FINANCE 
 
Vladimir Lasocki
Directeur associé
The Carlyle Group
Vladimir Lasocki
"Il y a des opportunités à saisir dans les télécoms et les réseaux"
The Carlyle Group gère 16 milliards d'euros en capital-investissement à travers le monde. Vladimir Lasocki, directeur associé de l'entité européenne fait le point sur les investissements réalisés, les secteurs et les profils d'entreprises qu'il surveille en particulier.
(01/04/2004)
 
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Vladimir Lasocki
The Carlyle Group
Dossier Capital risque
Forum Financement
JDN. Où en est votre fonds de capital-risque européen ?
Vladimir Lasocki En Europe, le fonds de capital-risque Carlyle, créé en avril 2000, capitalise 550 millions d'euros. Nous avons déjà investi les deux tiers dans dix-sept sociétés, dont trois françaises : Solsoft, BFinance et Egencia, dont nous finalisons la sortie [lire l'article du 30/03/04, ndlr]. Deux autres participations sont de nationalité mixte : Casema (opérateur néerlandais de télévision par câble), racheté à France Télécom, et Trema (éditeur suédois de logiciels de gestion de trésorerie, situé à Sophia-Antipolis). En 2003, nous avons d'une part consolidé nos positions en refinançant Egencia, Solsoft et Orthogon Systems et, d'autre part, investi dans des sociétés à un stade de développement plus avancé : Casema (buy-out) et Fennel, une société allemande du secteur automobile (14 millions d'euros en capital-développement). Le reste du temps nous l'avons passé à développer nos activités sur les activités de capital-développement et de LBO sur lesquelles nous étions paradoxalement en retard.

Quelle est votre stratégie pour 2004 ?

Les 200 millions d'euros qui constituent le solde du fonds sont destinés soit à du capital-développement, soit à des rachats complets de sociétés. En 2004, nous voulons investir de 75 à 80 millions d'euros en nouveaux investissements, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. Nous cherchons à faire entre deux et quatre transactions de 15 à 30 millions d'euros chacune sur des opérations de capital-développement ou de LBO. Les sociétés visées sont des entreprises matures, qui génèrent de 10 à 15 millions d'euros de chiffre d'affaires et qui n'auront pas besoin d'autres investissements par la suite. Nous gardons également 80 millions pour nos participations existantes. Aujourd'hui nous nous concentrons sur ces deux activités de buy-out et de développement pour plusieurs raisons : tout d'abord pour pondérer et équilibrer notre portefeuille, mais aussi parce que les opportunités de rachat se multiplient et les valorisations avancées sont vraiment intéressantes. De plus, sur ce type d'opération de rachat complet, Carlyle a l'avantage concurrentiel de pouvoir faire un choix sélectif et de signer des chèques importants de 10, 15 ou 20 millions d'euros.

Quels sont vos critères d'entrée dans une société ?
En plus de la logique purement financière, nous nous appliquons à faire une véritable analyse qualitative du business. Nous n'intervenons que dans des cas où Carlyle peut faire la différence. Et en général, les axes sur lesquels nous souhaitons concentrer nos efforts sont le développement international, parce que nous avons un réseau inégalé pour aider les boîtes dans ce domaine, mais aussi les synergies avec les autres entreprises du groupe Carlyle (plus de 300 sociétés). Enfin, nous pensons apporter une valeur ajoutée sur certaines opérations de nature stratégique, de croissance externe par exemple.

Quelle est la performance de vos fonds ?
Nous ne communiquons pas sur nos performances. Je peux seulement vous dire que nous avons retiré un rendement annuel moyen de plus de 30 % sur Egencia, dans laquelle nous avons investi plus de 11 millions d'euros. Et, en 2003, nous avons sorti 40 % de notre investissement de Casema par opération de recapitalisation (le surplus de cash dégagé a été redistribué sous forme de dividendes exceptionnels).
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Nous nous intéressons à la sécurité et aux solutions sans-fil."
Y a-t-il des secteurs d'activités que vous surveillez particulièrement ?
Effectivement il y a deux secteurs sur lesquels j'ai un oeil, d'une part parce que j'y ai déjà investi et d'autre part parce que je pense que cela va payer. Le premier est la sécurité, nous avons ainsi investi dans Solsoft il y a quatre ans. C'est une activité qui devient une priorité importante pour les entreprises, les gouvernements et plus généralement pour tous ceux qui ont un budget IT. Par ailleurs, on s'aperçoit qu'il ne s'agit plus seulement de fournir des solutions techniques, mais plutôt des solutions de gestion de processus, de management. La France est plutôt au fait dans ce secteur. L'autre domaine est l'application du phénomène wi-fi à l'extérieur des bâtiments, qui n'est pas encore possible en France du fait de la réglementation. Nous avons investi dans Orthogon qui travaille dans ce secteur et beaucoup aux Etats-Unis. Avec cette société on voit une émergence fascinante de la demande. Wal-Mart, qui veut devenir FAI en utilisant la norme WiMax en est le plus bel exemple. En France, nous sommes encore en retard sur la réglementation parce que l'Europe a poussé très fort sur les standards alternatifs (les réseaux hyper LAN et MAN) mais les collectivités locales devraient faire effet de levier avec leurs initiatives locales de création de réseaux.

Dans quelles types d'entreprise prévoyez-vous d'investir en 2004 ?
Il y a beaucoup d'opportunités à saisir du côté des opérateurs télécoms et réseaux, que ce soit dans le câble, le satellite, l'accès ou le transport. Il y a des sociétés qui ont construit des actifs importants en investissant beaucoup au cours des trois dernières années, et qui aujourd'hui peuvent être rachetées pour 20 % de leur valeur. Nous considérons également les opportunités d'investissements dans deux grands domaines qui sont les logiciels d'entreprises et les équipements hardware, pour des applications dans les télécoms, l'aéronautique, la défense, les tests et mesures... Ces derniers marchés manquent encore de variété en France comparé aux Etats-Unis, ils méritent de se développer.

Nous travaillions à la sortie d'Egencia depuis juillet 2003."
En dehors d'Egencia, quelles autres sorties pouvez-vous annoncer ? Des opérations comme celles d'Iliad et de Kelkoo contribuent-elles à accélérer le processus ?
Nous travaillons à sortir des sociétés de notre portefeuille de capital-risque dans les dix-huit prochains mois. Solsoft et BFinance pour le secteur de l'Internet, sont en l'occurence deux sociétés qui marchent bien. Il faut bien comprendre que le processus de sortie est très long et que la démarche est beaucoup moins spéculative que stratégique. Pour Egencia, par exemple, nous y travaillions de manière intensive depuis juillet 2003. Donc à moins d'un nouveau 11 septembre, les actions entamées ne devrait pas être impactées par le fait d'un Yahoo ou d'un Free.

Dans quelle société auriez-vous aimé investir ?
Wavecom [application sans-fil, ndlr] qui est un très beau succès.

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Vladimir Lasocki
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Quels sont les sites Internet que vous consultez ?
Sur le capital-risque : Venture Source. Et plus généralement Google. Je regarde aussi les sites des sociétés que j'ai en portefeuille et les chat rooms tels que Part15.org, qui en parlent et les recommandent. Cela me permet d'être vraiment immergé dans leur marché pour être ensuite à même de les conseiller.
 
 
Propos recueillis par Philippine ARNAL, JDN

PARCOURS
 
 
Voir la fiche de Vladimir Lasocki dans le Carnet des managers de l'Internet français.

   
 
 
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