INTERVIEW
 
Directeur général
La Tribune
Christian Menanteau
"Titre"
La Tribune vient d'ouvrir la nouvelle version de son site. L'objectif de la nouvelle configuration est de favoriser un accès plus rapide aux différentes rubriques. Les "breaking news" restent le produit d'appel mais l'organisation de l'information a été modifiée. Tout comme l'ergonomie du module Bourse. La Tribune a développé également des supports Wap et PDA. Le quotidien d'information financière, rattachée à DI Group (ex-Desfossés International), vient de lancer une nouvelle campagne de publicité, signée par l'agence
McCann, autour de la nouvelle version du site avec pour slogan : "Plus le business va vite, plus vous avez besoin de latribune.fr". Le budget promotion est compris entre 6 et 7 millions de francs.
08 novembre 2000
 
          

JDNet. Il y a un an, La Tribune annonçait la création d'une véritable rédaction en ligne. Quelle est la situation aujourd'hui ?
Christian Menanteau. Lorsque je suis arrivé au commande de La Tribune, en juillet dernier, j'ai hérité de la deuxième version du site, qui me paraissait déjà bonne. Toutefois, il est vrai que nous avons rencontré quelques déboires techniques, notamment avec notre portefeuille boursier, qui avait parfois quelques réticences à fonctionner. Nous avions également une proposition éditoriale riche mais trop touffue. Nous avons une formidable arrière-base qui est La Tribune et nous n'arrivions pas à rendre cette ensemble compréhensible.

Vous avez également subi des changements importants au sein de l'équipe de managers...

Il est évident que notre secteur d'activité est un secteur où les gens qui ont des talents et des compétences sont extrêmement recherchés. Il y a donc eu des mouvements. François Robin nous a quitté [NLDR, le directeur en charge des activités interactives était parti en février 2000 rejoindre le groupe PPR pour prendre la direction éditoriale du portail Mageos. Il a depuis repris sa liberté]. Marc Joanny, ex-rédacteur en chef en ligne de LaTribune.fr, est devenu chef du service "Bourse-marché finance" du quotidien papier. Il a été remplacé par Patrick de Jacquelot depuis un mois.

Comment avez-vous réorganisé le site ?

Les informations sont présentées en canaux. Sur la page d'accueil, on peut lire l'actualité la plus puissante du moment. Nous avons la même chose pour les canaux Bourse et Net-économie. Nous avons également amélioré l'ergonomie. Le canal boursier a la même présentation visuelle que la page d'accueil, ce qui permet aux internautes de ne pas être déroutés. Nous avons naturellement un fil de dépêche (AFP, Reuters, PRLine, etc.) et les cotations des marchés. L'architecture a été refondue mais notre partenaire technique reste IBM.

Les journalistes en ligne travaillent sur quels outils d'édition ?
Lotus Domino Release 5. Nous devrions adopter d'autres outils d'édition comme Vignette ou Reef Publisher.

Quelle distinction faîtes-vous entre la rédaction centrale et celle dédiée au online ?
Il existe des ponts. Par exemple, l'interview du jour, présente sur le site, est réalisée soit par un journaliste du quotidien papier soit par un rédacteur en ligne. Des chroniqueurs peuvent revenir sur des événements importants. Nous avons des interviews audio-vidéo qui servent parallèlement à Radio-Classique, une station rattachée à DI Group.

Pourquoi ne pas songer à créer un "spin-off" des activités Internet ?
Ce n'est pas à l'ordre du jour. Je ne crois pas que ce serait judicieux, car les synergies avec la Tribune, un acteur connu sur le marché de l'information financière, représentent actuellement une grande force. Le fondement, c'est que la marque La Tribune est reconnue dans son univers. Le site en est une symbiose. Extraire le site pour le développer à un niveau européen me paraît difficile à réaliser en l'état actuel. Dans l'Union européenne actuellement, il serait compliqué de dessiner une cohérence d'analyse financière, sociale, fiscale, tant les règlementations par pays sont différentes et ce, même avec la monnaie unique.

Quelle est la proportion des articles papiers que l'on retrouve en ligne ?
Théoriquement, il n' y en a pas. Il n'y a que les articles de la rédaction du Web. Mais, dès 1h00 du matin, les abonnés ont l'intégralité de l'édition du jour en ligne. Ce service permet de satisfaire nos lecteurs fidèles qui sont en déplacement.

Comment gérez-vous les archives ?
Elles ont toujours été en accès gratuit. Il y a cinq ans d'archive disponibles. C'est assez phénomémal. Cela a un vrai impact sur les internautes et, en particulier, les étudiants.

Vous avez dégagé un budget spécifique pour la nouvelle version ?
Bien sûr. Sur l'an 2000, nous avons dépensé au total 3,4 millions d'euros pour nos activités Internet. Nous en dépenserons au moins autant l'année prochaine.

