Yahoo revient à la charge sur la diffusion de
contenus et pourrait même
retenter l'aventure des programmes vidéo sur ses sites, après
quelques échecs cuisants dans ce secteur. La nomination
la semaine dernière de Lloyd Braun, ancien PDG d'ABC Entertainment Television
(groupe Disney), au poste de responsable de la division média
et divertissement, a relancé
toutes les spéculations.
Beaucoup d'observateurs voient dans cette nomiation le signal
d'une reprise de la convergence entre médias. Le Los Angeles
Times affirme même, dans son édition du 8 novembre, que
Yahoo ferait actuellement pression sur Hollywood pour obtenir la signature
d'un accord avec les studios pour la création de programmes vidéos spécifiques sur Internet.
Yahoo ne se satisferait donc plus de la simple diffusion de clips
vidéos et de bande-annonces de films. Le réseau aurait l'intention
de lancer sa propre chaîne de télévision
sur Internet. Lloyd Braun, le nouveau patron média, ne s'en est d'ailleurs pas caché. Dans
une interview au quotidien américain, il indique envisager la diffusion de
contenus mêlant certains programmes issus des grandes
chaînes de télévision américaines
et d'autres créés par et pour Yahoo. "Je
sens un réel intérêt de la part des acteurs
culturels à voir aboutir une plate-forme de diffusion
de leurs contenus."
Si
l'information se confirme, elle validerait la nouvelle stratégie
de convergence choisie par de Yahoo, une entreprise imprégnée par la culture audiovisuelle. Mis à part Lloyd Braun,
Yahoo affiche deux autres anciens ténors du secteur des médias parmi ses dirigeants-clés.
Jim Moloshok, vice-président du pôle divertissement,
est un ancien de Warner Bros, tout comme Terry Semel, le
président de Yahoo. Ces hommes pourraient jouer de leurs
liens dans le milieu pour s'assurer le soutien de partenaires
hollywoodiens solides.
Cette stratégie serait une belle preuve de persévérance
pour Yahoo. Les tentatives de la compagnie californienne dans
le domaine de la vidéo n'ont pas vraiment été jusque-là fructueuses.
Le premier essai date de 1999 avec le rachat de Broadcast.com
pour 5,9 milliards de dollars. Le service, qui proposait
des films anciens et peu connus, n'a jamais vraiment attiré
les foules. Peu après, Yahoo a lancé Finance Vision,
une chaîne économique diffusée depuis les
quartiers californiens du groupe. Les programmes se sont arrêtés
en 2002. Enfin, l'an passé, l'offre vidéo Yahoo Platinum s'est à son tour frottée aux contenus sur Internet,
avec un abonnement de 9,95 dollars par mois (voir l'article
du 18/03/2003). Encore raté : malgré
Survivor (l'équivalent de Koh-Lanta aux Etats-Unis)
et quelques séries populaires, Platinum a été arrêté
quelques mois plus tard.
Cette fois, les dirigeants de Yahoo en sont convaincus, c'est
le timing est favorable à une relance de la convergencde. Ils s'appuient sur les chiffres
des connexions haut débit aux Etats-Unis, qui représentent
plus de la moitié de l'ensemble des accès Internet.
Pour la société californienne, les utilisateurs seraient donc prêts à regarder
la télévision via Internet. Mais pour ce qui est
du modèle économique, rien ne serait encore
tout à fait défini. Des proches
du dossier affirment néanmoins que Yahoo étudie un financement
par la publicité et par des abonnements aux chaînes.
La diffusion de contenus vidéos règlerait un problème
naissant pour Yahoo : la saturation des espaces publicitaires.
Le portail a besoin de place pour intégrer un nombre
d'annonceurs en constante augmentation. Et toutes les possibilités
sont envisagées pour augmenter ces espaces et donc
accroître des ressources publicitaires qui se chiffraient
à 1,2 milliard de dollars l'an dernier. La tarif des
publicités pour la télévision sur Internet
permettrait en outre d'engendrer des profits plus élevés, sans doute
capables, dans le cas de Yahoo, de compenser les coûts
de fonctionnement des nouveaux services.
Aux Etats-Unis, les analystes se montrent enthousiastes par
rapport au projet, affirmant que la vidéo sur Internet est
un marché à fort potentiel. Dans le San Francisco
Chronicle, Phil Leigh, consultant pour Inside Digital Media, estime que des initiatives comme celles de Finance
Vision ou Yahoo Platinum "n'étaient pas mauvaises,
elles venaient juste un peu trop tôt. Et ce que nous
voyons aujourd'hui n'est qu'un début, un peu comme
les chaînes de télévision câblées
dans les années 1980".
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