INTERVIEW
 
Président
IAB Europe et IAB UK
Danny Meadows-Klue
"Je suis très optimiste pour l'e-pub en 2003"

Président de l'Interactive Advertising Bureau Europe depuis quatorze mois, Danny Meadows-Klue est également à la tête de l'IAB britannique. Cette semaine, il était présent à Paris dans le cadre d'une présentation des marchés publicitaires européen et américain organisée par l'IAB France. L'occasion pour faire le point sur de nombreux dossiers : le rôle de l'IAB Europe, les similitudes et divergences entre les marchés publicitaires des différents pays, les relations entre les différents bureaux européens de l'IAB ...

19 décembre 2002
 
          
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JDNet. Quelle est la finalité de l'IAB Europe ?
Danny Meadows-Klue. L'IAB Europe a été créé pour soutenir les bureaux locaux. Il existe aujourd'hui des antennes nationales dans douze pays d'Europe et nous travaillons en ce moment sur la création de trois ou quatre autres bureaux qui sont en gestation. L'IAB Europe est une organisation assez formelle avec une équipe minimum basée à Bruxelles. A notre mission de soutien aux équipes nationales s'ajoute aussi une volonté de partage des connaissances entre les marchés.

Comment les différents bureaux IAB collaborent-ils concrètement au sein de la structure européenne ?
Les bureaux IAB sont gérés indépendamment dans chaque pays. IAB Europe ne contrôle pas les IAB locaux, il se contente de faire le lien entre les différents bureaux. La mission de l'IAB dans chaque pays, malgré quelques différences, a beaucoup de points communs et place, au coeur de ses préoccupations, la croissance du marché de la publicité en ligne. C'est pourquoi nous avons adopté un programme composé de plusieurs points clés : la mise en commun des recherches et des études, l'organisation d'événements, comme celui de cette semaine à Paris, la mise en place de "think tank" sur les standards publicitaires, la créativité ou encore la mesure d'audience. L'idée est de créer une sorte de guide des "best practices".

Mais les différences de développement selon les pays ne posent-elles pas de problème ? N'y a-t-il pas un IAB Europe à deux vitesses avec d'un côté trois grands pays (Royaume-Uni, Allemagne et France) et de l'autre les plus petits pays qui, pour certains, découvrent l'e-pub ?
Il est vrai qu'il y a probablement plusieurs niveaux au sein de l'IAB Europe. Si vous regardez un pays comme la Finlande, c'est un petit marché mais certainement le plus en avancé au niveau technologique. Il dispose déjà de 1 % de ses investissements publicitaires sur Internet. La proportion est équivalente au Royaume-Uni. En revanche, en Grèce, l'e-pub doit représenter 0,3 % du marché mais c'est un pays qui débute. Il y a donc plusieurs niveaux et pas seulement deux : les trois grands marchés d'un côté et les autres. Ce qui est important, c'est que le partage des connaissances est enrichissant pour tout le monde. L'équipe Slovène fait par exemple du très bon travail en terme de créativité, l'IAB Espagne a aussi des idées très intéressantes pour développer l'e-pub. C'est en partageant toutes ces informations, toutes ces idées que chaque pays pourra renforcer son marché et le faire croître.

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Allez-vous mettre en place une recherche véritablement pan-européenne sur la puissance du média Internet ?
Peut-être. Nous avons trouvé pour l'instant qu'il était plus intéressant de puiser dans les études de chaque pays. L'étude française NetImpact et Net Impact 2 ont été très souvent citées en exemple dans d'autres pays. Au Royaume-Uni, nous avons réalisé un projet similaire (brand effect) et des études américaines paraissent également de manière régulière. Mon sentiment pour le moment est que les études nationales ont une plus grande valeur. Elles permettent d'obtenir des résultats rapidement et soutiennent efficacement le développement du marché de la publicité en ligne au niveau local. A mon sens, le plus grand challenge de l'IAB Europe est de collecter les études et les recherches réalisées dans chaque pays. Le principal problème aujourd'hui est surtout de pouvoir avoir accès aisément à toutes ces données. Le site de l'IAB européen doit être une sorte de bibliothèque de connaissances.

