JDNet. L'implantation en France de Avenue A est encore
toute récente...
Jean-Luc Pétorin.
Effectivement, nous sommes arrivés en France en octobre
2000. Nous sommes le deuxième bureau à l'étranger
de Avenue, A car la firme avait déjà ouvert
une filiale en Angleterre en juin 2000. A l'origine, Avenue
A est une société américaine qui a été
créée en octobre 1997. Deux des fondateurs sont
originaires de chez Amazon et ont vu l'importance du média
Internet pour le commerce électronique et donc l'aspect
important de la communication en ligne. Ils ont compris que
s'ils parvenaient à développer une technologie
pour mesurer tout ce qui va se passe au niveau de la communication
et un savoir-faire analytique qui permette de digérer
de très grandes quantités de données,
ils pourraient alors apporter aux annonceurs et aux forces
commerciales des solutions pour faire du marketing mesuré
et quasiment du one-to-one.
Quelles
sont exactement vos activités ?
A la base, Avenue A est une société technologique
puisque sur 500 employés, 80 sont des développeurs
de logiciels. Mais nous sommes également une société
spécialisée dans l'analyse des données.
Concrètement, cela veut dire que nous ne faisons que
du conseil sur les médias digitaux. Aujourd'hui, c'est
uniquement Internet. Mais demain nous pouvons également
passer à d'autres supports numériques. Dans
notre travail de conseil, nous intervenons sur toutes les
étapes d'une campagne de communication en ligne.
Comment
se déroule, étape après étape,
l'accompagnement d'une campagne de pub ?
En amont, nous essayons d'apporter un conseil au niveau de
l'intégration d'Internet parmi les autres médias.
Car le Net est un média un peu différent puisque
très stratégique. Il permet en effet de tester
très rapidement un certain nombre de concepts. Nous
mettons donc au point des plans médias. Ensuite, nous
procédons à la partie "achat d'espace".
A partir de là, comme nous possédons une technologie
propriétaire, Axis, un peu identique à Dart
(technologie développée par DoubleClick,
NDLR), nous pouvons servir les bannières de nos
annonceurs. Aujourd'hui, Avenue A dans le monde sert 4.000
bannières par seconde et a réalisé 50.000
campagnes de communication pour ses clients. Et puisque nous
servons nous-mêmes les bannières, nous avons
la possibilité de mesurer directement, et en temps
réel, l'efficacité de la communication, c'est-à-dire
de voir le taux de conversion, et non pas le taux de clic
qui n'a aucune valeur.
Qu'entendez-vous
par là ?
Notre expérience aux Etats-Unis nous a permis de remarquer
qu'il n'y a strictement aucune corrélation entre taux
de clic et taux de conversion. En revanche, nous savons que
la publicité sur Internet fonctionne de la même
manière que sur les autres médias : il
y a un principe de notoriété et les gens convertissent
la publicité en achats de manière différée.
Nous avons vu en effet que près de 85% des conversions
qui suivent une impression de bannière vont acheter
ou inscrire leur e-mail quelques heures ou plusieurs jours
après. Ils accèdent alors directement au site
de l'annonceur. Notre outil permet, justement avec la technologie
des cookies, de tout mesurer : le taux de clic et les
conversions grâce à des pixels sur le site de
l'annonceur, et ce, page par page. Mais même si les
personnes n'ont pas cliqué, on sait qu'elles ont vu
la publicité puisqu'on a placé un cookie sur
leur ordinateur. Aujourd'hui, aux Etats-Unis, 90% des ordinateurs
connectés au Web possèdent un cookie Avenue
A.
Que
vous permettent de faire ces cookies ?
On mesure tout en temps réel et on donne des reportings
mis à jour toutes les dix minutes. Ces rapports couvrent
la performance de la campagne jusqu'au plus fin détail :
les sites annonceurs qui marchent, les bannières qui
donnent de bons résultats, les emplacements qui marchent
le mieux, etc. Nos clients, mais également les sites
où sont diffusés les bannières, ont accès
à un compte individuel pour voir à tout moment,
les résultats de la campagne. On est capable d'optimiser,
quasiment immédiatement, l'opération de communication
du client et le site annonceur peut lui aussi améliorer
les conditions d'affichage pour satisfaire le client. Nous
obtenons ainsi de très bons résultats. Par exemple,
pour Expedia, site de vente de voyages en ligne, on a fait
baissé leur coût d'acquisition client de 91%
en quatre mois. En plus de cette optimisation immédiate,
nous faisons ensuite de l'analyse à partir d'indicateurs
plus poussés que nous avons généras de
façon à tirer des enseignements d'un caractère
plus stratégique. En conclusion, on peut dire que plus
on investit sur Internet, plus on en apprend sur ses clients.
Mais pour cela il faut le bon outil pour récupérer
ces données et les bonnes compétences pour analyser
ces informations.
Ressentez-vous les difficultés
actuelles de la publicité sur Internet ?
Absolument. Avenue A a annoncé le licenciement de 10 à
15% de ses collaborateurs comme les autres acteurs du marché.
Mais nous pensons que c'est juste une petite crise d'adolescence
qui est liée au fait, qu'effectivement, ce marché
a besoin d'outils pour mesurer l'efficacité des campagnes.
