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© Baptiste
Belcourt |
Jean-Michel Bérard
Inspecteur
général
Education
Nationale |
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Jean-Michel
Bérard
"En
2010, 80 % des élèves devront avoir un brevet attestant
de leurs compétences TIC"
Déjà mis en place à l'école et au collège, le Brevet Informatique et Internet (B2i) devrait progressivement s'intégrer dans le baccalauréat. Jean-Michel Bérard, inspecteur général de l'Education Nationale, en précise les objectifs et la teneur pédagogique.
(01/02/2005) |
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Les technologies de l'information et de la communication (TIC) sont une priorité du projet de loi d'orientation pour l'avenir de l'école, présenté par le ministre de l'Education, François Fillon, lors du conseil des ministres du 12 janvier 2005. Le Brevet Informatique et Internet (B2i), créé par l'Education Nationale en novembre 2000 et déjà mis en place à l'école et au collège, devrait ainsi s'étendre au lycée et s'intégrer progressivement dans le brevet et le baccalauréat. Jean-Michel Bérard, inspecteur général de l'Education Nationale et responsable du groupe national d'étude et de suivi du B2i, retrace l'historique du B2i, en précise les objectifs et la teneur pédagogique.
JDN.
A quels besoins répond la création du B2i ?
Jean-Michel Bérard. Dans le système éducatif
français, dès 1970, un colloque organisé dans le cadre
du Centre pour la recherche et l'innovation dans l'enseignement
(CERI) a posé les principes de l'introduction de l'ordinateur
dans l'enseignement. Dès ce colloque, on distinguait deux
aspects : l'informatique outil, qui apporte une aide à
l'enseignement dans les différentes disciplines, et l'informatique
objet d'étude, enseignée en tant que science. L'informatique
outil a pris une place extrêmement forte dans toutes les
disciplines. A tel point que le projet de loi d'orientation
actuellement débattu au parlement prévoit que, dans toutes
les disciplines, la rénovation des programmes comportera
des recommandations pour l'usage des technologies d'information.
L'enseignement de l'informatique en tant que science a
été introduit en 1981, sous forme d'une option dans les
sections scientifiques des lycées. Mais cette option,
qui ne concernait qu'une très petite proportion d'élèves,
a été supprimée en 1997. Quand, dans les années 90, apparaît
le débat sur la fracture numérique, cette question s'est
posée : que faut-il savoir en informatique pour en maîtriser
l'utilisation, et faire en sorte que l'inégalité de l'accès
à l'ordinateur n'aggrave pas les inégalités sociales ?
C'est pour répondre à cette préoccupation que l'Education
nationale a créé le B2i pour l'école et le collège.
Quels
sont les objectifs du B2i ?
L'objectif est d'attester le niveau acquis par les élèves
dans la maîtrise des outils multimédias et de l'Internet,
et de rendre les élèves intelligents vis à vis des TIC.
Le B2i doit permettre aux élèves de faire des TIC une
utilisation raisonnée, de percevoir les possibilités et
les limites des traitements informatisés, et de faire
preuve d'esprit critique face aux résultats de ces traitements.
Il ne s'agit pas d'un simple apprentissage d'utilisateur
"presse boutons".
Quel est le programme du B2i,
en termes de connaissances et de savoir-faire ?.
Le B2I prend en compte des compétences relatives à l'utilisation
de l'ordinateur, du traitement de texte, du tableur, de
la messagerie électronique et de l'Internet, mais aussi
des compétences citoyennes : respect de la propriété intellectuelle,
des lois relatives aux libertés, aux données nominatives
et au droit à l'image. Par exemple, l'élève doit être
capable de se poser les bonnes questions sur les sources
d'informations trouvées sur Internet : qui est l'auteur,
quelle est la date de dernière mise à jour, quelle est
la pertinence de l'information, sa légitimité.
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Le B2i valide des compétences en TIC acquises dans les diverses disciplines." |
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Comment se passe le contrôle
des compétences, et sous quelle forme obtient-on le B2i
?
Le B2i n'est pas un examen. Il dépasse l'alternative "informatique
outil / informatique objet", puisqu'il ne fait pas l'objet
d'un enseignement spécifique, mais on valide des compétences
acquises durant l'enseignement des diverses disciplines.
Lorsque l'élève fait de la recherche documentaire pour
le cours d'histoire, par exemple, il peut valider des
compétences relatives à l'Internet ou à l'esprit critique
face aux données trouvées. Autre exemple : si, en cours
d'anglais, il utilise la messagerie pour correspondre
avec un établissement au Royaume-Uni, il peut valider
des compétences relatives à la messagerie électronique.
