Georges Nahon (Orange Silicon Valley) "La prochaine révolution viendra de l'intelligence artificielle"

Pour le patron de l'observatoire de l'innovation d'Orange rencontré à l'Université du numérique du Medef, l'IA et la blockchain révolutionneront le fonctionnement de l'opérateur.

JDN. Comment Orange Silicon Valley facilite-t-elle la transformation digitale du groupe Orange et quel est son statut au sein de l'entreprise ?

Georges Nahon, PDG d'Orange Silicon Valley et président d'Orange Institute. © Orange

Georges Nahon. Orange Silicon Valley est depuis sa création il y a 15 ans une filiale à 100% contrôlée par Orange. Je rencontre régulièrement le secrétaire général du groupe et membre du comité exécutif, Pierre Louette. La voix de la Silicon Valley a été écoutée dans le cadre de la construction du plan de transformation digitale d'Orange lancé en mars 2015, Essentiel 2020. Dans ce cadre, j'ai notamment souligné l'importance du Big data et des interfaces de programmation.

Nous explorons les nouvelles technologies qui se développent dans la Silicon Valley, l'un des principaux poumons mondiaux de l'innovation. Nous rencontrons les start-up, les géants du net, les universités comme Berkeley et tissons des contacts étroits avec ces structures. Si le groupe a besoin d'une techno X ou Y, nous avons déjà établi un lien. A une époque où les cycles de production raccourcissent, nous agissons comme des réducteurs de temps et d'espace pour Orange.

 

Comment une innovation que vous avez repérée se transforme-t-elle en projet concret chez Orange ?

De nombreuses start-up américaines, qui disposent pourtant de services opérationnels, ne sont pas connues en Europe. Certaines pourraient être des fournisseurs d'Orange. Nous les repérons et testons leurs produits directement dans leurs locaux, avec leur matériel, ou en interne avec notre équipe de 52 personnes (dont 60% d'ingénieurs) dans le laboratoire d'Orange installé à San Francisco.

Nous mettons ces jeunes pousses en contact avec les branches métier du groupe intéressées. 80% de nos interventions se passent de cette manière. Pour les 20% restant, nous cherchons des technologies suite à une demande venue de la base du groupe, en France ou dans les pays où nous sommes implantés.

 

Quelle est selon vous la prochaine innovation qui viendra bouleverser votre groupe dans son coeur de métier ?

La prochaine révolution viendra de l'intelligence artificielle. Après une période de "glaciation", de nombreux acteurs se mobilisent autour de la question du "cerveau auxiliaire". Les géants du net sont tous très actifs dans ce domaine. Cette technologie pourrait bouleverser le fonctionnement interne d'Orange. Plusieurs métiers seront concernés, comme les RH ou le service client.

La blockchain rendrait plus rapides et moins chers les transferts d'argent d'Orange Money

Imaginez par exemple - nous sommes bien dans le domaine de la fiction, Orange n'a pas encore pris de décisions opérationnelles en ce sens - que le "machine learning" permette un jour de prévoir à l'avance le mécontentement d'un client, grâce à une série d'indices détectés dans son comportement. Le service après-vente d'Orange deviendrait plus efficace. Nous pourrions également développer des systèmes prédictifs de détection des pannes, ou encore détecter l'arrivée d'offres concurrentes dangereuses...

 

Votre groupe a récemment effectué une incursion dans le secteur de la finance. Il a notamment tissé un partenariat avec la banque en ligne Groupama Banque et voudrait lancer sa banque mobile d'ici 2017. Dans ce cadre, êtes-vous attentif aux innovations liées à la blockchain ?

Nous suivons de près et depuis plusieurs années cette technologie. Nous avons rendu clairs et nets pour le groupe les avantages qu'elle présente dans le champ de la finance, avantages qui étaient brouillés par le bitcoin et ses déboires. Nous avons par exemple créé l'initiative ChainForce, qui met en contact des start-up du secteur avec de grands groupes pour développer des projets concrets. Le fonds d'investissement Orange Digital Venture a également investi, aux côtés de Visa et du Nasdaq, dans la jeune pousse Chain, spécialiste des solutions technologiques blockchain.

Nous travaillons avec ces acteurs sur des maquettes et des prototypes de platesformes blockchain. Par rapport aux méthodes de virement traditionnelles, un tel outil permettrait par exemple au groupe de rendre plus rapides, moins chers et plus sécurisés les transferts d'argent à l'international de son service mobile Orange Money, qui compte plus de 15 millions d'utilisateurs sur le continent africain.