INTERVIEW
 
PDG
None Networks-Freesbee
Jean Cazes
"Titre"
L'Internet connaît quelquefois des coups d'accélération difficiles à prévoir. Qui aurait imaginé il y a quinze jours un rapprochement entre LibertySurf, dont le PDG, Pierre Besnainou, déclarait encore récemment que si "le groupe doit avoir des alliances stratégiques, ce serait avec des opérateurs de télécoms ou de médias" (Libération du 19/10/00) et Freesbee, qui diffusait des spots publicitaires autour de la qualité de son réseau Internet. Le PDG de Freesbee revient sur la signature de cette alliance (Lire l'article du JDNet du 31/10/00) après de multiples tergiversations stratégiques.30 octobre 2000
 
          
JDNet. Comment se sont passées les négociations avec LibertySurf ?
Jean Cazes. Les négociations ont débuté il y a un mois et demi. LibertySurf était plus pressé que nous pour conclure. Il est clair qu'au final, le prix de vente est extrêmement décevant (23 millions d'euros, Ndlr). Si les termes financiers sont mauvais pour nous, l'accord industriel va nous permettre de réduire nos coûts et d'augmenter nos perspectives. La société est extrêmenent saine et elle fonctionne très bien. LibertySurf a perçu ce potentiel. L'accord est constructif, car le groupe de Pierre Besnainou veut partager ses activités entre le secteur professionnel et le grand public.

Quelles options de développement avez-vous étudiées ?

Il y avait plusieurs possibilités : continuer en indépendant, mais cela nécessitait des investissements relativement importants jusqu'à l'équilibre, entre 30 et 45 millions d'euros. Honnêtement, ce n'est pas évident de lever des fonds dans les conditions actuelles du marché. De plus, Freesbee a un actionnariat extrêmement éclaté et certains investisseurs ont refusé de suivre. Nous avons également cherché du côté des partenaires complémentaires dans le cadre d'un rapprochement industriel, notamment avec des groupes purs de médias ou de télécoms. Il n'y pas eu de réaction rapide de leur part. Le secteur des FAI a mauvaise presse actuellement auprès des investisseurs... Et la perspective d'avoir plusieurs dizaines de millions d'euros de pertes n'est pas très enthousiasmant pour eux.

Avec le groupe Casino, on pensait que vous aviez un sérieux appui industriel...
Du point de vue partenariat commercial, ça se passe très bien avec Casino. Ils ont fait de grands efforts de promotion. Freesbee a monté le site de l'enseigne Géant destiné à ces clients. En tant qu'actionnaire financier, ça ne s'est pas passé aussi bien. Je pense que c'est dû à un changement de stratégie au sein du groupe de distribution [NLDR, Lire l'article du JDNet]. Ses dirigeants ont décidé de ne pas réinvestir dans la poursuite de l'activité de Freesbee. Et ils ont fortement poussé à une session. Maintenant, Casino détient des titres LibertySurf. Il ne m'appartient pas de commenter ce qu'ils veulent en faire.

Avez-vous étudié des rapprochements avec d'autres acteurs du secteur ?
Dans une logique d'économie sur les coûts, nous avons réfléchi à un rapprochement avec des compétiteurs actuels. AOL, c'était hors de question. Free, nous n'avons pas la même approche...

Selon nos informations, l'italien Tiscali vous avait fait une offre en mars dernier, juste avant l'e-krach. Le FAI vous aurait proposé 2 milliards de francs...

Effectivement, nous avons entretenu des discussions avec Tiscali à cette période. Le montant était inférieur à ce niveau-là, mais bien meilleur que le niveau actuel [NDLR : 23 millions d'euros, soit un peu plus de 150 millions de francs]. Nous n'avons pas approfondi les discussions pour des raisons "esthétiques" : à l'époque, on considérait que Freesbee n'avait pas complètement pris son envol. Tout le côté professionnel n'était pas arrivé à maturité et nous considérions que nous n'avions pas un portail grand public digne de ce nom.

Avez-vous sérieusement envisagé une introduction en Bourse courant 2001 ?
Tous nos conseils nous ont dit que c'était parfaitement illusoire, que nos parts de marché étaient trop faibles et qu'il aurait fallu faire des efforts considérables pour y parvenir.

Quelles sont les prochaines étapes pour Freesbee ? Nous allons intensifier les offres professionnelles de Freesbee, intégrer des services avec LibertySurf pour réaliser des économies.

La marque Freesbee va-t-elle rester ?
La décision n'a pas encore été prise.

Avez-vous signé des engagements de conservation des titres LibertySurf ?
Ce n'est pas exactement comme ça. Il y a un accord de gestion raisonnée de vente possible. Ce sont des clauses confidentielles qui permettent d'éviter des ventes massives qui pourraient peser sur le cours.

Personnellement, allez-vous rester dans l'entité Freesbee - LibertySurf ?
Disons que je vais rester durant la période de transition.
 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Jean Cazes, 44 ans, PDG de None Networks, est diplômé de l'Ecole polytechnique. De 1981 à 1984, il a été responsable des industries culturelles et des nouvelles technologies au cabinet de Jack Lang, ministre de la Culture. En 1984, il a créé la société de production cinématographique Initial Groupe. Il est l'actuel vice-président de la Chambre syndicale des producteurs de films et président du Club des producteurs européens.

   
 
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