JDNet.
Le
nouveau positionnement de MPG Mediacontacts, plus marketing,
est-il une conséquence de l'atonie du marché
de la publicité en ligne ?
Yann Le Roux.
Nous n'étions pas obligés de le faire, mais cette évolution
a eu lieu au fil du temps. La stratégie de développement
de la société s'est peu à peu approfondie à mesure que
nous maîtrisions tout ce qui était conseil média online.
Nous nous sommes interrogés sur les autres moteurs de
croissance du secteur et l'évidence était de devenir
une vraie agence marketing Internet, qui pouvait concourir
non pas contre des web-agencies sur la création de sites,
mais en complément de cette création. Nous sommes capables
d'aller voir une marque ou un site, de pouvoir l'accompagner
sur l'ensemble de ces problématiques avec une forte
logique de retour sur investissement et de mesure d'efficacité.
Quelle
est aujourd'hui la ventilation de vos revenus ?
La partie non média, non liée à la pub, représente
plus de 10 % de nos revenus. Elle est en très forte
croissance. L'e-mailing représente aussi à peu près
10 %, et l'achat d'espace se situe entre 70 et
80 % de nos revenus. Dans cette catégorie,
on retrouve du CPM mais aussi du marketing direct, de
l'acquisition, de l'achat au clic, au lead et autres,
qui sont de plus en plus importants. Aujourd'hui, il
faut savoir gérer de façon transversale la communication
en ligne et l'enjeu n'est plus tellement la maîtrise
d'une expertise, d'une technique.
Comment
a évolué MPG Mediacontacts en 2001 et au premier trimestre
2002 ?
Nous sommes relativement atypiques puisqu'en 2001, nous
avons fait 60 % de croissance. Notre portefeuille
est composé majoritairement de grands comptes et la
crise n'a pas influencé leurs plans de communication
en ligne. En terme de marge brute, nous avons réalisé
3 millions d'euros. Cette année, nous avons un petit
souci : Intel, un de nos clients majeurs avec France
Télécom, a décidé de changer de pays et passe à Londres
pour des raisons de praticité et d'intégration avec
l'agence de communication. La comparaison 2001-2002
sera donc un peu trompeuse mais, à périmètre égal, nous
serons encore en forte croissance, grâce à l'élargissement
des prestations. A périmètre constant, nous tablons
sur un volume équivalent ou un peu moins. Nous n'avons
de toute manière pas de volonté de grossir en volume
mais plutôt d'aller au-delà du média, vers le marketing
online. Selon nous, l'achat d'espace online n'est plus
un sujet en soi. Ce n'est même pas un marché, je pense.
Comment
analysez-vous la publicité en ligne depuis un an ?
Le marché a été plat ou en régression l'année dernière.
Le vrai chiffre se situe sans doute aux alentours de
-20 %. Les régies qui ont fait 0 % de croissance
étaient contentes, mais certaines ont fait -70 %.
Cette année, le marché va se stabiliser, voire remonter
un peu, mais notre périmètre de prestations, d'activités
et notre approche font qu'aujourd'hui nous sommes assez
peu dépendants du marché de la publicité online. Et
si la reprise n'a pas lieu cette année, cela ne nous
empêchera pas de faire des opérations encore très intéressantes
grâce à notre large palette de solutions pour les annonceurs.
Dans
votre collaboration avec les régies, est-ce que vous
avez peu à peu limité votre choix à une poignée d'entre
elles, comme c'est de plus en plus le cas ?
Non, car c'est pénalisant pour les annonceurs. Nous
choisissons d'abord les bons produits médias avant de
se poser la question de savoir si nous travaillons avec
trop de partenaires ou pas. C'est clair qu'objectivement
ce serait beaucoup plus simples pour nous et que ça
rendrait notre activité beaucoup plus profitable, ou
moins déficitaire. Mais ce qui fait aujourd'hui l'intérêt
du média Internet, c'est sa richesse, le fait
qu'un annonceur puisse trouver des solutions tout à
fait différentes. Les portails n'ont pas la réponse
à tout, donc nous avons besoin d'un paysage assez varié.
C'est sûr que 100 régies c'est trop mais je ne suis
pas du tout pour un marché à 20 acteurs.
Mais
le marché risque de se réduire de lui-même, par la force
des choses
Le problème,
c'est que ça fait un an et demi que c'est annoncé mais
que ça n'arrive pas. Il y a même des régies qui se créent.
