Quelles
sont vos ambitions avec cette offre de services mulitmédia
mobile ?
Guy Lafarge.
Le groupe Orange prévoit
de tirer 25% de son chiffre d'affaires en data d'ici
2004-2005. Nous souhaitons vulgariser le plus possible
ces nouvelles technologies en montant un forfait à
destination des abonnés finaux mais également
en sensibilisant les fournisseurs de contenu à
ce nouveau marché. Avec notre forfait à
6 euros, la concurrence nous accuse déjà
de brader les technologies émergentes. Nous estimons
qu'au-delà de ce tarif, nous ne trouverons pas
de clients. Il est possible de le proposer car le coût
d'implémentation de la technologie GPRS est moindre.
Même s'il faut reconnaître que les marges
sur ce type de services sont réduites. Notre
objectif reste de faire du "mass market".
Comment
comptez-vous communiquer autour de cette nouvelle offre
?
L'axe de la promotion tourne
autour des nouveaux terminaux à écran
couleur avec des fonctionnalités GPRS. Toutefois,
notre première cible restent nos abonnés
: d'une part ceux qui sont susceptibles de renouveler
leurs terminaux et ceux qui utilisent déjà
le Wap ou qui disposent d'un terminal compatible Wap.
5 millions de terminaux compatibles Wap ont été
vendus et nous recensons 1,5 million de clients "actifs"
Wap chez Orange. C'est assez porteur. Nous allons les
toucher par marketing direct. La campagne va débuter
au début de l'été et redémarrera
à la rentrée. L'offre sera prolongée
en terme de communication grand public jusqu'à
la fin de l'année. Pour le moment, il n'existe
que trois terminaux couleurs sur le marché [NDLR
: actuellement, trois mobiles Wap GPRS sont homologués
par Orange : Samsung T100, Philips Fisio 820 et Sony
Ericsson T68i]. Mais, d'ici la fin de l'année,
il y a en aura beaucoup plus. De plus, le MMS
[NDLR : Multimedia Message Service, version avancée
du SMS] sera lancé.
Vous
rencontrez des problèmes techniques sur les terminaux
du fabricant de mobiles Nokia...
Les problèmes d'interfonctionnement
réseaux avec les terminaux Nokia sont réglés.
D'autres constructeurs ont pris du retard dans la mise
en place de leur GPRS. Mais Sagem et Samsung vont en
lancer prochainement et le choix de terminaux compatibles
GPRS sera assez conséquent d'ici la fin de l'année.
A côté des problèmes réseaux
apparaissent des questions de paramétrage des
terminaux. C'est comme si une personne voulait démarrer
son ordinateur sans avoir au préalable installé
un système d'exploitation. Il peut naître
une déception du côté des consommateurs.
C'est également pour cette raison que nous privilégions
la vente de pack "Orange". La clé du
succès, c'est le "plug and play" :
un abonné installe la carte SIM sur son mobile
et tout est pré-installé.
En
terme d'attente des consommateurs, on a l'impression
que l'UMTS fait de l'ombre au GPRS...
Il n'y aura pas d'UMTS sans
passer par le GPRS. Quand nous ouvrirons la téléphonie
troisième génération, nous ne pourrons
pas couvrir immédiatement l'ensemble de la France.
Donc, nous démarrons par une dizaine de villes.
Le GPRS sera le principal lien avec l'UMTS en terme
de services "data". Les technologies sont
totalement complémentaires. C'est la même
chose pour les contenus : il faut savoir les développer
en 2,5G avant de penser un déploiement en 3G.
Ce qui fera la différence entre le GPRS et l'UMTS,
c'est essentiellement l'aspect streaming et la visiophonie.
D'ici fin 2003, Orange aura débuté le
déploiement de son réseau UMTS.
Quel
bilan faîtes-vous du premier mois d'exploitation
du programme SMS+?
Un tirage au sort, contrôlé
par huissier de justice, a permis de déterminer
les sociétés qui pourront déployer
en premier leurs services de SMS
surtaxé . Sur cette session, nous avions
recensé 300 candidats : une cinquantaine ont
été sélectionnés pour être
raccordés à notre réseau et les
premiers seront opérationnels très prochainement.
