JDNet.
Tout votre business-model tourne autour de la technologie
SCOL. En quoi consiste-t-elle?
Patrice Rullier.
Standard Cryo On line (SCOL)
est une technologie que nous avons développée
en 1997 avec le soutien de l'Agence nationale de valorisation
de la recherce (ANVAR). C'est un langage de programmation
qui permet de développer très rapidement des
environnements multimédias pour créer des communautés
virtuelles en 3D notamment. En clair, elle permet à
l'internaute lambda de créer de la valeur ajoutée
pour son site et aux développeurs professionnels d'enrichir
leur création, notamment les sites d'E-commerce. En
outre, elle nous offre la possiblité de créer
des univers de jeux en ligne.
Comment
comptez-vous générer des revenus avec SCOL?
De trois façons. La première est de vendre les
outils de développement aux professionnels (SCS). Ce
pôle doit rapporter plus de 5 millions de francs dès
cette année et 29 millions de francs l'année
prochaine. La deuxième source de revenus proviendra
de la vente de licences sur les serveurs (12,125 millions
de francs cette année, 46 millions de francs, l'année
prochaine). Car en fait, une fois que le site est créé
avec les outils SCS, une licence serveur est requise pour
le faire fonctionner. Le dernier pôle est une activité
de BtoC qui englobe aussi bien le Cryonics, un outil de développement
SCOL pour l'internaute, que l'exploitation de communautés
virtuelles ludiques payantes, développées avec
notre langage et dont trois sont déjà actives,
à l'image de Mankind
ou Venise. Deux nouveaux
jeux, Fog et la Chasse au trésor, devraient être
lancés avant la fin de l'année. En revanche,
nous n'avons pas inclus dans le business plan les revenus
publicitaires que pourrait générer l'audience
de nos sites.
Mais comment
allez vous faire pour imposer SCOL comme un standard?
C'est là qu'il faut qu'on soit très rapide.
On a signé par exemple avec Intel, qui propose le plugin
sur son site de service en ligne Weboutfitter et le recommande
à ses utilisateurs pour le Pentium III. On vise également
les fournisseurs d'accès, comme Free ou LibertySurf,
avec lequel nous avons un accord pour distribuer 800.000 kits
de connexion incluant le plugins SCOL. Enfin, on s'attachera
aussi à des partenariats avec les grands constructeurs
informatiques comme NEC, avec lequel nous avons produit un
navigateur en SCOL intégré sur l'ensemble des
PC vendus à partir de septembre.
Le danger
le plus sérieux semble venir de Microsoft, avec Explorer,
qui pourrait intégrer une technologie concurrente.
Comptez-vous imposer votre plugin chez eux?
C'est encore un peu tôt pour viser Microsoft. On attend
d'être un peu plus fort. Mais on a une avance technologique
qui nous permet encore de ne pas être menacés
par un concurrent.
Vous dîtes
que Cryo Networks n'a pas vocation à offrir aux jeux
vidéos développés par Cryo Interactive
un marché secondaire, celui de l'internet. Pourquoi?
Parce que on ne fait pas la même chose et certainement
pas le même type de jeux. Jouer sur Internet, ca prend
du temps, plus que quand vous êtes seul devant votre
console. Il faut donc s'adapter. Le seul lien qu'il peut y
avoir avec Cryo, c'est à la limite qu'ils achètent
des licences aux Etats-Unis et que nous les déclinions
pour l'internet. Mais en dehors du lien capitalisatique et
des personnes communes aux deux sociétés, Cryo
Networks n'a rien à voir avec Cryo Interactive. C'est
d'ailleurs pour cela qu'on a réalisé un
spin-off qui ne se justifie à notre sens que parce
que l'activité de la filiale est fondamentalement différente
de celle de la maison-mère. D'autant que ce spin-off
nous permettait en même de temps d'obtenir des fonds
supplémentaires pour développer notre technologie
et ainsi créer une barrière à l'entrée.
Justement,
vous pourriez lever près de 200 millions de francs.
La majeure partie de ces fonds serviront-ils encore à
la recherche et au développement ?
Oui une bonne partie servira à cela (18 millions de
francs en 2000, 28 millions en 2001 et 54 millions en 2002).
Ensuite, nous devrions viser éventuellement des opérations
de croissance externe comme des studios de développement
ou des sociétés dont l'activité se rapproche
de celle des web agencies. La dernière partie des fonds
sera affectée au marketing (8 millions cette année
et 30 millions l'année prochaine) et aux animations
pour faire connaître le produit au grand public.
Les dépenses
marketing sont lourdes. Pourquoi viser le grand public alors
que la vente de votre technologie aux professionnels pourrait
déjà vous rapporter beaucoup?
Parce
qu'on a bien regardé le modèle de Netscape.
Quand ils ont commencé, leur technologie était
largement supérieure à celle des autres mais
ils n'ont pas su créer une base de données d'utilisateurs
fidèles, ce qui a fait que quand Explorer a débarqué,
Netscape a tout de suite reculé. Le modèle de
Real Networks aux Etats-Unis, proche du nôtre, essaie
d'ailleurs d'éviter ces erreurs.
Avant d'arriver
chez Cryo en 1997, vous êtiez chez l'éditeur
de jeux Infogrames. Qu'avez vous pensé des déclarations
de votre ancien président, Bruno Bonnel, qui est sceptique
sur le développement des jeux en ligne à l'heure
actuelle?
Je
considère que ce ne sera pas le cas pour nous. Le problème,
c'est que tout le monde dit ça parce qu'il n'y a pas
le haut-débit où que le téléchargement
des plugins est trop compliqué. Nous, on fait le pari
avec SCOL que l'internaute n'aura pas à s'énerver
sur sa machine même s'il dispose d'une liaison 56K.
Il faut s'adapter à l'environnement actuel, c'est tout
Vous avez
pourtant eu une expérience douloureuse avec Le Deuxième
monde, monde virtuel développé en collaboration
avec Canal +...
C'est justement pour cela qu'on a tout remis à plat.
C''était une mauvaise expérience et c'est pour
cela qu'on a changé de technologie et qu'on a créé
des outils appropriés qui vous empêchent de transformer
ce genre de projet en usine à gaz.
Vous dîtes
que votre technologie va révolutionner la relation
client-vendeur sur Internet. Pourquoi?
Allez sur le site de la Fnac
l'après-midi et vous comprendrez. Avec notre système,
vous avez un avatar (personnage virtuel) qui communique avec
vous. Le vendeur peut donc guider l'e-consomnateur dans sa
recherche de produits de façon entièrement interactive
en utilisant toutes les possibilités du multimédia.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
Les sites d'informations,
comme celui de CNN
Et qu'est
ce que vous n'aimez pas ?
Clairement, le
spam. On reçoit trop de trucs via e-mail et cela devient
infernal de faire le tri.
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