre la quantité d'énergie que nous achetons et la quantité d'énergie que nous revendons, c'est-à-dire celle consommée par nos clients. Si nous en achetons trop, le RTE nous rachète l'électricité à un prix très bas. Si nous n'en achetons pas suffisamment pour couvrir les besoins de nos clients, le RTE nous vendra les kilowatts supplémentaires très chers. Nous avons donc commencé par développer un logiciel permettant de gérer au mieux ce risque. Il nous permet de corréler la consommation de nos clients en fonction de données comme son type d'activité, les conditions climatiques, ses précédentes consommations, etc. Et jusque-là, nous n'avons pas eu de grosse surprise".
A cela, il faut ajouter une solution de pricing et de facturation fournie par Areva, ainsi qu'une couche CRM Oracle.
Le client peut alors s'abonner en ligne, même si le contrat doit être signé et renvoyé par la voie postale à défaut de solution de certification numérique. Ensuite, il peut consulter son compte, ses factures ainsi que sa consommation quasiment en direct s'il est équipé d'un compteur électronique télérelevé.
Poweo a
attiré un
ex-client d'EDF sur deux |
En amont, le système d'information de Poweo est relié à la bourse aux énergies Powernext et au réseau d'EDF auquel il achète, au cours d'un processus d'enchères, plus de 50 % de l'électricité qu'il distribue.
Le marché de la fourniture d'électricité s'est ouvert à l'ensemble des professionnels et des collectivités locales le 1er juillet dernier. Jusque-là, et depuis février 2003, il l'était uniquement pour les entreprises consommant plus de 7 GWh par mois, c'est-à-dire près de 3.000 grandes entreprises. "Notre activité débute vraiment maintenant, explique Charles Beigbeder. Notre potentiel de marché, c'est désormais 3.700.000 clients".
Pour pousser les entreprises à quitter EDF, Poweo propose le Kwh à 7,27 centimes d'euros contre 7,65 centimes chez l'opérateur historique. Déjà 4.000 clients ont franchi le cap, soit plus de la moitié des sociétés qui ont quitté le giron de EDF depuis l'ouverture du marché.
La société, cotée sur le Marché libre depuis février dernier, a affiché une perte nette de 4,7 millions d'euros sur son exercice annuel clos le 30 juin dernier pour un chiffre d'affaires de 9,8 millions d'euros. Des chiffres assez "nouveléconomiques" qui pourraient rappeler SelfTrade si la sagesse ne s'imposait pas : "Nous comptons atteindre l'équilibre à la fin de l'année", estime Charles Beigbeder. Si la société atteint ses objectifs commerciaux, elle pourra alors préparer l'ouverture à la concurrence du marché grand public.
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