INTERVIEW
 
Directeur
Ceram
Jacques Perrin
"Titre"
Le Ceram (Centre d'enseignement et de recherche appliqués au management) a reçu le prix de l'Initiative lors de la remise des Trophées de la Nouvelle Economie à Nice (voir la liste des lauréats). Implanté à Sophia Antipolis au milieu des années 1970, le Ceram a pour vocation d'accompagner le développement de la technopôle. Cette école forme des généralistes dans les domaines des nouvelles technologies de l'information, de la finance internationale et du tourisme, tout en étant clairement orientée vers les entreprises. Ces dernières participent d'ailleurs activement à la formation des étudiants au travers des comités de programme, des conseils d'orientation pédagogique, ainsi que des cours intégrant les compétences de professionnels et leurs témoignages sur l'évolution du marché. Jacques Perrin, directeur du Ceram depuis trois ans, revient sur cette formation. 13 avril 2001
 
          

JDNet. Pourriez-vous revenir sur l'historique de cette formation ?
Jacques Perrin. Le Ceram date de 1963 avec l'Ecole Supérieure de Nice, et cette formation a été implantée sur la technopôle Sophia Antipolis en 1978 par décision de la Chambre du Commerce et de l'Industrie de Nice-Côte d'Azur. A l'époque nous étions sur place le seul établissement d'enseignement supérieur avec l'Ecole des Mines de Paris. Ce projet avait été initié par Pierre Laffite qui était encore directeur de l'Ecole des mines de Paris en 1978. La chambre de Commerce a ainsi décidé de faire déménager le Ceram du centre ville pour l'intégrer au sein d'un campus, un peu comme ce que la Chambre de Paris avait fait en 1964 en faisant quitter le centre ville à HEC pour intégrer le campus de Jouy-en-Josas.

Comment s'est effectuée l'intégration du Ceram au sein de Sophia Antipolis ?

L'intégration s'est passée dans les meilleures conditions, puisqu'à l'époque la Chambre de Commerce de Nice avait développé un partenariat profond et important avec HEC et la Chambre de Commerce de Paris. La conception du Ceram a été largement inspirée par le développement du campus d'HEC. A l'époque, j'étais jeune professeur à HEC et j'ai eu l'occasion de participer, en 1978, à la définition des programmes du Ceram.

Et au niveau des entreprises de la région ?
Les entreprises de la région ont été associées dès le début par la création de cas d'études et de matériels pédagogiques originaux qui n'existaient pas à cette époque. Je me souviens par exemple des cas en management de la production qui étaient réalisés chez Texas Instrument. Nous travaillions également sur des cas dans le domaine du marketing international, réalisés avec les grandes entreprises de parfums et d'arômes de Grasse. Depuis les trois ou quatre dernières années les choses ont beaucoup évolué. De grandes entreprises étrangères ont choisi Sophia Antipolis pour implanter leur siège européen ou leurs laboratoires de recherche. Nous avons développé, il y a trois ans, un concept autour du développement de jeunes entreprises dans le domaine des hautes technologies issues à la fois des grands groupes, ou bien des laboratoires de recherche comme l'INRA ou le CNRS, ou encore des laboratoires privés. En 1997 nous avons mis en place un pôle baptisé "Direction des pôles de compétence technologies" avec pour objectif d'accompagner le développement des start-up dans le cadre de la charte de relance de Sophia Antipolis.

Quelles sont les caractéristiques de la formation ?
Dans les nouveaux enseignements, nous avons mis en place dès 1997 une formation en troisième année baptisée : "Management des entreprises innovantes et à forte croissance". Il s'agit d'une formation préparant à devenir entrepreneur dans le secteur des hautes technologies. Cette formation attire aujourd'hui de 35 à 40 étudiants par an. De cette option sont nés des projets d'entreprise qui ont d'ailleurs été accueillis au sein d'un incubateur étudiant qui a ouvert ses portes l'an dernier. Quatre projets professionnels sont actuellement en cours de lancement par nos étudiants. Ces derniers peuvent ainsi profiter de nos ressources en matière de locaux, de matériel informatique, de télécom, et surtout de l'appui et des conseils d'une équipe de professeurs.

Quels sont ces projets ?
Le premier est une place de marché dans le domaine des arômes et parfums. Il y a également un projet dans le domaine du tourisme d'affaire visant à développer les achats groupés pour les gros comptes. Le troisième est une société de production vidéo spécialisée dans la diffusion sur Internet. Enfin, le quatrième projet n'est pas encore totalement finalisé et les porteurs souhaitent qu'il reste confidentiel pour le moment.