Cette situation ne fait pas l'affaire des agences mais
des annonceurs, qui bénéficient de solutions
performantes grâce à la concurrence. A
nous de gérer cette complexité. Il faut
également souligner que nous ne "sélectionnons"
pas les régies : nous choisissons les sites
et leurs emplacements. Il est certain qu'il y a des
régies qui ont une offre large et que l'on consulte
très régulièrement mais il n'y
a pas de partenariat exclusif.
Comment
sélectionnez-vous les sites ? Quels sont
vos critères ?
C'est assez
variable. Il y a globalement trois catégories :
les sites ayant un contexte en affinité avec
le produit de l'annonceur, c'est-à-dire qui ont
un environnement en cohérence avec le message
à faire passer. Cela sous-tend que l'agence connaisse
parfaitement l'offre des sites. Deuxième grand
critère, ce sont les études d'audience
qui permettent d'affiner sur la base de données
sociaux-démographiques. Troisièmement,
nous nous basons sur le retour d'expérience.
Depuis le début de notre activité, nous
avons gardé la totalité de l'historique
des campagnes que nous avons gérées et
nous les réutilisons de manière statistique
pour le planning futur.
Quelles
sont les initiatives que vous déployez pour promouvoir
la publicité en ligne auprès des annonceurs ?
Le problème
de base de la pub online, c'est sa complexité.
Pour cela, nous faisons un travail de pédagogie.
Il faut aussi souligner qu'Internet est un média
jeune et donc qu'il est normal qu'il soit sous investi.
C'est la même chose pour les nouvelles chaînes
de télévision : il y a un certain
conservatisme sur les médias traditionnels. La
solution est aussi d'apporter aux annonceurs des offres
packagées, des solutions clef en main. C'est
par exemple le cas pour la Française des Jeux
pour laquelle nous faisons la création et l'achat
d'espace. Sur nos 30 à 35 clients actifs et significatifs,
cinq nous font déjà confiance pour la
création. Le principal est d'instaurer une relation
de confiance et de mesurer l'impact de toute campagne
en ligne. Il nous arrive même de conseiller aux
annonceurs d'investir 15 000 euros "juste
pour voir"...
En
ce qui concerne la mesure d'efficacité, quelles
sont vos méthodes ?
Nous avons
bien entendu des outils de tracking post-clic, de calcul
des PAP, des outils équivalents aux Adserver
pour l'e-mailing, l'affiliation, le marketing viral,
etc. A chaque fois, nous avons un outil adapté
pour mesure le ROI. Et puis, sur la partie branding,
pour la notoriété ou l'image, nous fonctionnons
avec des systèmes de test de campagnes en partenariat
avec Ipsos, avec la même méthodologie que
l'IAB.
Nous en avons déjà fait une quinzaine
de tests de ce type depuis l'été dernier.
En moyenne, ce type d'analyse de campagne représente
moins de 10 % du budget.
Quelles
sont vos activités en terme de marketing direct ?
Nous avons
une très grosse activité d'e-mailing mais
aussi de l'achat au lead et au clic. C'est une part
de nos activités qui prend beaucoup de poids.
Nous sommes sur le point de créer un pôle
e-mailing et un pôle marketing direct pour en
faire un centre d'expertise sur ces métiers.
Il y a encore beaucoup de choses à mettre en
place : les jeux, l'événementiel,
l'animation, le recrutement etc. La collaboration avec
MPG Direct, l'entité marketing direct de MPG,
est de plus en plus étroite et cela nous permet
de partager nos expériences et de proposer des
solutions mixtes on et offline.
Quel
est justement le niveau de collaboration de Mediacontacts
avec les autres entités du groupe MPG ?
Nous travaillons
avec les directeurs de clientèle MPG qui nous
intègrent dans leur
stratégie et nous aident à rentrer sur
des comptes. Mais il y a encore un très fort
potentiel de développement au sein du groupe.
Aujourd'hui, notre pénétration est assez
forte, notamment sur les plus gros clients. Sur les
vinget ou trente premiers clients, je pense que nous
sommes à 70-80 % de pénétration,
ce qui est très satisfaisant. En ce qui concerne,
les échanges transversaux, nous collaborons notamment
avec MPG Direct pour le marketing direct et relationnel,
avec MPG Partenariat pour les opérations spéciales
et avec l'équipe du planning stratégique.
La
dernière campagne qui vous a marqué ?
J'ai vu récemment aux Etats-Unis, sur un site
d'information, une publicité pour une classe
spécifique dans une compagnie aérienne
où les sièges sont à 180° et
s'allongent. Pour illustrer cela, toute la page d'accueil
du site était basculée à l'horizontale
et se remettait ensuite à l'endroit avec la notion
de basculement. Cela doit être extrêmement
compliqué à mettre en place mais il y
a une vraie pertinence et une créativité
dans le format.
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