INTERVIEW
 
Directeur des actions stratégiques
France5.fr
Pierre-Yves Lochon
"Titre"
France 5 tient à montrer son dynamisme sur Internet même si, actuellement, son directeur général, Jean-Pierre Cottet, a davantage les yeux rivés sur la télévision numérique terrestre (TNT). Malgré tout, les projets de développement online ne manqueront pas cette année avec, notamment, un service de vidéo à la demande pour le monde de l'enseignement et la création d'un portail "Emploi" qui devrait être lancé au Printemps. Aujourd'hui, le site de France5.fr recense 350 000 visites mensuelles et deux millions de pages vues (source Cybermétrie).09 avril 2002
 
          

JDNet. Comment se structure la stratégie Internet de France 5 ?
Pierre-Yves Lochon. Elle s'inscrit dans une stratégie globale, dont l'objectif est de faire de France 5 un carrefour de connaissance et de savoir. A partir de l'antenne, que nous considérons comme le navire amiral, nous disposons d'une escadrille de réseaux complémentaires existants ou à venir. Dès janvier 2003, France 5 aura par exemple une vitrine 24 heures sur 24 par le biais de la télévision numérique terrestre, l'objectif étant de renforcer l'interactivité et de démultiplier les moyens qui nous permettent de remplir notre mission à bien.

De quelle manière les synergies se développent-elles entre l'antenne de France 5 et Internet ?

Nous sommes passés d'une vision d'un site vitrine à celle d'un service à vraie valeur ajoutée par rapport à nos programmes. France5.fr doit remplir trois missions : orienter le public dans la programmation de la chaîne, prolonger les programmes et impliquer les télépectateurs-internautes dans le vie des programmes.

En terme de nouveautés, pourquoi la première diffusion de "L'Ultime Razzia", émission plutôt originale consacrée aux produits culturels, n'a pas été relayée sur Internet ?
Nous avons opté pour un service minimum sur ce programme car c'est uniquement un pilote qui a été diffusé dimanche après-midi. Cette émission aura une place sur France5.fr lorsque sa régularité à l'antenne sera confirmée.

Le site de France5.fr ne vit-il pas davantage sur le rythme des émissions que sur celui de la chaîne ?
Il est vrai que la chaîne s'est bâtie autour de deux éléments phares : les documentaires et les magazines. Nous cherchons un effet d'entraînement en nous appuyant sur nos émissions fortes. Pourtant, sur les six derniers mois, la grande tendance est justement de s'en affranchir. Nos plus gros succès en terme d'audience ont toujours été les sites d'événements spéciaux non liés à une émission spécifiquement : les évènements du 11 septembre, le bicentenaire de Victor Hugo, la guerre d'Algérie, les vigt ans de l'abolition de la peine de mort.

Quelles sont les thématiques fortes sur France5.fr ?
Par ordre d'importance en terme d'audience, arrivent la catégorie Famille/Ecole avec le gros succès du site de l'émission "Les Maternelles", puis la thématique Médias (en lien avec "Arrêt sur Image" et "On Aura Tout Lu") et le service en ligne "Coté Profs" destiné à la communauté éducative. Ce sont les plus grosses progressions depuis six mois. Le mini-site sur Victor Hugo a bénéficié d'une forte visibilité car il est présent sur le site de France 5 et sur le portail Wanadoo.fr. Nous y avons enregistré 400 000 pages vues en un mois. Cette association a tellement bien marché que nous allons la renouveler avec Wanadoo mais aussi d'autres grands portails dans le cadre de co-production ou de co-diffusion de contenus. En ce moment nous travaillons sur une autre thématique orientée "familles et enfants" avec un autre grand acteur du Net. Wanadoo va également proposer sur "@près l'école" le mini-sité lié au documentaire Civilisation, que nous avions diffusé à l'occasion des fêtes de fin d'année. C'est une sorte de seconde vie pour ce mini-site qui avait été réalisé en "rich media" et qui était destiné au haut débit. Ce type d'opération nous permet de valoriser notre contenu interactif.

Comment vous positionnez-vous par rapport au modèle payant ou à la diversification des sources de revenus ?
La chaîne de télévision est financée à 85 % par la redevance. Le même modèle est décliné pour les activités Internet de France 5. Nous n'allons pas faire payer deux fois les internautes. Nos contenus seront toujours gratuits. Nous essayons de trouver 15 % de revenus par la publicité, les partenariats ou la revente de contenus à des portails. L'objectif avec les portails est avant tout de renforcer la marque France 5 sur Internet. Nous parions sur un effet d'entraînement entre l'exposition du contenu France 5 sur un portail fort, le trafic généré par ricochet, et, en aval, la commercialisation accrue d'espaces publicitaires sur notre site. Sur Internet comme à l'antenne, France 5 a le statut d'éditeur-packageur-diffuseur. Nous avons une petite équipe de dix personnes en interne en charge de la coordination, de la production, du marketing, du design et de l'éditorial. Nous commandons la majorité de nos contenus à des sociétés extérieures de Web production. Depuis octobre 2001, nous avons travaillé avec une trentaine de sociétés en sous-traitance.

