JDNet.
Comment se structure la stratégie Internet de
France 5 ?
Pierre-Yves Lochon.
Elle s'inscrit dans une stratégie globale, dont
l'objectif est de faire de France 5 un carrefour de
connaissance et de savoir. A partir de l'antenne, que
nous considérons comme le navire amiral, nous
disposons d'une escadrille de réseaux complémentaires
existants ou à venir. Dès janvier 2003,
France 5 aura par exemple une vitrine 24 heures sur
24 par le biais de la télévision numérique
terrestre, l'objectif étant de renforcer l'interactivité
et de démultiplier les moyens qui nous permettent
de remplir notre mission à bien.
De
quelle manière les synergies se développent-elles
entre l'antenne de France 5 et Internet ?
Nous sommes passés
d'une vision d'un site vitrine à celle d'un service
à vraie valeur ajoutée par rapport à
nos programmes. France5.fr doit remplir trois missions
: orienter le public dans la programmation de la chaîne,
prolonger les programmes et impliquer les télépectateurs-internautes
dans le vie des programmes.
En
terme de nouveautés, pourquoi la première
diffusion de "L'Ultime Razzia", émission
plutôt originale consacrée aux produits
culturels, n'a pas été relayée
sur Internet ?
Nous avons opté
pour un service minimum sur ce programme car c'est uniquement
un pilote qui a été diffusé dimanche
après-midi. Cette émission aura une place
sur France5.fr lorsque sa régularité à
l'antenne sera confirmée.
Le
site de France5.fr ne vit-il pas davantage sur le rythme
des émissions que sur celui de la chaîne ?
Il est vrai que la chaîne s'est
bâtie autour de deux éléments phares
: les documentaires et les magazines. Nous cherchons
un effet d'entraînement en nous appuyant sur nos
émissions fortes. Pourtant, sur les six derniers
mois, la grande tendance est justement de s'en affranchir.
Nos plus gros succès en terme d'audience ont
toujours été les sites d'événements
spéciaux non liés à une émission
spécifiquement : les évènements
du 11 septembre, le bicentenaire de Victor Hugo, la
guerre d'Algérie, les vigt ans de l'abolition
de la peine de mort.
Quelles
sont les thématiques fortes sur France5.fr ?
Par ordre d'importance
en terme d'audience, arrivent la catégorie Famille/Ecole
avec le gros succès du site de l'émission
"Les Maternelles", puis la thématique
Médias (en lien avec "Arrêt sur
Image" et "On Aura Tout Lu")
et le service en ligne "Coté Profs"
destiné à la communauté éducative.
Ce sont les plus grosses progressions depuis six mois.
Le mini-site sur Victor Hugo a bénéficié
d'une forte visibilité car il est présent
sur le site de France 5 et sur le portail Wanadoo.fr.
Nous y avons enregistré 400 000 pages vues
en un mois. Cette association a tellement bien marché
que nous allons la renouveler avec Wanadoo mais aussi
d'autres grands portails dans le cadre de co-production
ou de co-diffusion de contenus. En ce moment nous travaillons
sur une autre thématique orientée "familles
et enfants" avec un autre grand acteur du Net.
Wanadoo va également proposer sur "@près
l'école" le mini-sité lié
au documentaire Civilisation, que nous avions diffusé
à l'occasion des fêtes de fin d'année.
C'est une sorte de seconde vie pour ce mini-site qui
avait été réalisé en "rich
media" et qui était destiné au haut
débit. Ce type d'opération nous permet
de valoriser notre contenu interactif.
Comment
vous positionnez-vous par rapport au modèle payant
ou à la diversification des sources de revenus ?
