INTERVIEW
 
PDG
Tiscali/LibertySurf France
Rafi Kouyoumdjian
"Titre"

Après une période de restructuration de l'ensemble de ses activités, qui a débuté en début d'année, Tiscali/LibertySurf France veut présenter un nouveau visage, afin de gommer son étiquette de "FAI gratuit", et relancer son offensive marketing. Un nouvel organigramme a été mis en place dans le courant de l'été (Lire l'article du JDNet du 19/07/01) pour refléter les trois grandes orientations : opérateur télécom (accès Internet, business mobile et cartes téléphonique prépayées, avec Intercall et A Telecom, centres d'appels avec la joint-venture Liberty Contact), groupe média (avec des marques comme Nomade.fr, Chez.com, RESpublica.com, Toobo.com ou MonsieurCinema.com) et développement BtoB (offres professionnelles issus des anciennes entités World Online Business, LibertySurf Entreprises et Freesbee Pro). Dans une optique d'économies d'échelle, des services transversaux ont été mis en place comme une web agency (une équipe de 25 personnes) et une régie publicitaire commune (Tiscali Advertising). Tiscali/LibertySurf France annonce aujourd'hui plus de 900.000 abonnés (par comparaison, Tiscali Group indiquait disposer de 7 millions de membres au niveau européen en mars 2001). Rafi Kouyoumdjian s'explique sur les nouvelles orientations de la filiale française du groupe italien.

22 septembre 2001
 
          

JDNet. Plus de six mois après votre nomination à la présidence de LibertySurf/Tiscali France, estimez-vous avoir réalisé la plus grande partie du chantier de la
restructuration ?

Rafi Kouyoumdjian. Il me semble que nous avons fait l'essentiel. La restructuration est terminée à 90% et nous voulons maintenant tourner cette page. Les six derniers mois, nous nous sommes concentrés sur la véritable création de Tiscali France. Parallèlement à la réorganisation, nous avons réduit notre masse salariale de 35% : il reste environ 500 salariés chez Tiscali France. Nous avons créé des synergies dans le but de parvenir à des échéances de rentabilité prévues en fin d'année.

Avez-vous réglé tous les problèmes liés aux différents plans sociaux qui ont frappé plusieurs de vos entités (Freesbee, World Online, RESpublica) ?

Les plans sociaux ont été réalisés. Les négociations ont été menées en toute transparence et les conditions étaient humainement acceptables. Toute cette partie est derrière nous et je ne perçois pas de difficultés particulières qui persitent sur ce plan-là.

Comment mesurez-vous le chemin parcouru depuis votre prise en fonction chez Tiscali France ?
Je pense que les décisions prises ont été nécessaires. C'est un véritable travail de construction dans une logique industrielle et nous avons essayé d'aller le plus vite possible. La période de développement commercial, sous la houlette de Pierre Besnainou, a eu un succès certain. Dorénavant, depuis fin mars, nous nous efforçons de transformer ce succès commercial en un succès industriel et économique.

N'est-ce pas déroutant pour vos abonnés FAI d'orienter la communication autour d'une seule marque ?
Le projet global évolue et c'est une occasion de rebondir. Vis-à-vis de nos clients, la marque phare est Tiscali/LibertySurf. C'est un co-branding que nous garderons le temps qu'il faut. Nous passerons ensuite à une phase ultime autour de la seule marqueTiscali. Toutefois, la réorganisation des entités a été réalisée en début d'année 2001, à un moment où le marché des FAI était plutôt mou. Je ne pense pas que nous ayons perdu beaucoup de terrain.

Comptez-vous développer vos activités en conservant les deux grandes activités FAI/Télécom et média ?
Notre métier de groupe de communication Internet inclut ces deux pôles. Nous voulons rester sur les deux marchés car ils sont complémentaires.

Le pôle média de Tiscali France doit-il également atteindre la rentabilité d'ici la fin de l'année ?
Le même objectif a été assigné au pôle FAI et à celui dédié aux médias. Mais c'est le premier pôle qui atteindra en premier la rentabilité. Les actifs médias seront proches de cet objectif en fin d'année. Ils deviendront réellement rentables en terme d'exploitation sur l'année 2002. L'organisation que nous avons mise en place nous a permis de générer des économies en terme de coûts : mise en commun de moyens, réduction de la masse salariale, etc.

