En redressement judiciaire depuis un an, la société Jeriko, spécialisée dans les contenus pédagogiques, a finalement été reprise par Emme. L'éditeur de contenus ludo-éducatifs renforce ainsi sa position sur le marché français après avoir déjà repris, en avril dernier, le catalogue de Lasermedia, éditeur de la série Forestia et détenteur de la licence Boule et Bill. Coté sur le Nouveau marché, Emme prévoit de réaliser entre 35 et 36 millions d'euros de chiffre d'affaires sur l'exercice en cours, qui prendra fin au 31 mars prochain.
Jeriko a quatorze années d'expérience dans le domaine des contenus éducatifs en tant que distributeur et producteur. La société commercialise un catalogue de 2.000 titres sur CD-Rom rassemblant 75 éditeurs. L'entreprise a en outre développé une activité de production de contenus éducatifs à destination de l'Education nationale. Ce pôle d'activité sous-tend un projet particulièrement ambitieux : Coopera, une plate-forme en réseau de commercialisation de bouquets de services, destinée uniquement aux établissements scolaires.
C'est justement cette seconde activité qui a poussé Jeriko au dépôt de bilan. La société aurait pâti des investissements engagés dans des projets intercatifs à destination du marché de l'Education nationale. Selon Olivier Wright, directeur général de Emme, "les problèmes de Jeriko sont liés à son activité de producteur. Ils se sont lancés dans des projets, notamment sur Internet, qui n'ont jamais été rentabilisés. Ensuite, les élections de 2002 ont compliqué les choses : elles ont entraîné un arrêt des décisions prises dans l'Education nationale. Tout cela a été très préjudiciable à l'entreprise, alors que ses fondamentaux sont bons."
A l'occasion de cette opération, Emme ajoute aussi un nouveau métier à son activité, celui de distributeur. "Le catalogue de la société regroupe l'ensemble des produits de l'édition éducative et pédagogique française, nous continuerons de le commercialiser ", rassure Olivier Wright, à l'intention des producteurs.
Cette année, Jeriko devrait réaliser un chiffre d'affaires légèrement supérieur à 2 millions d'euros, soit près de 15 % du chiffre d'affaires que compte réaliser Emme en France cette année. 85% de ce chiffre d'affaires provenant de son activité dans la distribution, et 15% de l'édition de contenus à destination de l'Education nationale.
Pourtant, c'est l'activité d'éditeur, et la place privilégiée de Jeriko sur le marché français de l'Education nationale, qui a poussé Emme à reprendre les actifs de Jeriko. "Le marché de l'éducation, en France comme à l'étranger, nous intéresse particulièrement, explique Olivier Wright. Jeriko a développé un relationnel très étroit avec les représentants de l'Education nationale, et il faut une bonne connaissance des arcanes de ce milieu pour cibler ce marché", estime-t-il. Mais l'éditeur ne veut pas reproduire les mêmes erreurs et s'impliquer trop vite dans l'Internet : "le développement des services éducatifs en ligne est constant, mais je ne pense pas qu'ils représenteront plus de 15 % du marché dans dix ans. Il faut accompagner le développement d'Internet et rester raisonnable, en visant des projets qui ont une réalité économique concrète".
En pratique, Emme a repris l'intégralité des actifs de Jeriko, ainsi que l'équipe en place. Le tout est désormais chapeauté par Educinvest, société créée pour réaliser l'opération mais qui conserve la marque Jeriko. "C'est un investissement pour le futur, nous avons jusque-là investi 300.000 euros. Mais nous réinjecterons de l'argent en fonds de roulement en fonction de l'évolution du marché de l'Education nationale". Un marché qui pourrait bien être dynamisé par les projets de décentralisation menés actuellement par le gouvernement.
|
Dossier 
