A
l'image de l'accès
Internet aux Etats-Unis, le
paysage européen des FAI est depuis plusieurs
mois en pleine concentration. Cette mutation, encore
inachevée, puise dans une
myriade d'acteurs européens toujours positionnés
sur ce secteur (environ 5.000 fournisseurs d'accès
en intégrant les web-agencies selon MMXI Europe).
Bénéficiant
d'une érosion des valorisations, qui a rendu
davantage préhensibles les acteurs intermédiaires,
cette concentration est massivement orchestrée
par la tête de peloton des FAI européens.
Tout au long de l'année 2000, et du plongeon
des valorisations, cette phase de concentration s'est
même caractérisée par le syndrome
de la "poupée russe", le prédateur
d'un jour devenant la proie future. Ainsi, en janvier
2000, LibertySurf acquiert-il le FAI britannique
gratuit X-Stream puis, en octobre 2000, le
français Freesbee. Avant de se faire
racheter à son tour, en janvier dernier, par
l'italien Tiscali pour une valorisation de
645 millions d'euros... Le néerlandais World
Online subira un sort identique : après
avoir notamment absorbé l'opérateur suédois
Telitel en mars 2000, le FAI nordique sera
également repris, en septembre dernier, par
Tiscali pour une valorisation de 5,3 milliards
d'euros.
Le
classement des leaders européens de l'accès
Internet se partage aujourd'hui en deux camps. D'une
part, les "pure players", représentés
par Tiscali et AOL Europe, qui ne sont
pas des émanations d'opérateurs historiques.
Mais le lien d'apparenté entre Tiscali et
AOL Europe s'arrête là, leur stratégie
respective étant pour le moins distincte. Tiscali,
jeune challenger purement européen qui a réalisé
au 31 décembre 2000 un chiffre d'affaires de 173,7
millions d'euros, opère une croissance externe
agressive en s'appuyant sur une capitalisation boursière
d'environ 5 milliards d'euros. Peu présent
dans le contenu au plan européen, le FAI italien
est encore ancré dans une approche télécoms
en bénéficiant d'une infrastructure
technique propre au niveau paneuropéen (30.000
km de fibre optique prévus fin 2001). En France,
Tiscali détient ainsi A Telecom
et Nets, le premier étant un opérateur
télécoms et le second un fournisseur
d'infrastructures en large bande.
A
l'inverse, AOL Europe s'avère être
de plus en plus une tête de pont pour le FAI
historique américain. La sortie imminente de
Vivendi-Universal du capital d'AOL France
renforce d'ailleurs un peu plus ce constat. Associé
à Time Warner, le nouvel AOL
n'aborde pas le marché de l'accès Internet
sous l'angle des télécoms (Cegetel soustraite
par exemple l'accès pour AOL France)
et opte pour une approche "communication globale".
Une stratégie proche des opérateurs
satellitaires, le canal FAI étant amené
à devenir une plate-forme où shopping,
télévision, cinéma, musique se
marieront certainement intimement.
Prix
moyen des communications Internet à la
minute en Europe
(en centimes d'euros)
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Sources :
Arcome - ART (juillet 2000) |
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Tarif
maxi |
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Tarif
mini |
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En
face de ces deux "pure players" se trouvent
les filiales Internet issues des opérateurs
téléphoniques historiques. Curieusement,
ces nouvelles entités n'ont pas brouillé
le classement traditionnel au sein des opérateurs
télécoms. T-Online (CA au 31
décembre 2000 de 797,2 millions d'euros), Wanadoo
(1.111 millions d'euros) et Tin.it respectent
ainsi scrupuleusement l'ordre établi en terme
d'envergure chez les opérateurs téléphoniques
européens : Deutsche Telekom (CA 99
: 37,8 milliards de dollars), France Télécom
(29 milliards de dollars) et Telecom Italia
(27,9 milliards de dollars). La surface financière
"naturelle" des opérateurs apparaît
donc comme un élément décisif
sur le marché de l'accès Internet. Un
marché, il est vrai, où les réserves
en cash sont primordiales.
Un
seul opérateur historique européen,
l'espagnol Telefonica (CA 99 : 24,4 milliards
de dollars), se retrouve en retrait sur l'accès
Internet européen (environ 1,5 million d'abonnés).
Sa filiale Internet, Terra Networks, a en effet
opté pour un double axe de développement.
D'une part l'accès Internet, mais en privilégiant
l'Amérique du Sud et la péninsule ibérique
sur l'Europe, et d'autre part l'approche "portail",
en construisant avec Lycos un conglomérat
de services et de contenus.
De
façon globale, on observera également
l'influence des marchés Internet nationaux
respectifs sur ce classement. T-Online s'appuie
ainsi en Allemagne sur un marché national d'environ
20 millions d'internautes, Tiscali et Tin.it
bénéficiant eux de 13,5 millions d'internautes
italiens (source Nielsen/Netratings). Wanadoo,
qui sur le marché français ne peut s'appuyer
"que" sur 6,8 millions d'internautes, a
réussi à étendre son périmètre
naturel en absorbant en décembre 2000, pour
une valorisation de 2,7 milliards d'euros, FreeServe,
le FAI N°1 au Royaume-Uni (environ 20 millions
d'internautes).
[Philippe
Guerrier - Ludovic
Desautez, JDNet]
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