En terme d'offres d'accès Internet, comptez-vous transformer tous vos abonnés gratuits en membres payants ?
Nous pensons que les deux formes d'abonnement vont
co-exister. Elles ont un intérêt pour nous et pour nos clients. La formule "vous payez ce que vous consommez" a clairement un marché et elle est rentable pour nous. Nous respectons la liberté des internautes qui ne souhaitent pas s'engager dans la durée ou sur des volumes. Est-ce que cela correspond à 40 ou 60% du marché ? Nous verrons. Il est vrai qu'au cours du premier semestre 2001, nous avons insisté sur le forfait. Aujourd'hui, un tiers de notre base est en forfait (soit environ 300.000 clients). Mais les deux formules vont cohabiter. Vis-à-vis de nos clients, nous allons nous engager sur quatre points : la liberté de choisir son accès, la confiance (programme de fidélisation réciproque), l'accompagnement (avec notamment des minutes de hotline gratuite pour les nouveaux abonnés et la gestion de comptes en ligne), et l'innovation qualité. Un directeur en charge de la qualité des services a été nommé en août au sein de Tiscali/LibertySurf France.

Vous comptez mettre l'accent sur le haut débit, à l'instar de Club-Internet ?
Nous pensons que nous avons un bon positionnement. Maintenant, nous avons des conditions règlementaires qui permettent d'avoir un produit rentable. Nous allons développer notre offre d'ici la fin de l'année. Actuellement, nous avons 2.500 abonnés haut débit. [NDLR, le pack haut débit de Tiscali/LibertySurf a été récemment distinguée par L'Internaute]

Quelle importance accordez-vous au développement de vos offres BtoB ?
C'est une activité qui existe au niveau de Tiscali International. Le marché de l'entreprise est en croissance en France. Fin 2001, le BtoB va représenter 5% de notre chiffre d'affaires. L'année prochaine, son poids devrait atteindre 10%.

Dans le domaine de la téléphonie, vous avez signé un accord d'opérateur virtuel avec Bouygues Télécom. Comment comptez-vous exploiter ce type de service ?
C'est un accord qui a été signé au départ avec Intercall. Depuis juin, nous commercialisons des mobiles sous la marque Tiscali/Intercall, disponibles chez des distributeurs comme Phone House. Notre produit est basé sur une tarification simple et moins coûteuse, notamment pour les appels vers l'étranger. Il va évoluer vers l'Internet avec des offres SMS et des liens avec le portail mobile qui devrait ouvrir fin octobre. Globalement, le groupe Tiscali a une stratégie d'opérateur virtuel. Il est présent au Danemark et est en cours de négociation en Grande-Bretagne et en Italie.

Vous attendez beaucoup de l'interconnexion forfaitaire illimitée (IFI) et du dégroupage ?
L'IFI est en oeuvre. Nous avons été l'un des premiers opérateur à la mettre en oeuvre, avec Télécom Développement. Mais ce n'est pas vraiment ce que le marché attendait. L'IFI ne va pas nous permettre de proposer des offres d'accès illimité attractives auprès du grand public. Quant au dégroupage, nous l'attendons toujours. Lorsque je regarde l'état du marché actuellement, je me dis qu'il n'y aura pas d'accès illimité à court terme.

Personnellement, de combien de comptes d'accès Internet disposez-vous ?
Deux : un chez nous et un chez l'un de nos concurrents.

Et combien de boîtes mail ?
Quatre boîtes mails, mais j'en utilise surtout trois.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Rafi Kouyoumdjian, 39 ans, est diplômé de l'Ecole Centrale de Paris. Il a démarré sa carrière dans les ventes chez IBM France, puis a rejoint le groupe de services informatiques Econocom Group, où il a occupé divers postes de responsabilités, notamment la direction de la filiale britannique. En 1995, il devient administrateur délégué puis directeur général du groupe. En 2000, il prend le poste de directeur général chez LibertySurf Group, puis remplace Pierre Besnainou en février 2001 à la présidence.

   
 
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