Quelles sont les autres formations dispensées au Ceram ?
En troisième année, nous avons également développé une option sur l'e-business et ses nouvelles applications. Cette option accueille actuellement entre 25 et 30 étudiants en étant largement alimentée par des collaborations avec des start-up et des grands groupes de Sophia. Le groupe Carrefour est par exemple présent avec son centre de formation national et international. Cette année nous allons lancer une nouvelle option, "conception de systèmes d'information", qui développe les compétences des étudiants autour de la prise en compte des données sur les clients, ainsi que les procédés pour améliorer la chaîne de valeurs. Cette discipline permet par exemple de réfléchir à la façon de raccourcir les délais de conception de nouveaux produits en mettant en ligne clients et fournisseurs, ainsi qu'un certain de nombre de maillons de la distribution.

Vous organisez également un sommet depuis maintenant quatre ans...
Dans le cadre de notre action sur les pôles de compétences technologiques, nous avons mis en place un sommet international du capital-risque. Chaque année, nous réunissons entre 150 et 180 capitaux-risqueurs français et internationaux, auxquels nous présentons pendant deux jours, 40 projets sélectionnés parmi plus de 150 candidatures. Nos élèves peuvent être éligibles mais il s'agit surtout de projets au niveau de la région et également au niveau national. L'an dernier nous avons même invité comme pays d'honneur l'Allemagne avec la collaboration de capitaux-risqueurs allemands venus avec leurs propres projets. Nous avons par exemple participé à l'implantation en France d'un fond de capital-risque allemand, Venture Select, qui s'intéresse au financement de jeunes entreprises dans son secteur d'activité.

Quels sont les résultats ?
Sur les 40 entreprises présentes en 2000, 80% d'entres elles ont effectué une levée de fonds.

Pour revenir à la formation, combien d'étudiants passent par le Ceram chaque année ?
Aujourd'hui, le Ceram représente 1.800 étudiants, dont 1.200 en management et 600 en technologie et sciences. Nous avons environ 300 nouvelles entrées chaque année auxquelles se rajoute une soixantaine de diplômés de l'enseignement supérieur français, ainsi que quarante diplômés de l'enseignement supérieur étranger en deuxième année.

Combien de temps dure la formation ?
Il faut compter trois ans post-prépa pour l'Ecole Supérieure de commerce, soit une sortie à bac + 5. Du côté de la filière technologique c'est deux ans en France et deux ans aux Etats-Unis.

Comment se passe l'intégration de vos étudiants dans le monde de l'entreprise ?
Aujourd'hui, sur nos étudiants en troisième année, 45% d'entre eux sont embauchés avant leur sortie de l'école, grâce aux formules de contrat d'apprentissage ou d'alternance. Nous avons un taux de placement de 85% dans les deux mois qui suivent la remise du diplôme. Depuis trois ans nous enregistrons des taux d'intégration assez extraordinaires.

Qui sont les recruteurs ?
Nos grands recruteurs sont Nortel, Alcatel, Accenture, Arthur Andersen ou France Télécom. Ce sont des sociétés dont la dimension technologique est très présente. Des start-up recrutent également beaucoup par le biais de l'apprentissage.

A titre personnel , quels sont vos sites préférés ?
Je consulte souvent les sites de nos partenaires en Asie et aux Etats-Unis. Dans mes favoris, j'ai environ 70% de sites académiques. Personnellement je consulte également des sites consacrés aux voitures anciennes et de collection.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
La rapidité avec laquelle je peu prendre des contacts.

Qu'est ce qui vous déplaît sur Internet ?
Je n'aime pas ma messagerie le matin.

 
Propos recueillis par Philippe Rémond

PARCOURS
 
Jacques Perrin, Docteur en philosophie et diplômé des Etudes Supérieure en Sciences Economiques, est entré en tant que directeur du Ceram en mai 1997. Auparavant, Jacques Perrin était directeur de l'école d'ingénieur Essiee de 1989 à 1992 et directeur de l'Ecole Supérieure de Commerce pendant dix ans, de 1979 à 1989. Il est également l'auteur de plusieurs publications comme notamment "Les origines économiques de la taxe conjoncturelle" ou "Un nouveau tableau de bord de l'entreprise". Jacques Perrin contribue ponctuellement à des articles au sein de plusieurs quotidiens et dans la presse économique en général.

   
 
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