INTERVIEW
 
Directeur général
Cryo Networks
Patrice Rullier
"Titre"
Cryo Networks est une filiale à 61,49% (après introduction) de l'éditeur de jeux Cryo. La société s'apprête à faire lundi ses premiers pas sur le Nouveau marché. Cryo Networks a émis pour l'occasion 1.581.350 actions nouvelles, soit 20% du capital, proposé à un prix compris entre 19 et 21 euros. Le placement garanti portant sur 90% des titres. La levée de fonds devrait rapporter entre 30,04 et 33,2 millions d'euros. La valorisation de la société s'établirait ainsi à près de 166 millions d'euros dans la fourchette haute. Cryo Networks prévoit pour 2000 un chiffre d'affaires de 9,15 millions d'euros, avec une perte nette de 2,01 millions d'euros. Pour 2001, la société anticipe un chiffre d'affaires. de 25,7 millions d'euros et un bénéfice net de 2,04 millions d'euros. En 2002, le chiffre d'affaires devrait atteindre 57,8 millions d'euros, avec un bénéfice net de 5,24 millions d'euros. Pour arriver à ces résultats, la société déclinera son business model, notamment autour d'une technologie baptisée SCOL. Patrice Rullier, directeur général de Cryo Networks, en explique le fonctionnement et dresse les perspectives pour sa société.22 septembre 2000
 
          

JDNet. Tout votre business-model tourne autour de la technologie SCOL. En quoi consiste-t-elle?
Patrice Rullier. Standard Cryo On line (SCOL) est une technologie que nous avons développée en 1997 avec le soutien de l'Agence nationale de valorisation de la recherce (ANVAR). C'est un langage de programmation qui permet de développer très rapidement des environnements multimédias pour créer des communautés virtuelles en 3D notamment. En clair, elle permet à l'internaute lambda de créer de la valeur ajoutée pour son site et aux développeurs professionnels d'enrichir leur création, notamment les sites d'E-commerce. En outre, elle nous offre la possiblité de créer des univers de jeux en ligne.

Comment comptez-vous générer des revenus avec SCOL?

De trois façons. La première est de vendre les outils de développement aux professionnels (SCS). Ce pôle doit rapporter plus de 5 millions de francs dès cette année et 29 millions de francs l'année prochaine. La deuxième source de revenus proviendra de la vente de licences sur les serveurs (12,125 millions de francs cette année, 46 millions de francs, l'année prochaine). Car en fait, une fois que le site est créé avec les outils SCS, une licence serveur est requise pour le faire fonctionner. Le dernier pôle est une activité de BtoC qui englobe aussi bien le Cryonics, un outil de développement SCOL pour l'internaute, que l'exploitation de communautés virtuelles ludiques payantes, développées avec notre langage et dont trois sont déjà actives, à l'image de Mankind ou Venise. Deux nouveaux jeux, Fog et la Chasse au trésor, devraient être lancés avant la fin de l'année. En revanche, nous n'avons pas inclus dans le business plan les revenus publicitaires que pourrait générer l'audience de nos sites.

Mais comment allez vous faire pour imposer SCOL comme un standard?
C'est là qu'il faut qu'on soit très rapide. On a signé par exemple avec Intel, qui propose le plugin sur son site de service en ligne Weboutfitter et le recommande à ses utilisateurs pour le Pentium III. On vise également les fournisseurs d'accès, comme Free ou LibertySurf, avec lequel nous avons un accord pour distribuer 800.000 kits de connexion incluant le plugins SCOL. Enfin, on s'attachera aussi à des partenariats avec les grands constructeurs informatiques comme NEC, avec lequel nous avons produit un navigateur en SCOL intégré sur l'ensemble des PC vendus à partir de septembre.

Le danger le plus sérieux semble venir de Microsoft, avec Explorer, qui pourrait intégrer une technologie concurrente. Comptez-vous imposer votre plugin chez eux?
C'est encore un peu tôt pour viser Microsoft. On attend d'être un peu plus fort. Mais on a une avance technologique qui nous permet encore de ne pas être menacés par un concurrent.

