INTERVIEW 
 
Antoine Colboc
Responsable du pôle capital-risque
Crédit Lyonnais Private Equity
Antoine Colboc
"L'année 2004 devrait être riche en sorties"
Antoine Colboc, responsable du pôle capital-risque du Crédit Lyonnais Private Equity, détaille les stratégies d'investissement du fonds actif depuis 2001. Pour lui, 2004 s'annonce comme une belle année de sorties. Cela a d'ailleurs déjà commencé avec Egencia, Soamaï et Wokup.
(26/04/2004)
 
JDN. Présentez-nous le pôle capital-risque du Crédit Lyonnais Private Equity que vous dirigez.
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Benchmark Group Forum Financement des entreprises innovantes (22/06)
Dossier Capital risque IT
Antoine Colboc. La structure d'investissement dans des sociétés non cotées du Crédit Lyonnais gère 650 millions d'euros, dont 200 millions sont répartis dans le pôle capital-risque. Ces fonds proviennent à 50 % de particuliers via quatre FCPI, à 25 % de fonds institutionnels via un FCPR et à 25 % de fonds propres au Crédit Lyonnais via une société de capital-risque. Nous avons commencé à investir courant 2001 et notre portefeuille est aujourd'hui composé à 40 % de sociétés IT (éditeurs de logiciels), et à 15 % de sociétés de chacun des quatre secteurs suivants : l'électronique, les sciences de la vie, les télécoms et les services aux entreprises. Par ailleurs, nous avons investi 28 millions d'euros en 2001, 26 millions en 2002, 32 millions en 2003 et nous prévoyons entre 30 et 35 millions d'investissement cette année. Aujourd'hui donc, la moitié du fonds en capital-risque a été engagée dans une cinquantaine de participations.

Quelle est votre ticket moyen d'entrée et, plus généralement, comment se traduit votre prise de participation ?
Nous investissons généralement entre deux et six millions d'euros, en une ou plusieurs fois. La part du capital que nous prenons est variable, de 5 à 40 %, selon le stade de développement de l'entreprise et sa valorisation. En revanche, nous essayons systématiquement d'avoir une place au Conseil d'administration.

Quelle place réservez-vous aux entreprises Internet (e-commerce, comparateur de prix...etc) ?
Qu'est-ce qu'une entreprise Internet ? Aujourd'hui Internet est partout, quel que soit le produit que l'on vend, dans l'électronique ou les télécoms. Nous avons par exemple investi dans TraderForce, une société qui fournit des flux financiers à des entreprises spécialisées. Effectivement elle utilise le canal Internet pour transmettre les informations, mais est-ce pour autant "une entreprise Internet" ? L'Internet est devenu un média incontournable, transversal et qui est utilisé dans toutes les entreprises (sauf peut-être dans le domaine des sciences de la vie). Il ne peut donc plus être considéré comme un secteur en soi.

A quel stade investissez-vous ? Comment se présente l'entreprise lorsque vous y faites votre entrée ?
Nous intervenons généralement à l'occasion du deuxième tour de table. Au moment où nous arrivons, l'entreprise doit déjà avoir un produit solide qui fonctionne dans des conditions réelles. Il s'agit alors de le déployer de manière plus industrielle. Pour nous, l'existence de brevets, d'une équipe technique reconnue dans son domaine et issue par exemple d'institutions de recherche ou de spin-off de grands groupes sont autant de garanties d'une certaine force et de stabilité du produit à la base. A ce stade-là, l'équipe est souvent trop technique et doit être étoffée de personnalités aux compétences plus business. Notre rôle est alors de proposer de la compléter avec des personnes que nous connaissons par le biais de notre métier.

