INTERVIEW
 
Directeur Général
Symphonis
Arnaud Giraudon
"Titre"
Symphonis est un courtier en ligne lancé en septembre 2000, filiale à 100% de la Compagnie Financière du Crédit Mutuel, l'une des holdings du Crédit Mutuel. Un an après sa création, la société qui disposerait actuellement de 65 millions de francs de fonds propres, ne veut pas dévoiler la totalité de ses chiffres mais affirme "être satisfaite de son plan de marche". A l'heure où les courtiers en ligne indépendants souffrent et où les banques hésitent sur la conduite à tenir à l'égard de leur filiale, Arnaud Giraudon, directeur général de Symphonis, analyse le secteur et détaille ses ambitions. 01 septembre 2001
 
          

JDNet. Vous visiez 10.000 clients à la fin de l'année. L'objectif aura du mal à être atteint ?
Arnaud Giraudon. Effectivement, mais le problème ne nous dérange pas. Contrairement à ce que nous pensions, nous avons en effet attiré une clientèle beaucoup plus active et aisée que nous ne le pensions au départ. A titre d'exemple, nos clients ont un encours moyen de 60.000 euros et ils exécutent 50 transactions par an. Chez les 21 membres de Brokers-On-line, l'association dont nous sommes membre, l'encours moyen est, par comparaison, de 16.400 euros et le nombre de transactions par compte et par mois est proche de 2 sur le premier semestre de l'année. C'est une bonne surprise. Au niveau du profil, 50% de nos clients ont un compte au Crédit Mutuel et le client type est un homme de 46 ans.

La position des banques vis-à-vis de leur filiale de courtage, on l'a vu récemment dans le cas de Fimatex, est loin d'être claire. Quelle est celle du Crédit Mutuel avec Symphonis ?
Tout d'abord Crédit Mutuel et Symphonis, ce sont deux produits et deux concepts totalement différents. Le Crédit mutuel est un réseau mutualiste et les caisses sont autonomes sur la stratégie en matière de courtage en ligne. Il n'y a donc pas de stratégie unifiée. En clair, les fédérations n'ont aucune obligation de vendre Symphonis. Mais, dans la réalité, la moitié des caisses régionales prescrivent le courtier à leurs clients de manière défensive. Cela permet d'éviter que les clients, à la recherche de tarifs avantageux en matière de courtage, ne sortent du giron du Crédit Mutuel. Par ailleurs, ce rattachement au Crédit Mutuel, offre à Symphonis une garantie financière. Ce qui est un gage de sécurité pour le consommateur, surtout dans les temps actuels.

La crise financière du moment doit quand même vous affecter...
Nous ne sommes pas dans le même cas que la plupart des courtiers, notamment ceux qui sont cotés. D'abord parce que nous sommes soutenus par le cinquième groupe bancaire français et, ensuite, parce que nous sommes arrivés plus tard que les autres sur ce marché. La correction financière qui a précéde notre arrivée nous a en effet aidés à ne pas surdimensionner notre projet. Nous considérons d'ailleurs, depuis le début, que nous sommes les marathoniens du courtage en ligne. Nous ne sommes pas là pour repartir dans un an. Actuellement, nous sommes le cinquième budget publicitaire sur le premier semestre et nous devrions maintenir ce rythme dans la deuxième partie de l'année. En tout cas, nous n'avons pas varié d'un iota en matière de budget par rapport à nos prévisions initiales.

Mais avec 50 ordres par an et par compte vous vous situez dans la fourchette haute du marché. Pourrez vous supporter la baisse du nombre de transactions par client qui semble se profiler ?
Tout dépend du type de structure. Quand vous avez dépensé une partie de vos investissements en marketing en espérant une forte rotation du portefeuille de vos clients, la situation actuelle est très difficile et les bénéfices s'éloignent. Mais nous considérons que nous ne sommes pas dans ce cas. Notre structure emploie 40 personne. elle est loin d'être dispendieuse. Par ailleurs, nous disposons des tarifs de masse du Crédit Mutuel ce qui permet de tenir d'excellentes marges. Nous continuons à viser la rentabilité d'ici fin 2002, début 2003.

Les courtiers ne vont-ils pas être obligés de relever leur prix au risque de périr dans le contexte actuel ?
Ce n'est pas, en tout cas, à l'ordre du jour pour Symphonis. Même avec nos faibles tarifs actuels nous gagnons en marge brute par client. Il y a certes un contexte boursier peu évident mais l'activité de courtage en ligne, hors frais marketing, reste très rentable. Globalement il y a d'ailleurs peu de risques de voir une faillite retentissante chez les courtiers.

Face à la baisse du nombre de transactions sur les marchés actions, les courtiers se tournent massivement vers les produits de gestion collective. Mais ce produit est-il aussi simple à vendre et n'est-il pas plus coûteux à commercialiser ?
Oui et non. La philosophie générale de Symphonis est justement d'offrir en matière de Sicav et de FCP ce que nous offrons en actions. C'est-à-dire un courtage forfaitaire et une réactivité identique sur le passage d'ordres. Il faut évidemment accompagner le client, mais cela peut se faire grâce à l'outil informatique. La présence humaine n'est pas une condition sine qua non et les coûts ne seront donc pas forcément plus élevés. Nous considérons que notre clientèle maîtrise l'outil informatique et Internet et nous pouvons donc lui offrir des modules automatisés pour la sélection de son produit de gestion collective. C'est cet aspect qui permet justement d'offrir des tarifs compétitifs. Il n'est pas question d'en changer.

En offrant de plus en plus de produits, les différents acteurs financiers en ligne semblent converger vers un modèle unique. Que pensez vous de cette stratégie ?
Actuellement elle me paraît peu convaincante. Même aux Etats-Unis, les financiers ne sont pas clairs sur le sujet. L'an dernier, les établissements en ligne ont voulu tout intégrer en insérant même la météo et d'autres services non financiers sur les portails bancaires américians. Les résultats n'ont guère été convaincants. A mon sens, on n'attire pas les mouches avec du vinaigre. Dans l'avenir, les gens iront plutôt vers les bons sites pour chaque produit. Si des clients ont ouvert un compte pour avoir de l'épargne à 5,3% sur certaines banques en ligne, je suis curieux de savoir comment on va les convaincre désormais de faire du courtage et leur vendre d'autres produits. Si le client peut trouver mieux ailleurs, en terme de prix par exemple, il ouvrira certainement un autre compte. En tout cas, Symphonis ne deviendra pas une banque en ligne pour ces raisons.

Est-ce que Symphonis pourrait rentrer en Bourse pour financer sa croissance ? Souhaitez-vous procéder à des opérations de croissance externe ?
L'entrée en Bourse n'est pas à l'ordre du jour. Pour la croissance externe, effectivement nous regardons les opportunités au niveau horizontale. De telles opérations seraient surtout destinées à acquérir des comptes. Tout est question du prix proposé et de la qualité des comptes.

Qu'est-ce vous aimez sur Internet ?
Google.com et surtout le site de Schwab. C'est un modèle en matière de finance en ligne.

Qu'est-ce vous n'aimez pas sur Internet ?
Les sites trop lents.

 
Propos recueillis par Jérôme Batteau

PARCOURS
 
Arnaud Giraudon, 33 ans, est diplômé de l'école Centrale de Paris et d'HEC. Ancien contrôleur de gestion dans le groupe Crédit Mutuel, il est directeur général de Symphonis depuis l'année dernière.

   
 
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