Vous dîtes que Cryo Networks n'a pas vocation à offrir aux jeux vidéos développés par Cryo Interactive un marché secondaire, celui de l'internet. Pourquoi?
Parce que on ne fait pas la même chose et certainement pas le même type de jeux. Jouer sur Internet, ca prend du temps, plus que quand vous êtes seul devant votre console. Il faut donc s'adapter. Le seul lien qu'il peut y avoir avec Cryo, c'est à la limite qu'ils achètent des licences aux Etats-Unis et que nous les déclinions pour l'internet. Mais en dehors du lien capitalisatique et des personnes communes aux deux sociétés, Cryo Networks n'a rien à voir avec Cryo Interactive. C'est d'ailleurs pour cela qu'on a réalisé un spin-off qui ne se justifie à notre sens que parce que l'activité de la filiale est fondamentalement différente de celle de la maison-mère. D'autant que ce spin-off nous permettait en même de temps d'obtenir des fonds supplémentaires pour développer notre technologie et ainsi créer une barrière à l'entrée.

Justement, vous pourriez lever près de 200 millions de francs. La majeure partie de ces fonds serviront-ils encore à la recherche et au développement ?
Oui une bonne partie servira à cela (18 millions de francs en 2000, 28 millions en 2001 et 54 millions en 2002). Ensuite, nous devrions viser éventuellement des opérations de croissance externe comme des studios de développement ou des sociétés dont l'activité se rapproche de celle des web agencies. La dernière partie des fonds sera affectée au marketing (8 millions cette année et 30 millions l'année prochaine) et aux animations pour faire connaître le produit au grand public.

Les dépenses marketing sont lourdes. Pourquoi viser le grand public alors que la vente de votre technologie aux professionnels pourrait déjà vous rapporter beaucoup?
Parce qu'on a bien regardé le modèle de Netscape. Quand ils ont commencé, leur technologie était largement supérieure à celle des autres mais ils n'ont pas su créer une base de données d'utilisateurs fidèles, ce qui a fait que quand Explorer a débarqué, Netscape a tout de suite reculé. Le modèle de Real Networks aux Etats-Unis, proche du nôtre, essaie d'ailleurs d'éviter ces erreurs.

Avant d'arriver chez Cryo en 1997, vous êtiez chez l'éditeur de jeux Infogrames. Qu'avez vous pensé des déclarations de votre ancien président, Bruno Bonnel, qui est sceptique sur le développement des jeux en ligne à l'heure actuelle?
Je considère que ce ne sera pas le cas pour nous. Le problème, c'est que tout le monde dit ça parce qu'il n'y a pas le haut-débit où que le téléchargement des plugins est trop compliqué. Nous, on fait le pari avec SCOL que l'internaute n'aura pas à s'énerver sur sa machine même s'il dispose d'une liaison 56K. Il faut s'adapter à l'environnement actuel, c'est tout

Vous avez pourtant eu une expérience douloureuse avec Le Deuxième monde, monde virtuel développé en collaboration avec Canal +...
C'est justement pour cela qu'on a tout remis à plat. C''était une mauvaise expérience et c'est pour cela qu'on a changé de technologie et qu'on a créé des outils appropriés qui vous empêchent de transformer ce genre de projet en usine à gaz.

Vous dîtes que votre technologie va révolutionner la relation client-vendeur sur Internet. Pourquoi?
Allez sur le site de la Fnac l'après-midi et vous comprendrez. Avec notre système, vous avez un avatar (personnage virtuel) qui communique avec vous. Le vendeur peut donc guider l'e-consomnateur dans sa recherche de produits de façon entièrement interactive en utilisant toutes les possibilités du multimédia.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
Les sites d'informations, comme celui de CNN

Et qu'est ce que vous n'aimez pas ?
Clairement, le spam. On reçoit trop de trucs via e-mail et cela devient infernal de faire le tri.

 
Propos recueillis par Jérôme Batteau

PARCOURS
 
Patrice Rullier est diplômé de l'Ecole supérieure de commerce de Lyon et d'un troisième cycle de managment de l'université de Stanford. Il a rejoint l'éditeur de jeux Cryo en 1996, en tant que directeur commercial, après avoir été directeur du développement européen d'Infogrames et responsable des filiales asiatiques de la société Lectra Système.

   
 
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