INTERVIEW
 
Expert haut débit
Idate
Roland Montagne
"L'ADSL a de beaux jours devant lui sur le marché résidentiel"
La rentrée est placée sous le signe du haut débit. Tous les grands FAI (Wanadoo, Club-Internet, AOL, Tiscali France et Free), qui représentent 80% du marché de l'accès Internet en France, se positionnent sur ce marché. Roland Montage, responsable du pôle haut débit au sein de l'Idate, institut spécialisé dans les télécommunications, fait le point sur les dernières évolutions liées au développement de l'Internet rapide. 16 octobre 2002
 
          
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JDNet. Dans cette bataille de FAI pour l'ADSL, quels sont les enjeux ?
Roland Montagne. Il s'agit de capter le marché grand public. Jusqu'ici, l'objectif était de capter les "heavy users", c'est à dire les internautes très consommateurs de services en ligne. C'était la population la plus facile à toucher pour les opérateurs et les FAI. Maintenant, il faut élargir la cible et capter un profil d'internaute plus traditionnel.

Peut-on s'attendre à une bataille des prix autour des offres grand public ?
Elle a déjà commencé. L'offre câble-modem NoosNet Primo, lancée en mars derrnier, a constitué un premier signe. Du côté des FAI, l'annonce de l'offre de Free début octobre a été perçue comme un coup de semonce. L'ensemble des ISP ont positionné leurs offres sur celle de Free. Wanadoo propose dorévanant une palette d'offres haut débit qui s'adresse à tous les internautes selon leurs usages. AOL France et Tiscali ont suivi. Mais on trouve également des acteurs plus petits comme la société NetUltra avec son offre NetPratique.

A quoi sert la segmentation des offres ADSL par débit ?
L'objectif pour des opérateurs comme France Télécom est de rentabiliser les infrastructures déployées comme les DSLAM*, qui délivrent une bande passante partagée par les utilisateurs finaux. En segmentant les offres, les FAI peuvent proposer à leurs abonnés de changer de débit. C'est une tactique pour mieux habituer les internautes au haut débit. Plus les internautes auront accès à des services multimédia audio et vidéo, plus ils se tourneront vers des offres d'accès haut de gamme.

Comment va évoluer le marché de l'ADSL à moyen terme ?
Les FAI cherchent à grignoter des parts de marché à Wanadoo, mais l'opérateur historique, qui a déployé les infrastructures nécessaires, a une sérieuse avance.

Le mouvement de dégroupage va-t-il permettre aux FAI d'atteindre la rentabilité des offres haut débit ?
On a longtemps cru au dégroupage pour favoriser la concurrence entre opérateurs et FAI. Aujourd'hui, si l'on fait une comparaison au niveau européen, les opérateurs historiques laissent moins de 10% d'accès ADSL via une ligne dégroupée, à l'exception du Danemark. Aujourd'hui, il y a deux options : soit le dégroupage de la paire de cuivre (option 1), mais c'est économiquement assez prohibitif, soit passer par de l'achat de gros et exploiter l'option 3. Dans ce cas, l'opérateur historique propose des offres comme Connect ATM ou Turbo DSL. La plupart des opérateurs alternatifs semblent davantage opter pour de l'achat de gros. Après avoir déployé une infrastructure DSLAM, France Télécom la met à disposition des autres opérateurs via l'option 3 à des conditions économiques souvent plus avantageuses que s'il fallait déployer soi-même un réseau. Free a lancé un mouvement de dégroupage sur des zones spécifiques assez porteuse d'un point de vue économique. Par exemple, le dégroupage sur des grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille peut justifier cet engagement.

En parallèle à l'ADSL, quelles technologies haut débit pourraient émerger ?
La technologie concurrente est souvent le câble-modem. Au Benelux et au Grande-Bretagne, sa place est importante. Ce n'est pas le cas en France, pays dans lequel le câble TV a une faible pénétration. L'ADSL a de beaux jours devant lui sur le marché résidentiel. Des évolutions tehcnologiques peuvent arriver avec plus de débit disponible. D'autres technologies se profilent comme le FTTH (Fiber To the Home), qui consiste à proposer un accès abonnés directement en fibre optique. En Suède et en Italie, on compte plusieurs milliers d'abonnés, mais il faut encore du temps pour valider l'équation économique du modèle. Enfin, dans les technologies sans fil Wi-Fi et Wlan, le terrain règlementaire et économique est à baliser.

France Télécom lance une expérimentation VDSL à Lyon. Pensez-vous que cette technologie va monter en puissance ?
Toute la famille des DSL (Digital Subscriber Line) se décline. L'ADSL (A pour Asymetric) est la plus répandue, mais le SDSL (S pour symétric) arrive en France par les opérateurs alternatifs et France Télécom doit lancer son offre SDSL au niveau national d'ici la fin de l'année. Ce type d'offres s'adresse aux professionnels en raison de ses niveaux tarifaires. Dans cette lignée, on trouve le VDSL (V pour Video), dans une optique plus lointaine. Mais ce type d'offres s'adresse à une cible professionnelle dans un premier temps.

Quelles sont les perspectives de développement haut débit via le poste de télévision ?
Compte tenu du faible niveau du parc de PC en France, il est clair que le poste de télévision présente un attrait évident pour les acteurs de l'internet. Des offres DSL autour du poste TV vont sortir mais vont se heurter à la concurrence des câblo-opérateurs et les opérateurs satellites. Le positionnement doit être très adroit.

Comment expliquer que les FAI se concentrent sur les offres et beaucoup moins sur les contenus haut débit ?

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On a toujours pas trouvé la bonne équation économique pour lancer ce type de services packagés. Les offres ADSL sont déjà élevées, difficile donc d'expliquer au consommateur qu'il doit payer en plus pour du contenu exclusif, alors que beaucoup de contenu est gratuit sur Internet. Mais il est déjà difficile pour les acteurs de rentabiliser des accès haut débit à 35-40 euros, alors s'ils doivent rajouter une couche de services en conservant les mêmes niveaux de prix... Pourtant, ce serait pertinent. Il reste à trouver des modèles de reversement intéressants entre FAI et acteurs du contenu. Le Minitel les avait bien trouvés...

*DSL access multiplexer, équipement situé à l'autre bout de la ligne téléphonique, reliant tous les modems ADSL reliés à ce central

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Roland Montagne est ingénieur en télécommunications, diplômé de l'ENST (Ecole nationale supérieure des télécommunications), et a un D.E.A. en électronique. Avant de rejoindre l'Idate en 1998, il a réalisé plusieurs développements dans le domaine des radio-communications numériques et des services mobiles. Il a travaillé pendant un an chez AT&T, en tant qu'ingénieur d'études dans un des laboratoires Bell, a conduit des recherches sur les réseaux optiques (DWDM) et les technologies ATM et a également mené au CNET (aujourd'hui France Telecom R&D) des travaux sur les communications optiques. Roland Montagne est responsable du pôle haut débit au sein du département Stratégies des Réseaux et Services au sein de l'Idate. Il couvre le marché mondial de l'Internet, les technologies et services IP et les stratégies des opérateurs en matière de réseaux haut débit. Il est responsable de l'étude "Marchés européens des hauts débit" éditée annuellement par l'Idate.

   
 
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