JDN. Les premières offres UMTS viennent d'apparaître en France. Rétrospectivement, à quoi doit-on le retard de déploiement de la téléphonie 3G ?
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Dominique Roux (*). L'UMTS arrive avec deux ans et demi
de retard par rapport à ce qui était prévu car des problèmes techniques n'ont
pas été levés aussi facilement qu'on pouvait l'attendre.
En outre, la 3G suppose la mise en place d'un nouveau
réseau et cela coûte cher, tout le territoire ne sera
pas couvert dès le début. Il a donc fallu concevoir
des terminaux spéciaux bi-modes GSM/UMTS capables
de s'adapter au réseau GSM pour pouvoir continuer
à téléphoner une fois sorti du rayon d'action de l'UMTS.
Dans le même téléphone se côtoient donc deux fonctionnalités
et le passage de l'une à l'autre n'a pas été simple
à réaliser. Le retard technique est dû aussi aux deux nouveautés
que l'on va trouver dans les portables compatibles
UMTS. D'abord, l'écran, qui servait principalement
dans les mobiles 2G à afficher des numéros ou des SMS doit être avec la 3G de
meilleure qualité pour présenter des images. La deuxième technique difficile à mettre en place
a été la création de batteries performantes.
Outre des problèmes techniques, les opérateurs ont rencontré des soucis d'ordre économique...
Lorsque les Etats
européens ont proposé des licences pour les opérateurs
de troisième génération, on était en pleine bulle
Internet et ils ont alors fixé des prix absolument
exorbitants. Globalement on peut dire que 150 milliards
d'euros pour un chiffre d'affaires total du secteur
de 200 milliards d'euros ont été prélevés sur les
opérateurs télécoms pour obtenir des licences, ce
qui a naturellement constitué un frein au développement
de l'UMTS et a entraîné un effet négatif sur les opérateurs
en augmentant lourdement leur endettement. C'est le
cas par exemple chez Deutsche Telekom ou France Télécom; mais en amont, ces prélèvements ont aussi provoqué
des difficultés chez les constructeurs de matériels.
Alcatel, Nortel, Nokia, Ericsson en ont tous subi
le contrecoup puisque les opérateurs ont été conduits
à diminuer leurs commandes. Heureusement, grâce au
succès du GSM les opérateurs ont renfloué leurs finances
qu'ils vont utiliser dès cette année pour se lancer
dans la G3, car 2004 sera la vraie année de démarrage
de l'UMTS.
Les portables compatibles UMTS sont-ils prêts ?
Oui, les constructeurs proposent de nouveaux appareils tous les mois, mais il faut noter que la production s'est déplacée vers l'Asie.
Avec la 2G, les équipementiers étaient pour la plupart européens ou américains. Avec la 3G, les Coréens et les Japonais, qui avaient été exclus de la 2G, reviennent en force. C'est pourquoi beaucoup de constructeurs européens comme Nokia produisent loin de leurs bases ou ont trouvé des partenaires asiatiques pour mettre en commun leur savoir-faire : c'est le cas pour Sony et Ericsson, Alcatel et Fujitsu, Siemens et NEC.
Quels sont les opérateurs concernés par l'UMTS ?
En Europe aussi bien qu'en Asie, il existe déjà plusieurs opérateurs qui ont lancé l'UMTS, mais cela reste encore marginal. Il n'y a en Europe pour l'instant que quelques centaines de milliers d'abonnés et DoCoMo au Japon compte seulement 2 millions d'utilisateurs.
Mais en 2004, 34 nouveaux opérateurs de télécoms dans le monde, ont décidé de se lancer dans l'UMTS. Le phénomène prend donc de l'ampleur. En France, SFR doit ouvrir commercialement ses services en octobre 2004 et les services 3G d'Orange sont attendus pour les fêtes de Noël.
Doit-on s'attendre à des forfaits plus chers de leur part ?
Je ne connais pas la stratégie des opérateurs. Cependant,
les terminaux de troisième génération seront plus
chers, et comme pour la 2G à ses débuts, les opérateurs
vont être obligés de les subventionner en demandant
en contrepartie aux consommateurs de s'engager pour
un an ou deux.
L'ensemble du territoire français sera-t-il couvert par l'UMTS ?
A moyen terme, l'objectif d'une couverture nationale
du territoire pour l'UMTS est toujours maintenue. Orange et SFR vont devoir à court terme, d'ici fin
2005, couvrir 58 % de la population française.
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Le marché de téléphonie mobile continue à se développer en volume et en valeur" |
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L'UMTS sert-il à relancer un marché de la téléphonie mobile saturé ?
On a beaucoup dit que le marché du GSM était saturé,
ce n'est pas exact; il ne l'est pas encore complètement.
On constate qu'il continue à se développer tant en
volume qu'en valeur. Car, le marché du GSM bénéficie
du renouvellement régulier du matériel et des services.
Aujourd'hui, quand on dispose d'un téléphone qui ne
prend pas de photos, ça fait un peu "ringard". Ce marché se développe aussi parce que des enfants
de plus en plus jeunes utilisent les mobiles. A 12
ans maintenant on veut un mobile et c'est le cas pour
près de 40 % d'entre eux. Donc le marché s'élargit.
Enfin, le mobile devenant un outil social, familial,
professionnel indispensable, certaines personnes éprouvent
le besoin de posséder deux téléphones et deux abonnements,
l'un professionnel et l'autre privé. En Ile-de-France,
par exemple plus de 90 % des habitants ont un portable.
Il y en a forcément qui en ont deux. Donc le marché n'est pas encore saturé et on voit
apparaître des nouveautés. Par exemple, il y a trois ans,
les SMS n'existaient pas. Aujourd'hui ils se comptent
en milliards chaque trimestre.
Croyez-vous au succès de l'UMTS ?
Personnellement j'y crois ! Et l'ART aussi, comme elle l'a encore rappelé récemment. Les succès du SMS, de la photo, des services multimédias en GSM/GPRS lancés depuis quelques mois constituent d'ailleurs des signes précurseurs positifs pour le développement de l'UMTS.
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Et la 4G, qui est déjà ouverte au Japon ?
On en parle car on est toujours insatiable en matière de débit, comme on le constate avec l'Internet. Mais commençons par réussir le lancement de la 3G. On verra après.
(*)
La version originale de cette interview a été publiée par L'Internaute Magazine en mai 2004. |