C'est l'élève qui propose au professeur de valider les
compétences qu'il pense avoir acquises. Le professeur
les valide grâce à une fiche de compétences dénommée "feuille
de position", qui suit l'élève au cours de sa scolarité
: à l'école pour le niveau 1, au collège pour le niveau
2. Lorsque toutes les compétences d'un niveau sont validées,
l'élève se voit remettre une attestation par le directeur
de l'établissement.
Aujourd'hui, à quel stade en
est-on de la mise en place et de la généralisation du
B2i dans les différents niveaux ?
Depuis sa création en 2000, le B2i école et collège a
été complété par une constellation cohérente de systèmes
de validation des compétences TIC. Le B2i de niveau 1
figure dans les programmes de l'école primaire depuis
2002. A ce titre, il est donc obligatoire. Un B2i de niveau
3 a été expérimenté au lycée pendant trois ans, et sa
généralisation est prévue par le projet de loi d'orientation.
A l'université, il est prévu depuis 2002 que tous les
étudiants à bac+2 passent un examen, le certificat informatique
et Internet (C2i). De leur côté, les professeurs recevront,
pour préparer leur concours, une formation professionnelle
aux usages des TIC dans la classe, grâce au C2i de niveau
2. Celui-ci est actuellement expérimenté dans la moitié
des IUFM [Instituts universitaires
de formation des maîtres, ndlr], et sera très prochainement obligatoire. Enfin,
le B2i Greta est une formation à l'informatique dans un
cadre professionnel. Il est nécessaire de s'y inscrire
pour le préparer.
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La
loi d'orientation
est un coup d'accélérateur." |
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Quel premier bilan en tirez-vous,
tant sur le plan de l'adoption du système par les professeurs
que des résultats obtenus par les élèves ?
Dans la mesure où le B2i n'est pas un examen, il n'existe
pas de collecte centralisée des attestations, mais un
faisceau d'enquêtes, de natures très diverses, convergent dans le même sens.
Le B2i a pris place à un rythme très rapide compte tenu
de la lenteur d'introduction des innovations, habituellement,
dans le système éducatif. Une enquête récente de la direction
de l'évaluation et de la prospective conclut que le B2i
est en place dans 70 % des collèges. Mais cela ne veut
pas dire que tous les élèves sortent avec l'attestation
validée à 100 %. Dans plus de la moitié des écoles, les
élèves sortent du CM2 avec une attestation validée à plus
de 50 %. D'autres résultats positifs ont été induits par
le B2i. Cela a par exemple encouragé les écoles à s'équiper
en ordinateurs et en connexion Internet. Au collège, la
mise en place est un peu plus compliquée, car l'informatique
est une partie importante du programme de technologie,
et le partage des responsabilités entre les professeurs,
pour la validation, reste à améliorer. Concernant l'expérimentation
du B2i niveau 3, les conclusions sont positives mais complexes.
Nous ne voulons pas recréer une option informatique. Il
faudrait que la validation soit intégrée dans les enseignements,
mais sans trop compliquer le travail des professeurs de
lycée.
Quels seront les impacts de
la loi d'orientation pour l'avenir de l'école sur l'enseignement
des TIC et par les TIC ?
La loi d'orientation est un coup d'accélérateur, car les
TIC représentent une partie extrêmement importante du
texte. Si elle est votée en l'état, elle fera progresser
de façon rapide la place du B2i à l'école, au collège
et au lycée. Le projet de loi prévoit que, à l'horizon
2010, à tous les niveaux (école, collège lycée), au moins
80 % des élèves devront avoir obtenu un brevet attestant
de leurs compétences sur les TIC. Il prévoit également
que le B2i niveau 2 soit intégré au brevet des collèges,
et que le B2i niveau 3 soit pris en compte au baccalauréat.
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Propos recueillis par Raphaële KARAYAN, JDN |
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PARCOURS
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Après avoir exercé les fonctions de professeur,
puis d'inspecteur régional, Jean-Michel Bérard
est, depuis 1991, inspecteur général de l'Éducation
nationale.
Au cours de son cursus professionnel, il a econsacré une large part de son travail au développement
des utilisations de l'ordinateur dans le système
éducatif.
Il est actuellement co-responsable de la cellule
"Technologies d'information et de communication
dans l'enseignement" des inspections générales,
et responsable du groupe national d'étude et
de suivi du brevet informatique et internet.
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