JDNet.
Il y a un an, La Tribune annonçait la création
d'une véritable rédaction en ligne. Quelle est
la situation aujourd'hui ?
Christian Menanteau.
Lorsque je suis arrivé
au commande de La Tribune, en juillet dernier, j'ai hérité
de la deuxième version du site, qui me paraissait déjà
bonne. Toutefois, il est vrai que nous avons rencontré
quelques déboires techniques, notamment avec notre
portefeuille boursier, qui avait parfois quelques réticences
à fonctionner. Nous avions également une proposition
éditoriale riche mais trop touffue. Nous avons une
formidable arrière-base qui est La Tribune et nous
n'arrivions pas à rendre cette ensemble compréhensible.
Vous
avez également subi des changements importants au sein
de l'équipe de managers...
Il est évident que notre secteur d'activité
est un secteur où les gens qui ont des talents et des
compétences sont extrêmement recherchés.
Il y a donc eu des mouvements. François Robin nous
a quitté [NLDR, le directeur en charge des activités
interactives était parti en février 2000 rejoindre
le groupe PPR pour prendre la direction éditoriale
du portail Mageos. Il a depuis repris sa liberté].
Marc Joanny, ex-rédacteur en chef en ligne de LaTribune.fr,
est devenu chef du service "Bourse-marché finance"
du quotidien papier. Il a été remplacé
par Patrick de Jacquelot depuis un mois.
Comment avez-vous réorganisé le site ?
Les
informations sont présentées en canaux. Sur
la page d'accueil, on peut lire l'actualité la plus
puissante du moment. Nous avons la même chose pour les
canaux Bourse et Net-économie. Nous avons également
amélioré l'ergonomie. Le canal boursier a la
même présentation visuelle que la page d'accueil,
ce qui permet aux internautes de ne pas être déroutés.
Nous avons naturellement un fil de dépêche (AFP,
Reuters, PRLine, etc.) et les cotations des marchés.
L'architecture a été refondue mais notre partenaire
technique reste IBM.
Les
journalistes en ligne travaillent sur quels outils d'édition ?
Lotus Domino Release 5. Nous devrions adopter d'autres outils
d'édition comme Vignette ou Reef Publisher.
Quelle
distinction faîtes-vous entre la rédaction centrale
et celle dédiée au online ?
Il
existe des ponts. Par exemple, l'interview du jour, présente
sur le site, est réalisée soit par un journaliste
du quotidien papier soit par un rédacteur en ligne.
Des chroniqueurs peuvent revenir sur des événements
importants. Nous avons des interviews audio-vidéo qui
servent parallèlement à Radio-Classique, une
station rattachée à DI Group.
Pourquoi
ne pas songer à créer un "spin-off"
des activités Internet ?
Ce n'est pas à l'ordre du jour. Je ne crois pas que
ce serait judicieux, car les synergies avec la Tribune, un
acteur connu sur le marché de l'information financière,
représentent actuellement une grande force. Le fondement,
c'est que la marque La Tribune est reconnue dans son univers.
Le site en est une symbiose. Extraire le site pour le développer
à un niveau européen me paraît difficile
à réaliser en l'état actuel. Dans l'Union
européenne actuellement, il serait compliqué
de dessiner une cohérence d'analyse financière,
sociale, fiscale, tant les règlementations par pays
sont différentes et ce, même avec la monnaie
unique.
Quelle
est la proportion des articles papiers que l'on retrouve en
ligne ?
Théoriquement, il n' y en a pas. Il n'y a que les articles
de la rédaction du Web. Mais, dès 1h00 du matin,
les abonnés ont l'intégralité de l'édition
du jour en ligne. Ce service permet de satisfaire nos lecteurs
fidèles qui sont en déplacement.
Comment
gérez-vous les archives ?
Elles ont toujours été en accès gratuit.
Il y a cinq ans d'archive disponibles. C'est assez phénomémal.
Cela a un vrai impact sur les internautes et, en particulier,
les étudiants.
Vous avez
dégagé un budget spécifique pour la nouvelle
version ?
Bien sûr. Sur l'an 2000, nous avons dépensé
au total 3,4 millions d'euros pour nos activités Internet.