Avez-vous signé des nouveaux accords avec des acteurs du Net ?
C'est un peu tôt mais nous sommes en cours de négociation en vue de signer avec une grande chaîne de télévision française pour fournir à son portail du contenu ainsi que le module boursier.

On dit que vous aviez entamé des négociations avec CNN...
C'est au point mort actuellement.

Quels recettes tirez-vous du Web ?
Essentiellement des revenus publicitaires, environ 10 millions de francs en 2000. Nous avons également des revenus tirés des abonnements mais ils sont beaucoup plus faibles. Nous n'avons pas vocation à faire du
"e-commerce" en l'état actuel. Il est vrai que nous avons une petite galerie commerciale autour du voyage et du vin. Mais notre priorité est l'information économique.

Estimez-vous que la concurrence traditionnelle s'est déplacée sur Internet ?
La concurrence porte sur l'ensemble des supports qui proposent de l'information économique et financière. Il existe une concurrence légitime et très ferme sur le papier. Il y aura certainement la même sur Internet avec Les Echos mais aussi tous les médias existant ou en train de naître. La concurrence est très large. Les brokers online initient également des rubriques d'informations mais aussi des sites de conseils financiers. Je pense qu'à terme, la sélection de l'information sera liée au professionalisme des éditeurs.

Le succès de Boursorama vous irrite-t-il ?
Pas du tout. Je trouve qu'ils ont trouvé une bonne formule. Ils ont créé un véritable marché dont les grandes signatures vont profiter à terme. Et finalement, Boursorama aura besoin d'analyses au-delà de flux de "data".

Les Echos viennent de lancer un supplément papier hebdo sur la nouvelle économie. Et vous ?
On ne se souvient pas que c'est La Tribune qui a mis en place, il y a plus d'un an, un supplément "e-business", diffusé dans l'édition du jeudi. Certes, c'est moins spectaculaire parce qu'il est intégré dans le quotidien...

Les Echos ont également lancé un site de finances personnelle, MesFinances.fr. Une telle diversification ne vous tente pas ?
Pas du tout. La Tribune n'a pas vocation à être un conseiller en placement. En revanche, dans le groupe, nous avons le magazine Investir qui va lancer très prochainement un site autour du patrimoine.

Vous avez lancé en avril 2000 Tribune Interactive TV diffusée sur CanalSatellite. Avez-vous des projets de "Web-TV" ?
Le projet de "Web-TV" est déjà en route au niveau de DI Group. La Tribune y apporte sa collaboration sur la préparation et la mise sur orbite de ce projet. Au début du deuxième trimestre 2001, il devrait être présenté au grand public.

Vous occupez un poste privilégié pour observer les mouvements entre l'économie traditionnelle et la nouvelle économie. Quelle tendance voyez-vous se dessiner ?

Je crois que l'on va vers une vraie convergence. Elle s'est esquissée il y a près de douze mois aux
Etats-Unis. Les start-up ont fait appel à des dirigeants de la vieille économie afin de passer du stade de projet à un niveau industriel, que ce soit dans le domaine du commerce ou de l'édition. On est au-delà de la simple utilisation d'un nouvel outil technologique.

Quel est votre site d'informations favori ?
J'aime beaucoup le site du Financial Times, mais aussi 451.com (en référence au livre et au film 451 Farenheit, température à laquelle les livres brûlent) dédié à la "high tech".

Détenez-vous un portefeuille de valeurs Internet ?
Non. Je n'ai pas de valeurs stricto sensu Internet.

Vous n'avez pas confiance en ces valeurs ?
Il s'avère surtout que je n'ai pas eu de capacité financière suffisante pour diversifier mon portefeuille.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
La spontanéité que je trouve parfois en surfant.

Que détestez-vous ?

Les sites confus dont je ne comprends pas l'organisation. Je n'en citerai pas, car je ne veux pas me faire des ennemis redoutables et redoutés !

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Christian Ménanteau, diplômé d'Etudes Supérieures en Economie Politique (Université de Montpellier), a été journaliste économique entre 1975 et 1980 dans des titres comme La Presse Economique (Groupe le Nouvel Observateur), Le Nouvel Economiste et le Matin de Paris. De janvier 1981 à décembre 1993, il occupe diverses fonctions au sein de RTL : grand reporter chroniqueur économique de RTL-TV, envoyé spécial permanent aux Etats-Unis (1986 -1990), rédacteur en chef en charge des journaux d'information de la station. De janvier 1994 à mai 1998, il rejoint Le Revenu en qualité de directeur adjoint de la rédaction, puis assure la direction générale de Gault & Millau jusqu'en mai 2000. En juillet 2000, Christian Menanteau a pris le poste de directeur général de La Tribune.

   
 
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