INTERVIEW
 
CEO
Vitaminic
Gianluca Dettori
"Titre"
Vitaminic vient de publier ses résultats semestriels. Pour la première moitié de l'année 2001, le service en ligne européen spécialisé dans la distribution numérique de musique en ligne a réalisé un chiffre d'affaires consolidé de 2,9 millions d'euros, en augmentation de 266% par rapport à la même période l'année dernière. Un résultat qui reste toutefois maigre compte tenu de l'implantation pan-européenne du site d'origine italienne : neuf sites, sans compter celui aux Etats-Unis. Les pertes nettes s'élèvent à 5,4 millions d'euros. Vitaminic tire 51% de ses revenus de la publicité et du marketing direct, 46% de son activité BtoB (contenu et services d'infrastructures) et 3% des activités e-Commerce. Vitaminic, qui a récemment renforcé sa position en France et au Royaume-Unis en acquérant FranceMP3.com et le réseau PeopleSound, met aujourd'hui l'accent sur les services BtoB. Son fondateur, que l'arrivée prochaine des grandes plate-formes de musique en ligne PressPlay (Universal Music et Sony Music) et MusicNet (Warner Music, BMG et EMI), n'effraie pas, s'explique sur sa stratégie d'ateur indépendant. 24 août 2001
 
          

JDNet. Comment comptez-vous réorganiser Vitaminic en France ?
Gianluca Dettori. Nous n'avons pas encore établi l'oganisation définitive. Nous n'avons réglé que des détails à propos des synergies : par exemple, l'équipe de Vitaminic France va rejoindre de FranceMP3.com dans ses locaux. Nous comptons développer en France nos activités BtoB et BtoC. Nous venons de publier un catalogue commun Vitaminic-PeopleSound. Nous avons également développé une technologie prometteuse pour établir des ponts avec les maisons de disques et éventuellement trouver des artistes prometteurs.

Quelle marque ombrelle voulez-vous garder pour votre développement en France ?

Vitaminic n'est pas réellement impliqué dans le BtoC. L'impact de nos services est plutôt à trouver dans le BtoB. Ce qui veut dire que nous ne voulons pas réellement investir sur une marque précise auprès du grand public, que ce soit PeopleSound ou Vitaminic. Nous comptons garder ces marques mais sans y dédier des dépenses marketing. Le marché de la musique en ligne en Europe est trop restreint pour le moment.

Dans quelle mesure la France est-il un marché clé pour Vitaminic ?
Les quatre marchés clés pour nous sont la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et l'Espagne, et nous allons y développer des activités BtoB. Nous disposons du plus grand site de distribution en ligne en Europe avec un marché potentiel de consommateurs très important. Mais le problème est que la demande "professionnelle" n'est pas encore au rendez-vous. Je dirais plutôt qu'il existe une demande mais que les internautes se tournent actuellement davantage vers des sites de musique pirates.

Vous avez lancé en janvier 2001 le service "Vitaminic Music Club", qui est un service d'abonnement payant. C'est un service qui marche ?
Le nombre de clients est faible mais nous développons des formules pour intéresser les entreprises, telles que des solutions "pack d'abonnement" : les sociétés peuvent proposer des abonnements gratuits à leurs clients ou à leurs salariés.

Estimez-vous que c'est dans les activités BtoB que Vitaminic trouvera une source de profits plus importante ?
La rentabilité des activités BtoB interviendra plus rapidement que des services destinés directement au grand public. C'est tout ce que je peux dire actuellement.

A moyen terme, Vitaminic peut-il rester un acteur européen indépendant de la musique en ligne ?
Pour l'instant, nos affaires marchent bien. Nous sommes bien soutenus financièrement et nous pensons qu'il existe encore une marge de croissance en restant indépendants. Nous comptons atteindre l'équilibre l'année prochaine.

Comptez-vous lancer de nouvelles opérations de croissance externe après PeopleSound ?
Non. La priorité pour nous est d'organiser l'ensemble Vitaminic et d'intégrer les différentes entités dans le groupe.

Vivendi Universal vient de finaliser le rachat de MP3.com aux Etats-Unis. Etiez-vous candidat à cette reprise ?
Non, c'était impossible. Nous avons une stratégie différente aux Etats-Unis. C'est un grand marché mais encombré et qui comprend des acteurs trop puissants financièrement. Nous y avons signé des accords avec BMG, Universal Music et acquis la base de données IUMA Inc [NDLR, Internet Underground Music Archive, une communauté américaine d'artistes pionnière sur Internet]. Nous regardons les sociétés américaines qui se développent autour des technologies liées à la distribution numérique de musique en ligne.