La chaîne
de télévision est financée à
85 % par la redevance. Le même modèle
est décliné pour les activités
Internet de France 5. Nous n'allons pas faire payer
deux fois les internautes. Nos contenus seront toujours
gratuits. Nous essayons de trouver 15 % de revenus
par la publicité, les partenariats ou la revente
de contenus à des portails. L'objectif avec les
portails est avant tout de renforcer la marque France
5 sur Internet. Nous parions sur un effet d'entraînement
entre l'exposition du contenu France 5 sur un portail
fort, le trafic généré par ricochet,
et, en aval, la commercialisation accrue d'espaces publicitaires
sur notre site. Sur
Internet comme à l'antenne, France 5 a le statut
d'éditeur-packageur-diffuseur. Nous avons une
petite équipe de dix personnes en interne en
charge de la coordination, de la production, du marketing,
du design et de l'éditorial. Nous commandons
la majorité de nos contenus à des sociétés
extérieures de Web production. Depuis octobre
2001, nous avons travaillé avec une trentaine
de sociétés en sous-traitance.
Dans
les faits, vous êtes proche de ce modèle
?
Concernant les 15 %
de ressources autres que la redevance, nous en sommes
encore loin. Je ne peux pas vous dire quand nous parviendrons.
Actuellement, nous en sommes autour de 5 %.
De
quel budget Internet disposez-vous ?
Nous avons notre propre ligne budgétaire.
Elle correspond à un petit peu moins de 1,5 %
du budget global pour les programmes de France 5 [NDLR
: le budget global de la chaîne a été
de 146,8 millions d'euros pour 2001]. C'est en constante
progression depuis l'ouverture de notre premier site
en 1996.
Pourquoi
l'équipe Internet de France 5 n'a-t-elle pas
intégré le pôle France Télévisions
Interactive ?
Jusqu'à
maintenant, Internet est considéré comme
une partie intégrante de la vie de l'entreprise
France 5 et de son développement. Selon nous,
Internet doit être exploité en interne.
Toutefois, nous mettons en place trois pistes de collaborations
avec TFVI. En terme de production commune de contenus,
nous allons créer deux mini-sites entre mai et
juin : le premier sur l'Egypte et le second en lien
avec le documentaire qui vient de gagner un Oscar ("Le
Coupable Idéal"). Nous allons également
lancer des opérations de marketing réciproques
et mutualiser nos développements et nos achats
en technologie.
Comment
exploitez-vous la vidéo en ligne ?
Nous avons
trois priorités en terme de contenus dans les
mois qui viennent : l'image vidéo, le forum et
le rich media. Nous voulons démultiplier la présence
de la vidéo sur le site en streaming dans le
prolongement de nos émissions, mais aussi en
vidéo à la demande pour plonger dans les
archives des émissions de la chaîne. Par
exemple, depuis début mars, nous diffusons le
premier quart d'heure en ligne de l'émission
"C dans l'Air" animée par Yves Calvi.
Nous venons de signer un accord avec Akamai en tant
que Content Delivery Network pour fluidifier la diffusion
des vidéos sur le site de France 5. Actuellement,
chaque semaine sur le site , il y a trois heures de
vidéos nouvelles. D'ici la fin de l'année,
nous devrions doubler ce volume. Nous allons d'ailleurs
annoncer prochainement la signature d'un grand contrat
sur la numérisation de nos contenus audiovisuels.
Comment
va se développer le service "Côté
Profs" ouvert en novembre 2001 ?
C'est un
service B to B gratuit qui sert de trait d'union
entre France 5, les enseignants, les documentalistes
et les élèves. C'est une grille spécifique
de programmes pédagogiques par matière
et par niveaux. Nous y créons des animations
ludo-éducatives : jeux-concors, chats, forums,
animations interclasse... Actuellement, plus d'un millier
de professeurs se sont inscrits à la newsletter
dédiée. La prochaine étape sera
le lancement d'un service plus poussé de vidéo
à la demande avec des programmes éducatifs.
Il va apparaître avant la fin de l'année.
Le
nom de domaine France5.com est détenu par un
Coréen. Comment traitez-vous ce problème ?
Nous cherchons à
l'obtenir en collaboration avec Francetélévisions,
tout comme France2.com et France3.com.
Quel
est votre site d'information favori ?
LeMonde.fr
En
dehors du site de France 5, quel site média proposant
de la vidéo consultez-vous ?
Le site de la chaîne Discovery.
Je souhaiterais que le site de France5.fr évolue
dans ce sens.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
J'aime beaucoup
les sites de voyage.
Que
détestez-vous sur Internet ?
Certains formats
de publicité sur Internet que je trouve envahissant.
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