Mais une étude pan-européenne ne permettrait-elle pas de convaincre efficacement les annonceurs ?
L'e-pub représente sans doute moins de 1 % des investissements publicitaires dans l'ensemble de l'Europe. Toujours est-il que la progression de l'e-pub est très rapide si l'on considère que le marché a été créé il y a seulement cinq ans. C'est inespéré ! Après, c'est aussi une question de temps...

Selon vous, quel est le pays d'Europe le plus avancé en matière de publicité en ligne ?
Chaque pays apporte quelque chose de différent : les marchés britannique et allemand sont les plus développés sur le plan des investissements avec tous les deux plus de 260 millions d'euros de revenus en 2001. La France arrive juste derrière. En terme de sophistication dans la publicité sur supports mobiles, c'est la Scandinavie, et surtout la Finlande, qui est en pointe. Pour la créativité, le Royaume-Uni et l'Espagne ont montré les meilleures idées ces derniers temps. Dans un sens, chaque pays a sa spécialité et peut donc enrichir ses voisins dans un domaine.

Quelles différences faites-vous entre le marché britannique et le marché français ?
Les deux marchés ont beaucoup de points communs : la taille en terme de nombre d'internautes, le temps que les gens passent en ligne, le nombre de sessions chaque mois... Ce qui est sûr, c'est que la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni sont les trois leaders en Europe, les trois principaux acteurs à l'heure actuelle.

Et quelles différences faites-vous entre l'Europe et les Etats-Unis ?
Ce qui est vraiment intéressant, c'est que depuis quelques semaines, l'Internet européen a supplanté l'Internet américain. Il y a maintenant 186 millions d'utilisateurs européens, contre 183 millions internautes en Amérique du Nord. Le fait que l'audience européenne prenne une telle importance est très important : cela signifie que les groupes médias américains vont maintenant redouter le marché européen et que l'Europe a atteint une taille critique pour l'accès Internet.

Oui, mais avec plus de 60 % des investissements en ligne français qui sont concentrés sur quelques grands portails, le marché ne semble pas encore mature...
Je ne suis pas d'accord. Nous voyons la même tendance au Royaume-Uni où 83 % des investissements sont concentrés sur les dix premiers sites en terme d'audience. Cela inclue les portails mais aussi des réseaux marchands, c'est-à-dire plusieurs centaines de sites marchands). En 1997, les deix premiers portails attiraientt 50 % des investissements. Puis cette répartition a progressé jusqu'à près de 90 %. Cette situation s'est stabilisée depuis. Nous ne voyons pas cela comme un signe d'immaturité : dans chaque média, les principaux acteurs concentrent une majorité des investissements. C'est vrai en télévision, radio ou presse écrite. L'Internet se cale juste sur ce modèle.

Etes-vous optimiste quant à l'évolution de l'e-pub en Europe en 2003 ?
Je suis très optimiste pour 2003 ! Les IAB nationaux sont composées de très bonnes équipes et, en travaillant de concert, en partageant nos "best practices", nos expériences, nous avons toutes les chances de convaincre de plus en plus d'annonceurs de communiquer fortement sur le Web.

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L'IAB Europe a été créée en 2000 mais communique très rarement. L'organisation d'un colloque en France est-il le signe d'une plus forte présence médiatique du bureau européen ?
En fait, non, parce que la finalité de l'IAB Europe est de rester dans l'ombre tandis que les IAB locaux sont mis en avant. Je pense qu'il est plus intéressant que l'IAB France réponde à vos questions plutôt que ce soit l'entité européenne qui le fasse. Chaque pays a ses spécificités.

 
Propos recueillis par Florence Santrot

PARCOURS
 
Entre 1995 et 1999, Danny Meadows-Klue a collaboré au quotidien britannique le Daily Telegraph, pour lequel il a travaillé à la création d'une version Internet baptisée "Electronic Telegraph". En 2000, il a rejoint NBC pour devenir vice-président européen du contenu et des produits. Impliqué dans la création de l'IAB UK, fondé en 1997, Danny Meadows-Klue en est le président depuis le début 1999 et fait partie de plusieurs comités gouvernementaux consultatifs, politiques et éducatifs depuis le milieu des années 1990. Il a pris la tête de l'IAB Europe à l'automne 2001.

   
 
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