Nous en dépenserons au moins autant l'année
prochaine.
Avez-vous
signé des nouveaux accords avec des acteurs du Net ?
C'est un peu tôt mais nous sommes en cours de négociation
en vue de signer avec une grande chaîne de télévision
française pour fournir à son portail du contenu
ainsi que le module boursier.
On
dit que vous aviez entamé des négociations avec
CNN...
C'est au point mort actuellement.
Quels
recettes tirez-vous du Web ?
Essentiellement des revenus publicitaires, environ 10 millions
de francs en 2000. Nous avons également des revenus
tirés des abonnements mais ils sont beaucoup plus faibles.
Nous n'avons pas vocation à faire du
"e-commerce" en l'état actuel. Il est vrai
que nous avons une petite galerie commerciale autour du voyage
et du vin. Mais notre priorité est l'information économique.
Estimez-vous
que la concurrence traditionnelle s'est déplacée
sur Internet ?
La concurrence porte sur l'ensemble des supports qui proposent
de l'information économique et financière. Il
existe une concurrence légitime et très ferme
sur le papier. Il y aura certainement la même sur Internet
avec Les Echos mais aussi tous les médias existant
ou en train de naître. La concurrence est très
large. Les brokers online initient également
des rubriques d'informations mais aussi des sites de conseils
financiers. Je pense qu'à terme, la sélection
de l'information sera liée au professionalisme des
éditeurs.
Le
succès de Boursorama vous irrite-t-il ?
Pas du tout. Je trouve qu'ils ont trouvé une bonne
formule. Ils ont créé un véritable marché
dont les grandes signatures vont profiter à terme.
Et finalement, Boursorama aura besoin d'analyses au-delà
de flux de "data".
Les
Echos viennent de lancer un supplément papier hebdo
sur la nouvelle économie. Et vous ?
On ne se souvient pas que c'est La Tribune qui a mis en place,
il y a plus d'un an, un supplément "e-business",
diffusé dans l'édition du jeudi. Certes, c'est
moins spectaculaire parce qu'il est intégré
dans le quotidien...
Les
Echos ont également lancé un site de finances
personnelle, MesFinances.fr. Une telle diversification ne
vous tente pas ?
Pas du tout. La Tribune n'a pas vocation à être
un conseiller en placement. En revanche, dans le groupe, nous
avons le magazine Investir qui va lancer très prochainement
un site autour du patrimoine.
Vous
avez lancé en avril 2000 Tribune Interactive TV diffusée
sur CanalSatellite. Avez-vous des projets de "Web-TV" ?
Le projet de "Web-TV" est déjà en
route au niveau de DI Group. La Tribune y apporte sa collaboration
sur la préparation et la mise sur orbite de ce projet.
Au début du deuxième trimestre 2001, il devrait
être présenté au grand public.
Vous occupez un poste privilégié pour observer
les mouvements entre l'économie traditionnelle et la
nouvelle économie. Quelle tendance voyez-vous se dessiner
?
Je crois que l'on va vers une vraie convergence. Elle s'est
esquissée il y a près de douze mois aux
Etats-Unis. Les start-up ont fait appel à des dirigeants
de la vieille économie afin de passer du stade de projet
à un niveau industriel, que ce soit dans le domaine
du commerce ou de l'édition. On est au-delà
de la simple utilisation d'un nouvel outil technologique.
Quel
est votre site d'informations favori ?
J'aime beaucoup le site du Financial
Times, mais aussi 451.com
(en référence au livre et au film 451 Farenheit,
température à laquelle les livres brûlent)
dédié
à la "high tech".
Détenez-vous
un portefeuille de valeurs Internet ?
Non. Je n'ai pas de valeurs stricto sensu Internet.
Vous
n'avez pas confiance en ces valeurs ?
Il
s'avère surtout que je n'ai pas eu de capacité
financière suffisante pour diversifier mon portefeuille.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
La spontanéité que je trouve parfois en surfant.
Que détestez-vous ?
Les sites confus dont je ne comprends pas l'organisation.
Je n'en citerai pas, car je ne veux pas me faire des ennemis
redoutables et redoutés !
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