INTERVIEW 
 
Sonia Mamin
Directrice France
Doubleclick
Sonia Mamin
"Le rich media, c'est le Web 2.0 de l'e-pub"
Dans le cadre de la publication d'un panorama du marché du rich media en Europe, Sonia Mamin, directrice France de Doubleclick, délivre les grandes lignes de ce secteur en pleine croissance.
(13/11/2006)
 
JDN. Quels enseignements tirer du panorama sur le rich media en Europe publié par Doubleclick ?
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 Sonia Mamin
Sonia Mamin. Nous avons mené une enquête auprès de différents acteurs sur le marché européen pour recueillir les tendances et les points de vue de chacun, et il ressort principalement que le marché de la publicité en rich media est en forte croissance en Europe. Jupiter Research estime le montant des investissements dans le rich media à 230 millions d'euros en 2005 en Europe, et prévoit un marché de l'ordre de 1,3 milliard d'euros à l'horizon de 2010. Il est vrai que pour l'heure, ce marché est bien inférieur à celui constaté aux Etats-Unis, qui s'élève en 2005 à 1,26 milliard de dollars, selon le même institut d'étude. Le montant des dépenses publicitaires américaines dans la vidéo est de 251 millions de dollars en 2005 et serait attendu autour des 1,3 milliard de dollars en 2011, représentant près de 50 % des investissements. Mais ce dynamisme outre-Atlantique devrait également concerner l'Europe et conforter les tendances du marché. Et l'année 2006 se présente comme une année très riche en matière d'investissements pub en rich media.

Quelle est votre définition du rich media ? Comment positionnez-vous la publicité vidéo par rapport au rich media ?
Le rich media concerne tous les formats principalement basés sur la technologie Flash et qui permettent une interaction avec l'internaute. Cela comprend donc différents formats, comme les interstitiels, les Flash transparents ou les expand, qui proposent des fonctionnalités interactives comme un petit jeu ou l'inscription via un formulaire, ainsi que les e-pub vidéos. En 1999, la publicité Internet se résumait au Gif sur lequel l'internaute devait cliquer. Et la publicité visait à inciter l'internaute à aller sur le site de l'annonceur, à se balader pour ensuite réaliser l'action recherchée, que ce soit un achat, une inscription ou autre. Aujourd'hui le rich media permet de tout faire directement dans la bannière, grâce à cette interactivité. Le rich media est le Web 2.0 de la communication online.

Comment expliquez-vous cette progression des bannières en rich media en Europe ?
D'une part, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, le taux d'équipement en haut débit est plutôt fort, de l'ordre de 80 % en France et de 51 % en Allemagne, ce qui témoigne d'un potentiel encore important outre-Rhin. Ce meilleur équipement des internautes permet aux annonceurs de se tourner vers des créations plus riches, et des contenus interactifs. D'autre part, l'évangélisation des annonceurs vis-à-vis du média Internet n'est plus à faire. Ils sont convaincus que l'e-pub doit faire partie des problématiques d'investissements médias. Autre élément auquel les annonceurs sont sensibles : le rich média offre une palette d'outils de mesure et d'analyse plus pointus.

Que peut-on aujourd'hui mesurer dans les e-pub en rich media ?
L'e-pub en rich media permet de mesurer les temps d'interaction avec la marque."
A la différence des bannières plus traditionnelles, le rich media permet de mesurer les temps d'exposition à la publicité. En 2005, le taux passé devant une pub Internet était de 21 secondes aux Etats-Unis, selon eMarketer, et en Europe, il était de 10,2 secondes au premier semestre 2006, ce qui est plus faible, certes mais ce taux est en progression de 17 %. Autre mesure apportée par la technologie rich media : le temps d'interaction vis-à-vis de la marque, ainsi que le nombre d'interactions, si la bannière de publicité propose différents boutons cliquables. Cette mesure permet notamment aux annonceurs de connaître l'intérêt que les clients portent aux différentes propositions du message publicitaire.