Quelles sont les étapes du choix d'investissement, quel rôle jouent vos deux chargés d'affaires et vos six directeurs d'investissement ?
Il faut savoir tout d'abord que le processus commence par une étude des dossiers. Ils sont mille au départ, nous en étudions une centaine, et nous en gardons une dizaine. Sur la centaine de dossiers, le chargé d'affaires se charge d'un premier niveau de travail qui consiste à analyser les marchés, les produits, les modèles économiques, d'interviewer l'équipe, etc. Le directeur d'investissement se positionne ensuite rapidement sur un projet et va le suivre du début de l'investissement jusqu'au moment de la sortie de la société. Son rôle est, dans un premier temps d'assister le chargé d'affaires dans l'analyse détaillée de l'activité de l'entreprise, une étape qui peut prendre de trois à six mois, voire plus.

L'enjeu dans une négociation est d'être réaliste tout en restant ambitieux."
Cette phase d'analyse peut être très longue avant l'investissement même, car c'est une véritable relation de partenariat que nous construisons avec l'équipe. Nous ne nous contentons pas de faire un chèque et d'attendre la sortie. Notre rôle est celui d'un accélérateur de croissance, mais il est parfois trop tôt pour s'engager dans une entreprise, cette période préliminaire est donc nécessaire pour préparer notre arrivée. A l'opposé, sur certains dossiers, quelques semaines suffisent parfois à décider si nous y allons ou pas. Quand le choix a été pris, le directeur d'investissement entre alors dans la phase de négociation. L'enjeu est d'être le plus réaliste possible en terme de valorisation, tout en respectant les ambitions des entrepreneurs. Il s'agit donc de trouver le meilleur compromis entre notre intérêt et celui de l'entreprise.

Vous avez déjà inauguré l'année avec trois opérations de sorties, celles d'Egencia, de Soamaï et de Wokup, ont-elles un point commun ?
Dans les trois cas, ce sont des entreprises qui ont développé au niveau français et européen une technologie que les Américains sont venus reprendre pour la déployer sur des marchés beaucoup plus larges. Ainsi, ces opérations confirment que la France - malgré un rôle extrêmement important dans l'élaboration de nouvelles stratégies - reste un marché restreint à partir duquel il est difficile de devenir un leader mondial. D'autre part, ces trois sociétés ont pour point commun le développement d'un concept, et le mérite de l'avoir confirmé par un chiffre d'affaires minimum et un certain nombre de références.

Prévoyez-vous d'autres sorties en 2004 ?
Oui. Aujourd'hui les conditions du marché sont plus favorables, et depuis deux mois, plusieurs entreprises de notre portefeuille se révèlent en effet plus actives sur des opportunités de sortie. Ce sont des sociétés dans lesquelles nous sommes présents depuis un à trois ans. Les discussions sont devenues plus actives dans les deux mois et les opérations devraient se conclurent avant la fin de l'année. 2004 sera sans doute une année riche en sorties.

Quelle a été votre plus belle opération ?
Egencia a été une belle affaire, avec une équipe brillante qui a su se positionner sur un marché difficile et modifier le business modèle de l'entreprise classique du tourisme.

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Quel site consultez-vous régulièrement ?
Boursorama est la page d'ouverture par défaut de mon poste. Je consulte également la partie Finance de Yahoo pour suivre l'actualité des sociétés cotées.


FCPI : fonds commun de placement dans l'innovation
FCPR : fonds commun de placement à risques.
 
 
Propos recueillis par Philippine ARNAL, JDN

PARCOURS
 
 
Antoine Colboc, Directeur associé et responsable du pôle capital-risque, membre du comité exécutif de Crédit Lyonnais Private Equity.

1999 Fonde Netcre@tion, société de gestion indépendante spécialisée dans l'amorçage de sociétés de technologies.

1993 Cabinet Russel Reynolds (recrutement de cadres dirigeants, Paris), directeur associé, en charge des secteurs informatique et télécoms.

1985
Groupe ECS (location d'ordinateurs), directeur général des filiales britanniques et japonaises.

1977 IBM France, débute à des fonctions marketing et commerciales

Et aussi Diplômé ingénieur de l'Ecole Centrale de Paris

   
 
 
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