ACTUALITÉ
03/04/2008
Comment le e-commerce va participer à la baisse des prix
Christine Lagarde, Luc Chatel et Hervé Novelli, respectivement ministre de l'Économie, secrétaire d'État à la Consommation et secrétaire d'État chargé du Commerce, se sont vus remettre mardi 1er avril un rapport sur les moyens de faire baisser les prix. Ce rapport, sur lequel un groupe de travail a planché un mois durant, n'a rien d'un poisson d'Avril, crise du pouvoir d'achat oblige.
Certaines propositions sont donc susceptibles d'intégrer la loi de modernisation de l'économie, en particulier celles concernant la politique de soldes. En plus des deux périodes existantes, dont les dates seraient dorénavant nationales y compris pour Internet, les marchands pourraient disposer de deux semaines supplémentaires "libres". De quoi dynamiser l'offre et permettre de jouer sur des événements singuliers.
La réglementation en matière de politique de réduction de prix pourrait être par ailleurs assouplie. La menace d'une accusation pour soldes déguisés serait alors amoindrie. Une communication autour de ces réductions pourrait par ailleurs être faite en dehors du site ou du magasin. Chose prohibée aujourd'hui. Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, se félicite "de ces clarifications et libéralisations positives, aussi bien pour le marché que pour le consommateur."
L'interdiction de revente à perte hors période de soldes restera en vigueur, mais une exception serait instaurée pour 'les produits technologiques à obsolescence rapide', tel que les produits high-tech. Pour Ulric Jérome, directeur France de Pixmania.com, "c'est une mesure en totale cohérence avec le marché que nous attendions depuis longtemps. Elle apportera une meilleure cohésion de l'offre, sans pour autant déstabiliser le marché, les commerçants ayant avant tout besoin de protéger leurs résultats." Et ce d'autant que ce secteur est caractérisé par des marges particulièrement fines.
Plus de transparence sur les prix
Trois mesures appelant à une plus grande transparence n'ont pas manqué de susciter l'intérêt du gouvernement. Elle seraient pour l'instant envisagées selon un principe "d'engagement librement consenti et non par voie réglementaire", précise Marc Lolivier, qui apprécie particulièrement que soient ainsi responsabilisés les marchands et en attend des solutions d'autant plus réalistes.
La première pratique concerne l'affichage des coûts annexes incontournables, tel que les frais de livraison. Ceux-ci ont, en effet, tendance à n'être dévoilés qu'en toute fin de processus, alors que l'internaute a passé plusieurs minutes à faire son shopping. Ils devront dorénavant être affichés en amont.
Deuxième axe : interdire l'ajout automatique de prestations au panier de l'internaute (assurance, carte de fidélité, etc.). Pratique qui a l'art d'agacer le consommateur, voire de le duper s'il n'est pas attentif. Pixmania, dont c'est la pratique, assure que lorsque la prestation est qualitative, rares sont les internautes qui l'ôtent ou qui s'en plaignent. Ulric Jérome est d'ailleurs assez serein quant au maintien de la forte adhésion à son 'contrat d'achat tranquille'.
Enfin, dernière préconisation : inciter les marchands à indiquer plus clairement le prix auquel ils se réfèrent lorsque des réductions sont annoncées (à quoi correspond le prix barré ?). Si les associations de consommateurs réagissent très positivement à toutes ces annonces, elles réservent cependant leur enthousiasme pour des mesures assorties d'obligations et surtout de sanctions.
Comparateurs : des méthodes clarifiées
Les comparateurs de prix sont aussi concernés par le rapport qui insiste pour que leurs méthodes et mécanismes soient mis à nus afin de garantir une meilleure impartialité. Si nécessaire, un label pourrait même être crée. Corinne Lejbowicz, PDG de Leguide.com, est très satisfaite de cette annonce. "Récolter l'intégralité des informations sur un produit, y compris les frais annexes, c'est ce que nous nous efforçons de faire depuis toujours, explique-t-elle. "Si un label peut mettre en lumière que la comparaison est un métier assuré par des professionnels, avec des règles, tant mieux."
Le pari semble donc remporté d'avance pour les mesures avancées. On en viendrait presque à oublier l'objectif premier du groupe de travail : réfléchir à des "mécanismes de réduction de prix"... Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, organisation qui a participé à la réflexion, le reconnaît aisément : "les pistes étudiées apportent plus de transparence et d'information au consommateur, mais ne feront pas baisser les prix."
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