JDNet. Quelles sont les motivations qui vous ont poussé
à lancer Tinubu Square ?
Jérôme
Pezé.
Pour vous donner une image, quand vous achetez à
la Bourse de Chicago vous ne regardez pas l'identité
du vendeur car vous n'avez pas de risque de contrepartie
sur cette place. Nous, nous allons essayer d'apporter
une solution qui permette d'avoir la même confiance
dans une place de marché internet ou un e-fournisseur.
Notre activité consiste donc à gérer
et garantir les risques de contrepartie des entreprises
lorsque les transactions sont effectuées de manière
électronique. La complexité vient du fait
que tout doit être quasiment assuré en
temps réel, quel que soit le pays de l'acheteur
et du vendeur. Au final, nous permettons le crédit-fournisseur,
nous éliminons le risque de non paiement et nous
gérons la transaction. Les plates-formes internet
auront forcément des besoins dans ce domaine
pour arriver à satisfaire leur client.
Sur
le "terrain", comment cela fonctionne-t-il?
Deux acheteur et vendeur se rencontrent sur une
plate-forme. Notre système est placé en
back-office de façon transparente et permet, en
utilisant notamment un système de scoring et des
informations sur les entreprises, de vérifier la
fiabilité des acteurs et de transférer le
risque à des assureurs-crédits. Nous avons
des partenariats dans ce domaine avec l'agence d'informations
financières Dun & Bradsteet ou avec Experian
qui a développé son système de scoring
pour notre solution. Nous avons également conclu
des partenariats avec six compagnies d'assurance-crédit
de premier rang.
Qui sont vos clients pour l'instant ?
Nous avons déjà
vendu la solution à une douzaine de clients dont
ImprimerieOnline,
la place d'affaire du monde de l'imprimerie, et la place
de marché dans le domaine de la construction
Constructeo/Bricsnet.
Et nous visons un volume de facturation de 10 millions
d'euros à la fin 2002.
Cette
solution n'existait pas avant ?
Pas sur ce segment
et certainement pas en Europe. Aux Etats-Unis, on peut
considérer qu'une société comme
Aceva est sur le même créneau, même
si il y a de nettes différences d'approche. Mais
en Europe, aucune société n'a pour l'instant
la capacité de gérer toute la chaîne.
Mais
des assureurs-crédits pourraient très
bien financer ce type de projets ?
Tout d'abord
la barrière technologie est élevée
puisque nous avons passé deux ans à développer
la solution. Ensuite par expérience, je vous
dirai que pour bien répondre à la demande
de ce marché, il faut être indépendant.
Cela n'empêche évidemment pas des assureurs-crédit
de monter eux-mêmes leur structure. Mais il faut
savoir que nous ne somme pas concurrents de leur métier.
Nous sommes surtout un facilitateur pour leur business
dans la mesure où nous transformons le processus
pour le rendre online et sans interruption.
Quel est votre modèle de revenus ?
C'est un autre
élément de notre spécificité.
Notre modèle est en effet adaptable aux modèles
de revenus de la plate-forme cliente elle-même.
Nous pouvons facturer au volume de transactions, au
forfait, à l'acheteur, au vendeur ou même
par tranche de chiffre d'affaires.
En
ce moment la réussite des places de marchés
n'est guère évidente. Est ce que cela
ne va pas nuire à votre activité ?
Je vais vous répondre
par une métaphore. Ce n'est pas parce que 20 %
des citoyens sont gauchers et 80 % droitiers, qu'on
va arrêter de fabriquer des produits adaptés
aux gauchers. Il y aura certainement des abandons chez
les places de marché mais il en restera suffisamment
pour générer des revenus considérables
dans l'avenir. Je pense, d'une part, que l'échec
de certaines plate-formes vient du fait qu'elles ont
oublié que, même sur Internet, elles devaient
se comporter comme des acteurs traditionnels. J'ai été
ainsi assez surpris de découvrir sur certaines
places que le produit n'avait pas été
du tout pensé pour les clients. Il n'y avait
par exemple pas de solution de crédit-fournisseur,
ce qui paraît incongru quand on connaît
l'importance de cet outil dans les relations inter-entreprises.
En résumé, le confort et la sécurité
avaient été occultés. Nous sommes
donc une brique dans le dispositif pour renforcer la
qualité et la performance d'une plate-forme.
D'autre part, le climat actuel en Europe est un élément
en notre faveur. Les risques de défaillances
des entreprises se sont en effet élevé
alors que les volumes de transactions ont sensiblement
augmenté dans le même temps.
Vous
parlez de risque. Mais en tant que jeune entreprise,
ne constituez vous pas aussi un risque pour les entreprises
qui feraient appel à vous sur un métier
aussi sensible ?
Tout d'abord, nous
avons des partenaires de grande réputation qui
nous ont fait confiance. Ce qui doit rassurer le client.
Par ailleurs, je le répète nous n'endossons
pas le risque lors de la transaction. Nous gérons,
nous prenons des décisions mais nous transférons
le risque à l'assureur-crédit.
Vous
avez des ambitions au niveau international ?
Il est clair que
notre développement est plus rapide que prévu.
Pour l'instant, nous sommes installés au Benelux,
en Angleterre et en France mais nous pourrions accélérer
ce développement dans les mois qui viennent.
Qu'est ce que vous aimez sur Internet ?
Amazon. J'y achète
très souvent des livres pour mes enfants. Au
niveau professionnel, je trouve qu'ImprimerieOnline.com
est un superbe site.
Qu'est
ce que vous n'aimez pas sur Internet ?
Toujours au niveau
professionnel, je vous répondrai qu'il y a beaucoup
de sites qui n'amènent pas grand chose. Il y
a encore trop de sites qui se contentent de mettre en
relation les gens sans rien apporter de plus. La valeur
ajoutée y est trés faible.
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