Comme on a fait un peu tout et n'importe quoi en matière
de communication, il y a maintenant une certaine appréhension
et une mise en retrait de gros annonceurs traditionnels. En
plus, le phénomène des dotcomd qui disparaissent
pousse à la frilosité et les sociétés
traditionnelles hésitent à communiquer sur le
Net mais elles vont y venir. Seulement, cela se fera sur un
rythme un peu plus lent que prévu. La perspective à
6-12-18 mois est très rose mais la perspective sur
les 3 à 6 mois est assez grise pour le moment. En attendant,
il faut en profiter pour faire le point et analyser les méthodes
de communication qui fonctionnent.
Y
a-t-il des types de sites particulièrement adaptés
pour communiquer ?
Absolument pas. C'est ce que nous essayons de faire comprendre
our chaque campagne. On peut avoir des résultats très
différents selon le thème abordé. Par
exemple, on ne peut pas dire que les sites d'information soient
plus particulièrement adaptés pour communiquer.
Cela signifie que les barèmes des CPM sont à
revoir...
C'est exactement notre point de vue. Une fois que nous avons
réalisé un premier test, nous sommes capables
d'avoir des discussions avec les régies, fondées
sur un annonceur, un taux de conversion moyen. On est capable
ensuite de discuter sur les CPM selon des objectifs fixés.
Concrètement, on va peu à peu aller vers une
discussion au cas par cas du CPM avec un même éditeur
selon la campagne diffusée. Dans la négociation,
nous allons introduire cette notion d'interactivité
qui fera que les barèmes de CPM ne sont plus statiques.
Quels
sont vos principaux clients ?
Aujourd'hui Avenue A France n'a qu'un seul client : Gateaway.
Aux Etat-Unis, nous travaillons à 55% avec des sociétés
"traditionnelles" et à 45% avec des dotcoms.
Nous avons donc réussi notre migration vers les dotcorps
et notre objectif est d'accroître encore la part de
ces clients traditionnels. En terme de dotcoms, nous avons
Drugstore, Proflower, Expedia, Buy.com, Bestbuy.com, ToysRus...
Ensuite, nous avons des sociétés technologiques
qui, par nature sont proches d'Internet, comme MSN, Gateaway
ou Real.com. Et enfin, nous avons des sociétés
traditionnelles : Nike, TWA, American Express, Nabisco,
etc. Désormais, nous allons mettre l'accent sur les
deux derniers types de sociétés.
Vous commencez à travailler
sur l'e-mailing ?
C'est une partie naissante de nos activités aux Etats-Unis.
En France, nous fonctionnons sur la fonction d'opt-in. Dans
un premier temps, on va se concentrer sur la gestion des systèmes
d'e-mail de nos clients. La création de listes ne viendra
que dans un deuxième temps. Ce qui est clair, c'est
qu'il faut que les gens acceptent de recevoir des mails et
que cela soit une démarche volontaire pour que l'e-mailing
fonctionne. Aux Etats-Unis, nous avons ainsi obtenu des taux
de réponse de 10%. L'e-mailing nous permet en tout
cas de tester une campagne sur un petit nombre, d'obtenir
des données statistiquement fiables et quantitatives
très rapidement pour ensuite adapter la campagne à
l'ensemble des envois.
Et
vis-à-vis des internautes, cela ne pose pas un problème
déontologique ?
Absolument pas, puisque les internautes sont tous volontaires
pour recevoir les mails. Mais, bien-sûr, un jour ou
l'autre en France on va aussi avoir ce phénomène
de saturation qu'on connaît aux Etats-Unis, c'est-à-dire
que les internautes en ont assez de recevoir des mails dans
tous les sens. Je pense qu'il vaut mieux anticiper et bien
cerner les différentes cibles. Je pense que les gens
préfèrent de toute manière recevoir des
informations et de la publicité qui les concernent.
Comment fonctionne la rémunération
et quels sont vos objectifs pour 2001 ?
Nous percevons un pourcentage du plan média net négocié
et il y a également un coût d'accès à
notre technologie. Aux Etats-Unis, nous avons annoncé
que nous allions commencer à revendre notre technologie
cette année, mais uniquement à de très
gros clients. Pour 2001, la société a acheté
200 millions de dollars d'espaces publicitaires sur Internet.
La société n'est pas encore rentable, c'est
pour cela que nous réalisons une compression des effectifs
pour atteindre le seuil de rentabilité au premier semestre
2002. Pour la France, notre objectif, c'est l'acquisition
de nouveaux clients pour trouver une compétence plus
large. Nous voulons trouver un client sur chacun des secteurs
stratégiques. Nous sommes pour l'instant une équipe
de 10 personnes et nous avons déjà rencontrer
l'ensemble des régies publicitaires du marché
de l'Internet. En 2001, nous passons donc à l'action
pour recruter des clients.
Qu'est-ce
que vous aimez sur Internet ?
La capacité d'interactivité, la possibilté
d'échanger avec des gens, l'accès à l'information
qui est facilité grâce à la technologie.
A
contrario, qu'est-ce que vous détestez sur Internet ?
Les informations illégales qui sont d'actualité :
racisme, pédophilie... Mais j'ai du mal à voir
la solution.
Quels
sont vos sites préférés ?
Les sites d'e-commerce tels que Amazon.com,
en version américaine. J'utilise aussi les sites boursiers
en direct ainsi que MSN,
WStore.
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