Pour revenir à l'Europe, quels freins rencontrez-vous à la mise en place d'un service attractif pour le grand public ?
Tout d'abord, le catalogue. Certes, nous avons une grande base d'artistes qui proviennent essentiellement de labels indépendants. Mais nous aimerions bien proposer une partie des catalogues des majors en abonnement. Vitaminic n'a pas de relations houleuses avec les "majors" m ais aucun site de musique n'a accès à leurs catalogues en général. Les grandes maisons de disques ont tendance à ralentir les procédures si elles ne décident pas de lancer carrément leurs propres services en ligne. De plus, le nombre d'internautes qui acceptent d'acheter de la musique en prenant un abonnement en ligne est faible actuellement. Nous allons lancer le mois prochain une initiative permettant de développer cette offre, qui devrait montrer son efficacité.

Que pensez-vous de PressPlay ou MusicNet, deux projets de distribution de musique en ligne dans lesquels les majors sont directement impliquées ?
Tout d'abord, il faut comprendre que les majors ne rencontrent pas les mêmes problèmes que nous. Elles disposent d'un contenu qu'elles doivent adapter à une distribution numérique avec les droits associé et à son juste prix. Nous suivrons le lancement de ses services à l'automne. Ces initiatives peuvent être une bonne chose pour la marché : si l'offre catalogue se diversifie, cela déclenchera peut-être un engoûment chez les consommateurs.

Considérez-vous que ces deux plate-formes sont des concurrents de Vitaminic ou des partenaires potentiels?
Dans le domaine du BtoB, je les considère comme des concurrents. Ces deux plate-formes ont pour mission de proposer des solutions de diffusion de musique en ligne. En revanche, le fait qu'elles délivrent des licences d'exploitation d'une partie de leur catalogue est positif pour nous. Nous n'avons pas encore déterminé avec quelle plate-forme nous allons établir un partenariat privilégié.

Le chanteur Peter Gabriel, propriétaire d'un label, vient de lancer son propre service de téléchargement de musique en ligne. Que pensez-vous de cette initiative ?
C'est génial. Peter Gabriel a toujours été est un réel visionnaire dans le monde de la musique et des nouvelles technologies. Il a toujours proposé des idées novatrices pour développer la notoriété d'un artiste et ses liens avec les fans via Internet. Nous travaillons avec des milliers de labels indépendants et Vitaminic adorerait travailler avec lui!

Vitaminic.com en bref
Date de création
Avril 1999
Structure
Vitaminic SpA est cotée au Nuovo Mercato de la Bourse de Milan (Italie) depuis le 12 octobre 2000
Effectif
100
Réseau
Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, France (depuis octobre 1999), Espagne, Pays-Bas, Suède, Danemark, Irlande et Etats-Unis
Catalogue
300.000 titres d'environ 70.000 artistes
(chiffres juillet 2001)
Partenariats

Marketing :
- Fila Italie (distribution de contenus musicaux associés à différents sports)
- Wanadoo.fr et Voila.fr (France Télécom)
-Renault Italie

Technologie :
- Nokia Networks Italie, (développement d'applications musicales la diffusion sur les réseaux de téléphonie mobile)
- Partenariat Universal Music Group (téléchargements au format Bluematter)
- Wind (3ème opérateur de téléphones mobiles GPRS en Italie) : un accord Web, WAP et GPRS
-MyAlert.com (SMS)

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Gianluca Dettori, 33 ans, est CEO de Vitaminic dont il est l'un des co-fondateurs avec Franco Gonella et Adriano Marconetto. Diplômé en gestion d'entreprise de l'Université de Turin, avec une spécialisation en marketing, il a débuté sa carrière à la direction des ventes de Italia Online SpA, l'un des principaux FAI en Italie. De 1997 à 1999, il a été directeur général de Lycos Bertelsmann Italie. Gianluca Dettori a aussi travaillé pour l'agence de publicité ADV, puis pour la chaîne de télévision publique italienne RAI. Il a co-rédigé un ouvrage, "Marketing on the Internet", édité chez Apogeo en Italie. Il est aussi co-fondateur de l'antenne italienne de Internet Advertising Bureau.

   
 
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