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Carlos Lambarri
Président
Telecom
Italia France |
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Carlos
Lambarri
"Telecom Italia France n'est pas en position de vendre mais de racheter"
Nombre d'abonnés ADSL, stratégie de croissance, lancement d'une offre de VOD, fusion TPS-CanalSat... Nommé en début d'année, le nouveau président d'Alice prend pour la première fois la parole et explique au JDN la stratégie du FAI sur le marché français.
(11/12/2006) |
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JDN.
Combien d'abonnés haut débit compte Telecom Italia en France ?
Carlos Lambarri. Sur un total d'un million de clients
Telecom Italia en France, Alice compte 712.197 abonnés
ADSL au 30 septembre 2006, contre 540.000 environ fin
2005. L'année 2006 a donc été très forte pour Alice en
termes de recrutement qui revendique la place de quatrième
opérateur haut débit en France avec environ 7 % de
parts de marché.
Selon une information publiée
dans l'Usine Nouvelle, 1,5 % des clients d'Alice
se désabonneraient chaque mois à cause de problèmes techniques.
Confirmez-vous cette donnée ?
Non, ce n'est pas vrai. Le taux de désabonnement est une
donnée confidentielle, mais je peux vous affirmer que
ce taux est dans la moyenne du secteur. D'ailleurs, la
base d'abonnés haut débit ne cesse de croître. Ainsi,
sur le troisième trimestre 2006, Alice a recruté près
de 57.000 nouveaux abonnés, dont 40 % sur son réseau
dégroupé. Notre objectif est d'atteindre les 50 %
de nouveaux abonnés en dégroupage début 2007, et de poursuivre
sur cette tendance tout au long de l'année prochaine.
Quelle est la taille du réseau
propriétaire de Telecom Italia France ? Combien d'abonnés
Alice sont aujourd'hui en dégroupage sur ce réseau ?
Le réseau ADSL2+ de Telecom Italia France
s'étend sur 11.500 kilomètres, soit environ 600 NRA qui
couvrent 43 % de la population française. Aujourd'hui,
environ 30 % de la base de clients Alice est en dégroupage
total. Nous voulons bien sûr augmenter cette part, car
la stratégie de vente d'Alice repose sur son offre triple
play, accessible uniquement aux abonnés de notre réseau.
Combien d'abonnés Alice ont
souscrit à l'offre triple play AliceBox ?
60.000 clients aujourd'hui. Notre objectif est de tripler
cette base en 2007.
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La
fusion TPS-CanalSat ne garantit plus aux FAI
l'accès aux contenus." |
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Quel est l'ARPU
moyen d'un abonné Alice ?
Pour les clients AliceBox, l'ARPU moyen est de 32-33 euros.
Notre ambition pour 2007 est d'augmenter ce revenu de
15 %, grâce aux services de voix et de télévision.
Nous lançons d'ailleurs le 14 décembre prochain un service
de vidéo à la demande. Conçu en partenariat avec le site
de téléchargement VirginMega.fr, ce service donne l'accès
aujourd'hui à plus de 500 titres.
Pourquoi avoir déposé un recours
devant le Conseil d'Etat contre l'autorisation accordée
par Bercy à la fusion entre CanalSat et TPS ?
Nous considérons que la fusion risque de nuire à la diversité
du spectre concurrentiel et surtout n'apporte aucun bénéfice
pour nos clients ADSL. En tant qu'opérateur, nous avons
fortement investi dans nos réseaux pour être en mesure
d'apporter des services de télévision à nos abonnés. Or
cette fusion ne nous apporte aucune garantie sur les contenus
que nous pourrons offrir.
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Nous
serons condidat pour la 4ème licence
3G si les conditions à remplir sont
allégées." |
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Vous dîtes que la stratégie
d'Alice est axée sur le triple play, alors que la tendance
du marché désormais est au quadruple play, à la convergence
fixe-mobile. N'êtes-vous pas en retard ?
La priorité pour Alice est de bien gérer le tripler play.
Notre objectif est que le client Alice utilise Alice pour
téléphoner de chez lui, et non pas son mobile ou une autre
ligne fixe. Le quadruple play sera différenciant quand
nos abonnés utiliseront tous la voix Alice chez eux. Ceci
ne veut pas dire que nous n'offrirons pas un service de
mobilité à terme à nos clients, mais ce n'est pas pour
demain.
En devenant MVNO,
par exemple, ou êtes-vous candidat pour la quatrième licence
3G ?
Devenir MVNO est une alternative envisageable pour 2007.
Quant à la quatrième licence 3G, il faut regarder les
conditions d'attribution. Nous sommes un opérateur télécoms,
donc potentiellement intéressés par un nouveau moyen de
communication. Toutefois, si les conditions d'attribution
sont égales à celles des trois premières licences, le
modèle économique n'est pas compatible avec la stratégie
d'Alice. En revanche, si les conditions sont allégées,
notamment en termes de coût et de taux de couverture,
pourquoi pas se porter candidat.
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La
stratégie de Telecom Italia est de
rester en France durablement." |
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La mode dans le secteur de
l'Internet en France est aujourd'hui au très haut débit
via la fibre optique à domicile. Quelle est la position
de Telecom Italia sur ce point ?
Alice fournit aujourd'hui du 20 Mbits/s. C'est déjà énorme !
Il faut penser le développement technologique en harmonie
avec la demande du marché. Or nous ne pensons pas qu'il
existe aujourd'hui en France une réelle demande ni des
usages avérés pour du 100 Mbits/s. Je m'interroge sur les plans de déploiement massifs en France.
Le marché de l'Internet français
a connu de forts mouvements de consolidation en 2006.
Deux acteurs de taille modeste, AOL et Tele2, se sont
retirés du marché de l'accès Internet. Avec moins d'un
million de clients ADSL, pensez-vous qu'Alice ait la taille
critique pour rester concurrentiel sur le marché ?
La revente des activités de Telecom Italia France est-elle
envisageable ?
La stratégie de Telecom Italia est de rester en France.
Nous ne sommes pas en position de vendre mais en position,
peut-être, de racheter. Nous l'avons déjà précédemment
en acquerrant Tiscali et avons montré de l'intérêt pour
le rachat d'AOL, ce qui prouve la volonté du groupe d'investir
durablement sur le marché français.
Etes-vous en négociation pour
racheter l'un de vos concurrents FAI ?
Notre priorité est de développer notre croissance de façon
organique. Pour cela, il ne s'agit pas seulement d'avoir
une base de clients ADSL, mais de maîtriser l'ensemble
de la chaîne de valeur des services télécoms. Les opportunités
de rachat ne concernent donc pas nécessairement les FAI,
mais éventuellement des fournisseurs de contenu.
La filiale Telecom Italia France
est-elle profitable ? Sinon, quand pensez-vous atteindre
le seuil de rentabilité ?
Non, nous ne sommes pas encore profitable. Nous pourrions
l'être sur la base actuelle de nos clients haut débit,
mais nous allons continuer à investir pour densifier notre
réseau. Aujourd'hui, notre part de marché est de 7 %,
certes, mais notre taux d'acquisition moyen tourne autour
de 15 %. Alice a une croissance endogène forte, et
il reste encore une importante marge de croissance du
parc d'abonnés haut débit en France. |
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Propos recueillis par Emilie LEVEQUE, JDN |
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