Quels sont les retours que les annonceurs peuvent enregistrer sur les campagnes online en rich média ?
Les publicités diffusées en rich média enregistrent des niveaux de performance supérieurs. Les internautes qui ont été exposés à une campagne d'e-pub en rich media sont une fois et demie plus susceptibles d'acheter un produit que ceux qui sont exposés à un bandeau standard. D'autre part, une e-pub vidéo est 2,6 fois supérieure pour inciter à l'achat qu'une campagne d'e-pub classique et présente un taux de mémorisation de la marque supérieur aux autres e-pub : 70 % des internautes exposés à une campagne vidéo se souviennent de la marque. Il faut aussi savoir que la vidéo est le deuxième format le mieux accepté par les internautes.

Comment évolue la création e-pub vidéo sur Internet ? Les annonceurs se contentent-ils de transposer leurs spots publicitaires sur le Net ou réalisent-ils des campagnes Web spécifiques ?
Les internautes sont deux fois plus réceptifs au contenu spécifique Web"
60 % des annonceurs qui lancent une e-pub vidéo prennent sur le budget Internet et non pas sur celui alloué à la campagne télévisuelle, ce qui témoigne que même si l'e-pub vidéo pouvait être associée à la publicité télévisuelle, les annonceurs l'ont majoritairement confiée aux cellules spécialisées dans la gestion des campagnes Internet. Ils sont donc en grande majorité dans une démarche de création pur Web. Cela va dans le bon sens, car nous savons aujourd'hui que les internautes sont deux fois plus réceptifs au contenu développé spécifiquement pour le Web. Il est donc important de jouer sur la spécificité de chacun des canaux. Surtout dans un contexte où l'utilisateur souhaite pouvoir choisir ses canaux.

Les annonceurs ont, dans une grande majorité, tendance à associer l'e-pub vidéo à une campagne fondée sur l'humour et le décalage. Pensez-vous que cette conception va progressivement évoluer ?
Si le contenu de l'e-pub vidéo reste bien évidemment important, ce qu'il faut conserver à l'esprit, c'est que plus la campagne est interactive, plus les retours sont intéressants. Et l'important consiste à délivrer à l'internaute le bon message au bon moment. Et diffuser une vidéo, c'est déjà un grand pas pour les annonceurs, mais cela n'est pas suffisant. Tout le challenge consiste, comme dans toutes campagnes publicitaires, à mesurer le chiffre d'affaires généré par la campagne, comment l'internaute a agi et réagi… Le Web présente cet avantage de comporter dorénavant plusieurs types de publicité en un : la bannière fonctionne sensiblement comme l'affichage ou la publicité en presse papier, la vidéo, comme la publicité télévisuelle, mais cela offre aux annonceurs une dimension interactive supplémentaire, avec un suivi en un seul et même endroit.

En ce qui concerne les nouveaux supports et outils, comme l'IPTV, les jeux en ligne, le RSS, les podcasts, ou la VOD, où en est-on en matière de publicité ? Cela concerne-t-il le domaine du rich media ?
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 Sonia Mamin
Tous ces différents supports entrent en effet dans le cadre du rich media. Nous travaillons actuellement sur ces diverses technologies qui commencent à se développer de façon significative pour intégrer des outils de mesure. En ce qui concerne les vidéos in-stream, c'est-à-dire des vidéos réalisées à partir d'une émission télévisuelle par exemple, il convient de proposer des outils offrant la gestion d'une campagne vidéo dans du contenu vidéo. Mais cela implique que les sites éditeurs s'équipent pour pouvoir diffuser de la vidéo in-stream, et pour l'heure, nous n'en sommes qu'aux prémisses de ce mouvement. Mais l'intérêt est non négligeable, car ces espaces publicitaires peuvent être proposées à un prix supérieur.
 
 
Propos recueillis par Solveig Emerard-Jammes

PARCOURS
 
 
Voir la fiche de Sonia Mamin dans le Carnet des Managers du JDN.

   
 
 
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