INTERVIEW
 
PDG
Amazon.fr
Georges Aoun
"Titre"

Résultats trimestriels (lire l'article JDNet du 24/07/01), accord avec AOL, étaut du développement sur le marché français un an après l'ouverture : le nouveau PDG d'Amazon France revient sur l'actualité chaude du premier cybermarchand mondial et dément formellement le rattachement de l'activité française à Amazon UK.

25 juillet 2001
 
          

JDNet. Les chiffres trimestriels d'Amazon dénotent deux tendances : un contrôle des pertes et un tassement de l'activité. Comment expliquez-vous ce double mouvement ?
Georges Aoun. Ces résultats démontrent tout d'abord que nous allons vers la profitabilité. Par exemple, sur les produits culturels, nos marges sont aujourd'hui à 10% après être passées, ces dernières années, par 2, 4 puis 6%. Notre maîtrise des coûts apparaît donc de plus en plus fine, notamment grâce à notre plate-forme. Aujourd'hui, les frais de distribution ne représentent ainsi plus que 13% de nos dépenses. C'est la première fois depuis 1997 que nous dégageons également un cash flow positif de 3 millions de dollars. Quant au ralentissement du chiffre d'affaires, il était prévu et reflète avant tout une conjoncture économique générale avec le ralentissement de l'activité aux Etats-Unis.

En terme de ventilation sur le chiffre d'affaires, que représentent les produits culturels et les activités à l'international  ?

Les produits culturels au sens large couvrent environ 70% de notre chiffre d'affaires mondial. Sur les 668 millions de dollars de chiffre d'affaires que nous réalisons au deuxième trimestre, 168 millions proviennent de l'international. 128 millions de dollars sont réalisés par les différentes filiales internationales d'Amazon et 60 millions correspondent à des activités d'export depuis le site américain.

Combien de clients affiche aujourd'hui Amazon ?
Sur les 12 derniers mois, nous dénombrons au niveau mondial 21 millions de clients actifs. Au total, nous avons 35 millions de clients dont 7 millions à l'international. Aujourd'hui, notre rythme d'acquisition est d'environ 1 million de clients supplémentaires par mois. Nous estimons, sur le marché du livre, détenir 5% de parts de marché.

Comment s'articule l'accord que viennent de signer Amazon et AOL Time Warner ?
Cet accord fonctionne dans les deux sens. Tout d'abord, AOL Time Warner nous apporte 100 millions de dollars et se retrouve ainsi à hauteur de 2% dans le capital. Dans l'autre sens, Amazon va apporter aux activités shopping d'AOL Time Warner son expertise technologique en matière de recherche et de personnalisation. Il s'agit d'une licence d'exploitation qui devrait aboutir aux premières réalisations concrètes au quatrième trimestre 2002. En revanche, l'accord prévoit que chaque société garde ses propres clients : il n'y aura pas de mélange des bases, ni de marketing croisé. Parallèlement, Amazon va intégrer sur ses sites les produits AOL Time Warner, qu'il s'agisse d'accès Internet ou d'abonnements à des magazines.

Mais pour un distributeur de produits culturels comme Amazon, n'est-ce pas un risque de se rapprocher d'une des majors ?
La prise de participation d'AOL Time Warner est minime. Notre offre restera très large et ne sera en aucun cas une destination unique vers tels produits. Cet accord ne nous ferme aucune porte.

Concernant Amazon.fr, le magazine "Livres Hebdo", daté du 6 juillet dernier, évoquait une possible fermeture ou un rattachement opérationnel à la branche britannique d'Amazon. Quels sont vos commentaires sur ces deux possibilités  ?
Je n'ai pas pour habitude de commenter les rumeurs. Mais dans le cas présent, j'apporte un démenti formel. Notre centre de distribution en France, près d'Orléans, est notre pièce maîtresse sur lequel nous avons effectué d'importants investissements. En outre, Amazon.fr n'a pas que des activités centrées sur la France et couvre bon nombre de pays francophones et de pays sensibles à la culture française. Depuis son lancement, Amazon.fr a vendu dans 168 pays différents.

Néanmoins, la fermeture récente de Bol.fr démontre que les marges de manoeuvre sont plutôt réduites entre le poids historique de la Fnac et la force de frappe d'Alapage/Wanadoo...
Le constat majeur, c'est surtout que le marché français démarre plus lentement que prévu. Je ferai d'ailleurs l'analogie avec le marché du téléphone portable sur lequel la France a connu également un retard à l'allumage avant de largement se mettre à niveau. Notre force réside surtout dans le savoir faire acquis depuis 1997 sur différents pays. Notre plate-forme nous permet aujourd'hui de gérer des volumes importants avec une qualité de service et une maîtrise des coûts. C'est un avantage concurrentiel très fort.

Cela signifie-t-il que la bataille de l'e-commerce culturel ne se fera pas sur le prix ?
Ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis est très intéressant. Nous y avons lancé il y a 6 mois un service, baptisé "Amazon at used", proposant des livres d'occasion à la vente. Ce service représente déjà plus de 10% des volumes que nous écoulons sur les livres et a enregistré plus d'un million de clients. Nous étudions la possibilité de décliner ce concept en Europe. La guerre des prix est donc peut-être valable dans une phase de conquête mais ce sont désormais les services qui vont devenir les éléments moteurs. Et dans ce domaine, il y a une multitude de champs à explorer. Nous sommes encore loin d'avoir compris l'ensemble des modèles.

Depuis le début de l'année, les effectifs France ont connu certains départs, à l'image de votre prédecesseur Denis Terrien. Quelle est la situation actuelle ?
Le départ de Denis Terrien était avant tout un choix personnel. Comme dans n'importe quelle société, nous avons un turn-over avec des départs et des arrivées. Mais disons qu'aujourd'hui nous sommes plutôt dans une phase de stabilisation sur les effectifs.

 
Propos recueillis par Ludovic Desautez

PARCOURS
 
Agé de 30 ans, Georges Aoun, est diplômé de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole des Mines de Paris. Il possède également un DEA d'Economie Industrielle de l'Université Paris Dauphine ("Business Economics and Policy"). De 1995 à 1998, il a exercé les fonctions de chargé de mission auprès du directeur du développement d'Havas SA et a contribué, en 1996, au lancement d'Havas On Line. En 1998, il prend la direction générale de la filiale britannique de BOL avant de rejoindre Amazon.fr en novembre 1999 en qualité de directeur général en charge de l'activité livres.

   
 
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