INTERVIEW
 
Directrice nouveaux médias
Universal Music France
Sophie Bramly
"Rédaction JDN"
07 novembre 200304 novembre 2003
 
          
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JDN. Vous venez de signer avec plusieurs labels indépendants. Lesquels ?
Sophie Bramly. Il s'agit du label indépendant Naïve, qui compte de nombreux artistes incontournables, et de deux autres indépendants, Origin et Scorpio Music. Leurs catalogues vont progressivement s'ajouter à l'offre de téléchargements proposée sur e-Compil. D'autre part, la signature avec BMG est imminente : elle devrait intervenir courant novembre. Reste EMI avec qui les négociations avancent. Cela devrait se faire avant la fin de l'année.

Combien de titres comprend le catalogue d'e-Compil ?
Entre 30.000 et 40.000 titres. Mais le nombre de titres n'est pas ce qu'il y a de plus significatif dans l'offre d'un service de téléchargement. Il faut savoir qu'environ 80 % des titres seulement sont téléchargés, et que 80 % du volume des téléchargements correspond au Top 50. Ce qui est important, et qui fait notre spécificité, ce sont les nouveautés et les avant-premières. Nous proposons les titres dès leur mise en radio, c'est-à-dire jusqu'à huit semaines avant leur sortie dans le commerce. Chaque semaine, nous ajoutons entre 1.000 et 1.500 titres au catalogue.

Pouvez-vous nous donner les principaux indicateurs du site ? Les résultats sont-ils à la hauteur de vos attentes ?
Depuis le lancement du site, environ 800.000 téléchargements ont été effectués. Nous sommes actuellement sur un rythme de 40.000 téléchargements par mois, et à la fin octobre, nous avions 18.759 abonnés. En 2003, nous en sommes à 19 millions de pages vues, et plus de 4 millions de visites. Nous enregistrons en moyenne 1.120.000 téléchargements d'extraits gratuits en streaming et 250.000 visiteurs uniques par mois. Nous savons que ces chiffres sont très très bons par rapport à ceux des autres services de ce type. En revanche, le démarrage a été plus lent que prévu.

Votre offre se différencie des standards adoptés par tous les derniers sites apparus aux Etats-Unis, par la vente des téléchargements sous forme de forfaits, et le paiement par audiotel pour le téléchargement à la carte. Quelle est la raison de ces choix ?
Concernant les solutions de paiement, notre objectif était de faire le plus simple possible. Aujourd'hui, une partie de notre cible est trop jeune pour posséder une carte de crédit ; et parmi ceux qui en possèdent, il n'y a pas beaucoup de monde qui sort sa carte pour un euro aujourd'hui. Il faut également prendre en compte le problème des ayants-droits dans la définition des moyens de paiement. Si les solutions de paiement ponctionnent une grande partie du prix de vente des titres, cela ne peut pas fonctionner. Nous considérons que l'audiotel est une solution sûre pour tout le monde. En plus, les 15-25 ans y sont habitués. Quoiqu'il en soit, sur ce marché tout le monde tâtonne, et nous conduisons régulièrement des études pour voir si nous sommes sur le bon chemin.

Pourquoi imposer une durée minimum d'engagement et ne pas proposer d'illimité dans les abonnements ?
Pour la bonne raison que les formules illimitées se cassent toutes la figure. Ce ne sont pas des business models envisageables. Quant au modèle de l'illimité qui ne dure que le temps de l'abonnement (au-delà l'utilisateur ne peut plus écouter les titres qu'il a téléchargés), je n'y crois pas car il n'est pas satisfaisant pour les consommateurs. Cela revient à louer de la musique ! Sur e-Compil, tous les titres sont en téléchargement définitif. En ce qui concerne la durée d'engagement, elle n'est que de six mois, et en général tous les abonnements fonctionnent comme ça. De toutes façons, nous avons aussi une offre sans engagement.

