INTERVIEW
 
PDG
Asterop
Christophe Girardier
"Titre"


Grenoble

Grand Prix

La société d'origine grenobloise Asterop a été lancée en mars 1999. Elle est spécialisée dans la business géo-intelligence. Plus concrètement, cette start-up propose d'identifier des potentiels de clients en croisant les fichiers clients des entreprises avec des technologies d'analyse statistiques et des bases de données, des enquêtes de consommation, des sondages ou encore des chiffres démographiques. Avec Luc Coiffier et Gérard Dahan, Christophe Girardier est l'un des trois co-fondateurs de cette ambitieuse start-up qui prévoit d'atteindre la rentabilité au troisième trimestre 2002.
14 juin 2001
 
          

JDNet. Vous avez réalisé une troisième levée de fonds de 10 millions d'euros en mai dernier, pouvez-vous nous préciser la composition de ce tour de table ?
Christophe Girardier. Nous avons initié cette levée de fonds à partir de la fin de l'année et il a fallu cinq mois de concertation avec notre nouvel investisseur Accenture Technology Venture, fonds américain, avant d'aboutir à un accord. Air Liquide Ventures et Turennes Capital, déjà présents dans le capital, ont tenu à participer à cette troisième levée. Après un premier tour de table de 5 millions de francs (dont 2 millions de l'ANVAR) et un second tour de 18 millions, cette levée est la plus importante jamais réalisée. En terme de répartition du capital, le groupe des fondateurs et des premiers business angels reste majoritaire. Pour le troisième tour, c'est Accenture Technology Venture, nouvel entrant, qui est lead investisseur. La société a été très bien valorisée, en très nette hausse par rapport aux précédents tours de table.

Quelles sont les principales affectations de ce nouvel apport de financement ?

Notre première levée a permis de financer notre développement technologique. La seconde a permis d'initier la commercialisation de cette technologie. Le troisième tour de table nous permet de poursuivre nos activités en France mais aussi de développer des filiales aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Asterop va passer de 30 à 85 salariés pour accompagner ce déploiement à l'étranger et le développement de la commercialisation de nos solutions en France. Parmi les recrutements prévus, nous allons embaucher 25 personnes pour notre filiale basée à New-York. Je tiens aussi à préciser que, en février 2001, donc peu avant le bouclage du troisième tour de table, nous avions déjà signé un accord de partenariat avec le Japonais KKC. Kokusaï Kogyo Co est une société spécialisée dans la préventions des risques majeurs tels que les tremblements de terre. Leur système d'information géo-statistique était parfaitement compatible avec nos activités, ce qui nous a encouragé à signer une alliance pour investir le difficile marché nippon.

Qu'en est-il de la recherche & développement ?
Le nouvel apport de financement va nous permettre d'accroître encore nos efforts dans ce domaine. Nous avons prévu d'investir deux fois plus dans les deux années à venir que ce que nous avons fait dans ce secteur jusqu'à présent. Notre avance technologique est cruciale dans notre métier de géo-intelligence. Nous continuons d'ailleurs notre partenariat avec l'INRIA (Institut national de recherche en informatique et automatique). Je viens de créer spécialement un comité scientifique incluant des responsables de l'INRIA qui sera présent auprès d'Asterop pour accompagner la société dans son développement technologique. Par ailleurs, l'ANVAR, qui était présente au premier tour de table, souhaite continuer à nous aider pour nos recherches.

Quels sont les grands projets prévus cette année chez Asterop ?
Nous allons principalement lancer de nouvelles applications en ligne. Cinq ou six cette année, selon nos prévisions. Nous avons signé un accord avec AC Nielsen, LSA et B&B Market et, le 20 juin, nous allons mettre en ligne sur le site de LSA et sur celui d'Asterop une application concernant la grande distribution : Géo-potentiel. Cette nouvelle solution permettra à n'importe qui de choisir un magasin appartenant à une enseigne de distribution, de choisir un produit alimentaire, de délimiter une zone de chalandise et de calculer ainsi le potentiel de consommation, tout en tenant compte de la concurrence. La grande nouveauté, c'est que les résultats seront fournis instantanément et pour une somme bien en-deçà des prix généralement pratiqués pour une telle étude, puisque chaque requête sera commercialisée 3.000 francs avec, à la clé, une synthèse d'une dizaine de page. Le paiement se fera à la transaction ou par abonnement.

