JDNet. Vous
avez réalisé une troisième levée
de fonds de 10 millions d'euros en mai dernier, pouvez-vous
nous préciser la composition de ce tour de table ?
Christophe Girardier.
Nous avons initié cette levée de fonds
à partir de la fin de l'année et il a
fallu cinq mois de concertation avec notre nouvel investisseur
Accenture
Technology Venture, fonds américain, avant
d'aboutir à un accord. Air
Liquide Ventures et Turennes
Capital, déjà présents dans
le capital, ont tenu à participer à cette
troisième levée. Après un premier
tour de table de 5 millions de francs (dont 2 millions
de l'ANVAR)
et un second tour de 18 millions, cette levée
est la plus importante jamais réalisée.
En terme de répartition du capital, le groupe
des fondateurs et des premiers business angels reste
majoritaire. Pour le troisième tour, c'est Accenture
Technology Venture, nouvel entrant, qui est lead investisseur.
La société a été très
bien valorisée, en très nette hausse par
rapport aux précédents tours de table.
Quelles
sont les principales affectations de ce nouvel apport
de financement ?
Notre première levée a permis de financer
notre développement technologique. La seconde
a permis d'initier la commercialisation de cette technologie.
Le troisième tour de table nous permet de poursuivre
nos activités en France mais aussi de développer
des filiales aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Asterop
va passer de 30 à 85 salariés pour accompagner
ce déploiement à l'étranger et
le développement de la commercialisation de nos
solutions en France. Parmi les recrutements prévus,
nous allons embaucher 25 personnes pour notre filiale
basée à New-York. Je tiens aussi à
préciser que, en février 2001, donc peu
avant le bouclage du troisième tour de table,
nous avions déjà signé un accord
de partenariat avec le Japonais KKC. Kokusaï
Kogyo Co est une société spécialisée
dans la préventions des risques majeurs tels
que les tremblements de terre. Leur système d'information
géo-statistique était parfaitement compatible
avec nos activités, ce qui nous a encouragé
à signer une alliance pour investir le difficile
marché nippon.
Qu'en
est-il de la recherche & développement ?
Le nouvel apport de financement va nous permettre d'accroître
encore nos efforts dans ce domaine. Nous avons prévu
d'investir deux fois plus dans les deux années
à venir que ce que nous avons fait dans ce secteur
jusqu'à présent. Notre avance technologique
est cruciale dans notre métier de géo-intelligence.
Nous continuons d'ailleurs notre partenariat avec l'INRIA
(Institut national de recherche en informatique et automatique).
Je viens de créer spécialement un comité
scientifique incluant des responsables de l'INRIA qui
sera présent auprès d'Asterop pour accompagner
la société dans son développement
technologique. Par ailleurs, l'ANVAR, qui était
présente au premier tour de table, souhaite continuer
à nous aider pour nos recherches.
Quels
sont les grands projets prévus cette année
chez Asterop ?
Nous allons principalement lancer de nouvelles applications
en ligne. Cinq ou six cette année, selon nos
prévisions. Nous avons signé un accord
avec AC
Nielsen, LSA
et B&B
Market et, le 20 juin, nous allons mettre en ligne
sur le site de LSA et sur celui d'Asterop une application
concernant la grande distribution : Géo-potentiel.
Cette nouvelle solution permettra à n'importe
qui de choisir un magasin appartenant à une enseigne
de distribution, de choisir un produit alimentaire,
de délimiter une zone de chalandise et de calculer
ainsi le potentiel de consommation, tout en tenant compte
de la concurrence. La grande nouveauté, c'est
que les résultats seront fournis instantanément
et pour une somme bien en-deçà des prix
généralement pratiqués pour une
telle étude, puisque chaque requête sera
commercialisée 3.000 francs avec, à la
clé, une synthèse d'une dizaine de page.
Le paiement se fera à la transaction ou par abonnement.
Quel
est, selon vous, le potentiel de cette application ?
Nous visons la grande distribution, que ce soit du côté
des enseignes que du côté des fabricants
qui souhaitent connaître le potentiel de leurs
produits de manière très affinée.