Les licences sont-elles identiques sur tous les titres offerts en téléchargement ?
Oui. Tous les titres sont gravables une fois, et transférables sur baladeur numérique trois fois.

En dehors de MusicNet aux Etats-Unis, joint-venture entre Real et plusieurs maisons de disques, e-Compil est le seul service de téléchargement opéré par une major. Quels sont les avantages et les inconvénients dde cette situation ?
Le fait de faire partie d'Universal Music nous apporte une expérience sur la partie marketing et promotion, qui est un élément clé. Quel que soit le support, on ne peut pas s'en passer. Dans ce domaine, nous avons montré un vrai savoir-faire, notamment dans les mises en avant de produits par genre et le système de navigation qui s'apparente à la présentation des offres en magasin. L'inconvénient, c'est que nous avons eu plus de mal à signer les autres majors, qui étaient réticentes au départ.

Quel est le profil de vos consommateurs ?
Nos clients sont en majorité des 18-35 ans, et plutôt des hommes (à 74%). 51,8 % de notre clientèle surfe en bas débit, et 48,2% en haut-débit. 51 % des utilisateurs sont diplômés de l'enseignement supérieur. 22 % habitent en Ile-de-France. Plus de 55 % des abonnés ont souscrit il y a plus de six mois, ce qui représente un bon taux de fidélisation. En moyenne, chaque abonné souscrit 1,17 offre (par exemple, un consommateur souscrit une formule d'abonnement et achète en plus des titres à la carte).

Quels sont les habitudes d'achat et les goûts de vos consommateurs ?
L'achat au titre attire surtout les plus jeunes. 15% des achats au titre sont réalisés par les moins de 18 ans, et le reste majoritairement par une nouvelle audience de moins de 25 ans. Au niveau des contenus, 45 % des téléchargements appartiennent au répertoire français. Au sein de celui-ci, 74 % des titres ont déjà été téléchargés. Le classique est le seul répertoire dans lequel tous les titres ont déjà été téléchargés. 25 titres ont cumulé plus de 1.000 téléchargements. Le titre le plus vendu a été "La liberté de penser", de Florent Pagny, qui a totalisé plus de 2.600 téléchargements. L'artiste le plus téléchargé, toutes chansons confondues, est Johnny Hallyday avec plus de 10.000 téléchargements.

Les services d'e-Compil sont accessibles depuis les sites de votre réseau de partenaires, dont certains travaillent aussi avec d'autres plates-formes de téléchargement. Comment cela fonctionne-t-il ?
C'est un système d'affiliation. Nous n'avons jamais d'accord d'exclusivité avec nos partenaires, et je ne crois pas que cela puisse nous nuire. Pour le consommateur, cela permet d'avoir accès à une offre variée. Aujourd'hui, nous sommes notamment présents sur les portails de Club Internet, Tiscali, AOL, MSN, Yahoo, Lycos, TF1, M6, RTL, NRJ, MTV…

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Quelles sont vos actions en termes de communication ?
Nous avons fait une grosse opération cette année, qui a duré un mois, en mars. La campagne était déclinée online sur des sites en affinité avec notre cible (AOL, Caramail, Skyrock, TF1, Wanadoo, Yahoo…) et offline en affichage 4x3 sur Paris. Notre budget communication annuel brut s'élève à 600.000 - 700.000 euros.

 
Propos recueillis par Raphaële Karayan

PARCOURS
 
Titulaire d'un diplôme supérieur d'arts graphiques, Sophie Bramly a commencé sa carrière comme photographe indépendante à New-York. Elle entre ensuite comme conseillère artistique à TF1, en 1984, et enchaîne les expériences à des postes de productrice pour Antenne 2, TV6 et MTV Europe. En 1991, elle quitte la télévision pour la musique et rejoint Remark Records, en tant que directrice marketing international. Elle occupera par la suite la même fonction sur le marché national chez Barclay, avant de prendre en charge la direction des nouveaux médias pour Universal Music France.

   
 
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