Je pense que, d'ici la fin de l'année, entre
500 et 800 services SMS+ seront déployés
sur notre réseau. Actuellement, il existe trois
paliers de tarification (0,05, 0,10 et 0,35 euro). En
accord avec les éditeurs, nous avons convenu
de faire du volume dans un premier temps. C'est pour
cette raison que nous ne souhaitons pas mettre en place
des paliers trop hauts au départ, afin que le
marché puisse décoller.
Estimez-vous
que les bases retenues pour le SMS+ vont permettre l'éclosion
d'un modèle économique viable pour les
éditeurs de contenu ?
Ce que l'on a calibré
démontre que le système est viable. Après,
le fait que les éditeurs veulent un reversement
plus important et que nous souhaitons en donner moins,
c'est le jeu de la négociation. Je vous rappelle
que nous devons supporter les risques d'impayés.
Nous effectuons la facturation et la gestion des clients
pour compte de tiers. Avec cela, les éditeurs
gagnent un peu d'argent.
Vous
proposez de multiples services et contenus sur votre
portail Orange. Etes-vous producteur ou agrégateur
?
Nous ne produisons quasiment
aucun contenu. Nous pouvons les acheter à Wanadoo
ou à des prestataires extérieurs, car
Wanadoo n'est pas forcément notre partenaire
privilégié. Ainsi, dans le domaine du
sport, nous avons un accord avec L'Equipe. Même
pour le site éditorial Orange dédié
au cinéma (Making of Orange), nous faisons appel
à une équipe Internet en sous-traitance.
Il existe également des partenariats mutualisés
au niveau groupe Orange : par exemple, nous avons acquis
des droits sur le jeu "Qui veut gagner des millions".
Que
vous inspire le développement des services mobiles
au Japon ?
Je connais bien le contexte
du marché japonais qui est fermé, à
la différence de l'environnement européen.
Le poids de l'opérateur DoCoMo est dominant actuellement
mais remis en cause par le challenger J Phone. Entre
le Japon et l'Europe, les modèles de revenus
sont du même acabit. Mais nous avons des particularités
en France : par exemple, le modèle du kiosque
(Audiote, Minitel). Je ne crois pas à la retranscription
intégrale du modèle japonais. Je pense
que nous pouvons faire aussi bien, voire mieux que les
Japonais. Les jeux en java sur i-Mode sont par exemple
d'une grande pauvreté. Des sociétés
européennes comme In Fusio montent des projets
beaucoup plus spectaculaires.
Orange
a fait de Zinedine Zidane son porte-drapeau. La déroute
des Bleus au Mondial ne vous a pas gêné
en terme de communication ?
Orange n'est pas sponsor officiel
des Bleus ou de la Coupe du Monde. Le seul joueur qui
n'ait pas été affecté par la déroute
de l'équipe de France, c'est Zinedine Zidane
et nous sommes persuadés qu'il reste le meilleur.
Donc, nous n'avons pas changé notre plan média.
Je vous signale que le 12 juin, Zinedine Zidane a annoncé
en exclusivité via Orange la fin de sa carrière
internationale après l'Euro 2004. Une information
reprise le lendemain par L'Equipe.
Quel
est votre site d'informations favori ?
LesEchos.fr. Je détiens
un petit portefeuille d'actions. Je regarde souvent
comment cela évolue.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
Je suis un très gros
consommateur de mails. Et je suis un fana de la météorologie
internationale. Je connais beaucoup de sites américains
dédiés.
Que
détestez-vous sur Internet ?
J'essaie d'éviter les
sites d'informations qui cachent du rédactionnel
publicitaire.
Groupe
Orange en chiffres (résultat 2001)
|
Chiffre
d'affaires 2001 |
15,087
milliards d'euros
(dont 6,876 en France)
|
Résultat
opérationnel |
1,44
milliard d'euros
(l'Ebitda en France s'élève à
2,185 milliard)
|
Nombre
de clients groupe |
39,
3 millions
(dont 18,3 millions en France au 31/03/02)
|
Nombre
de messages courts (SMS) envoyés
|
1,5
milliard (Orange France)
5,2 milliards (Orange UK)
|
|