JDNet. Vous visiez 10.000 clients à la fin de
l'année. L'objectif aura du mal à être
atteint ?
Arnaud Giraudon.
Effectivement,
mais le problème ne nous dérange pas.
Contrairement à ce que nous pensions, nous avons
en effet attiré une clientèle beaucoup
plus active et aisée que nous ne le pensions
au départ. A titre d'exemple, nos clients ont
un encours moyen de 60.000 euros et ils exécutent
50 transactions par an. Chez les 21 membres de Brokers-On-line,
l'association dont nous sommes membre, l'encours moyen
est, par comparaison, de 16.400 euros et le nombre de
transactions par compte et par mois est proche de 2
sur le premier semestre de l'année. C'est une
bonne surprise. Au niveau du profil, 50% de nos clients
ont un compte au Crédit Mutuel et le client type
est un homme de 46 ans.
La
position des banques vis-à-vis de leur filiale
de courtage, on l'a vu récemment dans le cas
de Fimatex, est loin d'être claire. Quelle est
celle du Crédit Mutuel avec Symphonis ?
Tout d'abord Crédit Mutuel et Symphonis, ce sont
deux produits et deux concepts totalement différents.
Le Crédit mutuel est un réseau mutualiste
et les caisses sont autonomes sur la stratégie
en matière de courtage en ligne. Il n'y a donc
pas de stratégie unifiée. En clair, les
fédérations n'ont aucune obligation de
vendre Symphonis. Mais, dans la réalité,
la moitié des caisses régionales prescrivent
le courtier à leurs clients de manière
défensive. Cela permet d'éviter que les
clients, à la recherche de tarifs avantageux
en matière de courtage, ne sortent du giron du
Crédit Mutuel. Par ailleurs, ce rattachement
au Crédit Mutuel, offre à Symphonis une
garantie financière. Ce qui est un gage de sécurité
pour le consommateur, surtout dans les temps actuels.
La
crise financière du moment doit quand même
vous affecter...
Nous ne sommes pas dans le même cas que la plupart
des courtiers, notamment ceux qui sont cotés.
D'abord parce que nous sommes soutenus par le cinquième
groupe bancaire français et, ensuite, parce que
nous sommes arrivés plus tard que les autres
sur ce marché. La correction financière
qui a précéde notre arrivée nous
a en effet aidés à ne pas surdimensionner
notre projet. Nous considérons d'ailleurs, depuis
le début, que nous sommes les marathoniens du
courtage en ligne. Nous ne sommes pas là pour
repartir dans un an. Actuellement, nous sommes le cinquième
budget publicitaire sur le premier semestre et nous
devrions maintenir ce rythme dans la deuxième
partie de l'année. En tout cas, nous n'avons
pas varié d'un iota en matière de budget
par rapport à nos prévisions initiales.
Mais
avec 50 ordres par an et par compte vous vous situez
dans la fourchette haute du marché. Pourrez vous
supporter la baisse du nombre de transactions par client
qui semble se profiler ?
Tout dépend du type de structure. Quand vous
avez dépensé une partie de vos investissements
en marketing en espérant une forte rotation du
portefeuille de vos clients, la situation actuelle est
très difficile et les bénéfices
s'éloignent. Mais nous considérons que
nous ne sommes pas dans ce cas. Notre structure emploie
40 personne. elle est loin d'être dispendieuse.
Par ailleurs, nous disposons des tarifs de masse du
Crédit Mutuel ce qui permet de tenir d'excellentes
marges. Nous continuons à viser la rentabilité
d'ici fin 2002, début 2003.
Les courtiers ne vont-ils pas être obligés
de relever leur prix au risque de périr dans
le contexte actuel ?
Ce n'est pas, en
tout cas, à l'ordre du jour pour Symphonis. Même
avec nos faibles tarifs actuels nous gagnons en marge
brute par client. Il y a certes un contexte boursier
peu évident mais l'activité de courtage
en ligne, hors frais marketing, reste très rentable.
Globalement il y a d'ailleurs peu de risques de voir
une faillite retentissante chez les courtiers.
Face à la baisse du nombre de transactions sur
les marchés actions, les courtiers se tournent
massivement vers les produits de gestion collective.
Mais ce produit est-il aussi simple à vendre
et n'est-il pas plus coûteux à commercialiser
?
Oui et non. La
philosophie générale de Symphonis est
justement d'offrir en matière de Sicav et de
FCP ce que nous offrons en actions. C'est-à-dire
un courtage forfaitaire et une réactivité
identique sur le passage d'ordres. Il faut évidemment
accompagner le client, mais cela peut se faire grâce
à l'outil informatique. La présence humaine
n'est pas une condition sine qua non et les coûts
ne seront donc pas forcément plus élevés.
Nous considérons que notre clientèle maîtrise
l'outil informatique et Internet et nous pouvons donc
lui offrir des modules automatisés pour la sélection
de son produit de gestion collective. C'est cet aspect
qui permet justement d'offrir des tarifs compétitifs.
Il n'est pas question d'en changer.
En offrant de plus en plus de produits, les différents
acteurs financiers en ligne semblent converger vers
un modèle unique. Que pensez vous de cette stratégie ?
Actuellement elle
me paraît peu convaincante. Même aux Etats-Unis,
les financiers ne sont pas clairs sur le sujet. L'an
dernier, les établissements en ligne ont voulu
tout intégrer en insérant même la
météo et d'autres services non financiers
sur les portails bancaires américians. Les résultats
n'ont guère été convaincants. A
mon sens, on n'attire pas les mouches avec du vinaigre.
Dans l'avenir, les gens iront plutôt vers les
bons sites pour chaque produit. Si des clients ont ouvert
un compte pour avoir de l'épargne à 5,3%
sur certaines banques en ligne, je suis curieux de savoir
comment on va les convaincre désormais de faire
du courtage et leur vendre d'autres produits. Si le
client peut trouver mieux ailleurs, en terme de prix
par exemple, il ouvrira certainement un autre compte.
En tout cas, Symphonis ne deviendra pas une banque en
ligne pour ces raisons.
Est-ce
que Symphonis pourrait rentrer en Bourse pour financer
sa croissance ? Souhaitez-vous procéder à
des opérations de croissance externe ?
L'entrée
en Bourse n'est pas à l'ordre du jour. Pour la
croissance externe, effectivement nous regardons les
opportunités au niveau horizontale. De telles
opérations seraient surtout destinées
à acquérir des comptes. Tout est question
du prix proposé et de la qualité des comptes.
Qu'est-ce
vous aimez sur Internet ?
Google.com
et surtout le site de Schwab.
C'est un modèle en matière de finance
en ligne.
Qu'est-ce
vous n'aimez pas sur Internet ?
Les sites trop
lents.
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