Dans les faits, vous êtes proche de ce modèle ?
Concernant les 15 % de ressources autres que la redevance, nous en sommes encore loin. Je ne peux pas vous dire quand nous parviendrons. Actuellement, nous en sommes autour de 5 %.

De quel budget Internet disposez-vous ?
Nous avons notre propre ligne budgétaire. Elle correspond à un petit peu moins de 1,5 % du budget global pour les programmes de France 5 [NDLR : le budget global de la chaîne a été de 146,8 millions d'euros pour 2001]. C'est en constante progression depuis l'ouverture de notre premier site en 1996.

Pourquoi l'équipe Internet de France 5 n'a-t-elle pas intégré le pôle France Télévisions Interactive ?
Jusqu'à maintenant, Internet est considéré comme une partie intégrante de la vie de l'entreprise France 5 et de son développement. Selon nous, Internet doit être exploité en interne. Toutefois, nous mettons en place trois pistes de collaborations avec TFVI. En terme de production commune de contenus, nous allons créer deux mini-sites entre mai et juin : le premier sur l'Egypte et le second en lien avec le documentaire qui vient de gagner un Oscar ("Le Coupable Idéal"). Nous allons également lancer des opérations de marketing réciproques et mutualiser nos développements et nos achats en technologie.


Comment exploitez-vous la vidéo en ligne ?
Nous avons trois priorités en terme de contenus dans les mois qui viennent : l'image vidéo, le forum et le rich media. Nous voulons démultiplier la présence de la vidéo sur le site en streaming dans le prolongement de nos émissions, mais aussi en vidéo à la demande pour plonger dans les archives des émissions de la chaîne. Par exemple, depuis début mars, nous diffusons le premier quart d'heure en ligne de l'émission "C dans l'Air" animée par Yves Calvi. Nous venons de signer un accord avec Akamai en tant que Content Delivery Network pour fluidifier la diffusion des vidéos sur le site de France 5. Actuellement, chaque semaine sur le site , il y a trois heures de vidéos nouvelles. D'ici la fin de l'année, nous devrions doubler ce volume. Nous allons d'ailleurs annoncer prochainement la signature d'un grand contrat sur la numérisation de nos contenus audiovisuels.

Comment va se développer le service "Côté Profs" ouvert en novembre 2001 ?
C'est un service B to B gratuit qui sert de trait d'union entre France 5, les enseignants, les documentalistes et les élèves. C'est une grille spécifique de programmes pédagogiques par matière et par niveaux. Nous y créons des animations ludo-éducatives : jeux-concors, chats, forums, animations interclasse... Actuellement, plus d'un millier de professeurs se sont inscrits à la newsletter dédiée. La prochaine étape sera le lancement d'un service plus poussé de vidéo à la demande avec des programmes éducatifs. Il va apparaître avant la fin de l'année.

Le nom de domaine France5.com est détenu par un Coréen. Comment traitez-vous ce problème ?
Nous cherchons à l'obtenir en collaboration avec Francetélévisions, tout comme France2.com et France3.com.

Quel est votre site d'information favori ?
LeMonde.fr

En dehors du site de France 5, quel site média proposant de la vidéo consultez-vous ?
Le site de la chaîne Discovery. Je souhaiterais que le site de France5.fr évolue dans ce sens.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
J'aime beaucoup les sites de voyage.

Que détestez-vous sur Internet ?
Certains formats de publicité sur Internet que je trouve envahissant.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Pierre-Yves Lochon, 32 ans, est titulaire d'un DESS de droit et gestion de la communication audiovisuelle et d'une maîtrise de Droit public et Sciences politiques à Paris I (Sorbonne). De 1992 à 1996, il est chargé de mission auprès du Directeur général du développement de Canal +. De 1996 à 1997, il est Directeur marketing et de la distribution du projet de chaîne thématique FREE ONE. En 1997, il rejoint Hachette Filipacchi Médias, où il est Responsable du développement auprès du Directeur des nouveaux médias, avant d'être nommé, en 1998, Directeur délégué d'Hachette Filipacchi Interactions, en charge des activités Web et TV. Le 2 avril 2001, il rejoint La Cinquième comme Directeur de actions stratégiques. Cette Direction a notamment pour mission de faire de La Cinquième un véritable réseau de réseaux en s'appuyant sur trois pôles fédérateurs : la télévision interactive et les nouveaux services, internet et la banque de programme et de services.

   
 
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