Quel est, selon vous, le potentiel de cette application ?
Nous visons la grande distribution, que ce soit du côté des enseignes que du côté des fabricants qui souhaitent connaître le potentiel de leurs produits de manière très affinée. A moyen terme, nous allons d'ailleurs élargir les thèmes des études sur les produits non alimentaires, sur l'équipement de la maison et sur l'équipement sportif. Selon nos projections, notre solution peut intéresser 40.000 professionnels de la grande distribution et de l'industrie. Si l'on estime que 10 % d'entre eux vont être finalement séduits par notre application, s'ils passent chacun commande d'une analyse par an, cela nous permet tout de même de dégager 12 millions de chiffre d'affaires !

Quelles sont justement vos objectifs en terme de chiffre d'affaires ?
Nous avons annoncé vouloir réaliser un chiffre d'affaires de 9 millions d'euros douze mois après notre troisième levée de fonds, c'est à dire en mai 2002. Sur la durée, nous enregistrons une progression régulière et relativement élevée. En 99, nous n'avons pas eu de revenus car notre solution technologique n'était pas encore commercialisée. En 2000, le chiffre d'affaires était de 2 millions de francs, mais nous avions déjà un bon de commandes de 7 millions de francs. Pour 2001, nous pouvons sérieusement compter sur un CA de 4,5 millions d'euros. L'année suivante, l'objectif est de monter à 25 ou 30 millions d'euros grâce au développement international.

Comment se répartit le chiffre d'affaires ?
A l'heure actuelle, l'essentiel de nos revenus proviennent des solutions Intranet que nous proposons aux grands comptes, nos principaux clients. Très concrètement, l'Intranet représente 80 % de notre chiffre d'affaires, l'ASP, 15 % et le online, seulement 5 %. Avec le lancement de nos nouvelles applications, les revenus issus de nos solutions en ligne devrait atteindre 30 % du chiffre d'affaires à la fin 2001 et au moins 50% en 2002.

Quels sont vos principaux clients ?
Nous travaillons majoritairement avec des grands comptes. On peut par exemple citer Air Liquide, PPR, Bouygues Télécom, BravoBuild, Conforama, Delphi, etc. Au total, ce sont une cinquantaine de sociétés qui travaillent avec nous. Dernièrement, le Syndicat de la presse magazine est devenu client. Et nous espérons que les applications en ligne vont permettre d'élargir notre portefeuille de clients vers les PME. D'ores et déjà, le fait d'enregistrer 3.000 connexions par mois sur notre site alors qu'il s'agit d'une interface BtoB, c'est encourageant.

Envisagez-vous une éventuelle entrée en Bourse ?
Les trois tours de table que nous avons réalisés étaient nécessaires à la survie de la société. Grâce aux 10 millions d'euros levés, nous disposons désormais de dix-huit mois de tranquillité, ce qui est suffisant pour atteindre la rentabilité. Mais nous envisageons d'ores et déjà une prochaine levée de fonds en 2002 pour le développement de la société. Celle-ci se fera par un autre tour de table auprès d'investisseurs privés, déjà présents ou non dans le capital, ou par une entrée en Bourse sur le marché européen. Tout dépendra de l'état du marché boursier mais quoi qu'il en soit, nous attendrons de développer considérablement notre filiale américaine avant de tenter notre chance sur ce marché boursier.

Qu'est-ce que vous aimez le plus sur Internet ?
Ce que cela va changer pour les entreprises. Internet est un nouveau monde qui permet de donner des réponses instantanément et de rendre accessible des concepts compliqués et chers aux PME et aux grands comptes grâce à la mutualisation.

Qu'est-ce qui vous déplaît sur le web ?
Le fait qu'Internet soit utilisé pour n'importe quoi et que cela dénature sa véritable fonction.

Personnellement, quel est votre site préféré ?
J'aime les sites innovants et astucieux. Par exemple, le site créé spécialement pour le Salon du Bourget par Dassault Aviation (Lire l'article du JDNet du 11/06/01) m'a littéralement impressionné par la qualité de ses applications et la possibilité de visionner les avions en 3D et de les manipuler.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
Christophe Girardier, 38 ans, est co-fondateur et président d'Asterop. Avant de se lancer dans cette aventure, il a travaillé pendant neuf ans dans les systèmes d'information géographique, dont sept années en tant que directeur des ventes et directeur de développements internationaux (Etats-Unis, Japon, Angleterre, Allemagne) dans plusieurs sociétés informatiques. Christophe Girardier a également lancé MapInfo en Europe, une autre solution de business géo-intelligence.

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International