A moyen terme, nous allons d'ailleurs élargir
les thèmes des études sur les produits
non alimentaires, sur l'équipement de la maison
et sur l'équipement sportif. Selon nos projections,
notre solution peut intéresser 40.000 professionnels
de la grande distribution et de l'industrie. Si l'on
estime que 10 % d'entre eux vont être finalement
séduits par notre application, s'ils passent
chacun commande d'une analyse par an, cela nous permet
tout de même de dégager 12 millions de
chiffre d'affaires !
Quelles
sont justement vos objectifs en terme de chiffre d'affaires ?
Nous avons annoncé vouloir réaliser un
chiffre d'affaires de 9 millions d'euros douze mois
après notre troisième levée de
fonds, c'est à dire en mai 2002. Sur la durée,
nous enregistrons une progression régulière
et relativement élevée. En 99, nous n'avons
pas eu de revenus car notre solution technologique n'était
pas encore commercialisée. En 2000, le chiffre
d'affaires était de 2 millions de francs, mais
nous avions déjà un bon de commandes de
7 millions de francs. Pour 2001, nous pouvons sérieusement
compter sur un CA de 4,5 millions d'euros. L'année
suivante, l'objectif est de monter à 25 ou 30
millions d'euros grâce au développement
international.
Comment
se répartit le chiffre d'affaires ?
A l'heure actuelle, l'essentiel de nos revenus proviennent
des solutions Intranet que nous proposons aux grands
comptes, nos principaux clients. Très concrètement,
l'Intranet représente 80 % de notre chiffre
d'affaires, l'ASP, 15 % et le online, seulement
5 %. Avec le lancement de nos nouvelles applications,
les revenus issus de nos solutions en ligne devrait
atteindre 30 % du chiffre d'affaires à la
fin 2001 et au moins 50% en 2002.
Quels
sont vos principaux clients ?
Nous
travaillons majoritairement avec des grands comptes.
On peut par exemple citer Air Liquide, PPR, Bouygues
Télécom, BravoBuild, Conforama, Delphi,
etc. Au total, ce sont une cinquantaine de sociétés
qui travaillent avec nous. Dernièrement, le Syndicat
de la presse magazine est devenu client. Et nous espérons
que les applications en ligne vont permettre d'élargir
notre portefeuille de clients vers les PME. D'ores et
déjà, le fait d'enregistrer 3.000 connexions
par mois sur notre site alors qu'il s'agit d'une interface
BtoB, c'est encourageant.
Envisagez-vous
une éventuelle entrée en Bourse ?
Les trois tours de table que nous avons réalisés
étaient nécessaires à la survie
de la société. Grâce aux 10 millions
d'euros levés, nous disposons désormais
de dix-huit mois de tranquillité, ce qui est
suffisant pour atteindre la rentabilité. Mais
nous envisageons d'ores et déjà une prochaine
levée de fonds en 2002 pour le développement
de la société. Celle-ci se fera par un
autre tour de table auprès d'investisseurs privés,
déjà présents ou non dans le capital,
ou par une entrée en Bourse sur le marché
européen. Tout dépendra de l'état
du marché boursier mais quoi qu'il en soit, nous
attendrons de développer considérablement notre
filiale américaine avant de tenter notre chance
sur ce marché boursier.
Qu'est-ce
que vous aimez le plus sur Internet ?
Ce que cela va changer pour les entreprises. Internet
est un nouveau monde qui permet de donner des réponses
instantanément et de rendre accessible des concepts
compliqués et chers aux PME et aux grands comptes
grâce à la mutualisation.
Qu'est-ce
qui vous déplaît sur le web ?
Le fait qu'Internet soit utilisé pour n'importe
quoi et que cela dénature sa véritable
fonction.
Personnellement,
quel est votre site préféré ?
J'aime les sites innovants et astucieux. Par exemple,
le site créé spécialement pour
le Salon du Bourget par Dassault Aviation (Lire l'article
du JDNet du 11/06/01) m'a littéralement impressionné
par la qualité de ses applications et la possibilité
de visionner les avions en 3D et de les manipuler.
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