|  | Bruno Thibaudeau Directeur du développement Canal
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| Bruno Thibaudeau "Nous avons vocation à être présents chez tous les opérateurs" Satisfait des premiers pas de l'offre de VOD CanalPlay, le directeur du développement du groupe Canal+ affirme que la chaîne va privilégier les accords avec les FAI et opérateurs
mobiles afin de compléter sa distribution sur les nouveaux médias, en live comme en VOD.
(23/01/2006) | |  |  | JDN.Pouvez-vous nous rappeler quels sont les secteurs
couverts
par Canal+ Active ? Bruno Thibaudeau. Nous nous occupons de développer
tous les nouveaux usages pour le groupe Canal+, par rapport
à la consommation de films, de vidéos, de programmes.
Nous couvrons à la fois l'univers TV, Internet et mobile.
Vous avez lancé CanalPlay il
y a trois mois, puis vous avez dupliqué ce modèle pour
fournir l'offre de VoD
de Free, à la mi-décembre. Quelles sont les différences
entre ces deux offres ? Il s'agit du même produit, nous sommes sur les mêmes usages,
avec une distribution PC pour CanalPlay et une distribution
sur la télévision avec Free, donc des ergonomies différentes.
Nous nous adaptons selon la technologie de réception.
Mais je pense que, peu à peu, nous assisterons à une convergence
PC-télévision. Les deux services ne sont pas du tout concurrents :
si l'un se développe, l'autre se développera forcément.
Aujourd'hui, il existe une différence de prix entre Free
et CanalPlay car nous testons une fourchette de prix.
Il fallait prendre en compte plusieurs paramètres, notamment
le fait que sur la Free Box, les usagers sont dans une
logique d'abonnement. C'est donc pour cela que le service
est un peu moins cher avec Free : de 1,99 à 3,99
euros, contre une moyenne de 3,99 à 4,99 euros sur CanalPlay.
Mais les tarifs auront, eux aussi, tendance à converger.
Pourquoi
avoir choisi Free et pas un autre opérateur ? Il existe entre Free et Canal+ une vraie proximité. Nous
possédons le même dynamisme, la même philosophie de l'innovation,
de la réactivité. Nos cibles sont également très proches
et depuis que nous travaillons ensemble, il existe une
véritable complémentarité dans nos métiers. C'est un bon
accord win-win. Pour le moment, nous sommes avec Free
mais nous travaillerons avec d'autres dans le futur.
Êtes-vous satisfait des
premiers résultats de cette offre de VOD ? Oui, nous sommes réellement en train de créer un nouvel
usage. Au total, nous en sommes à plus de 300.000 téléchargements,
dont 150.000 réalisés chez Free. Ces chiffres devraient
encore bien progresser en 2006.
Combien de références comptez-vous
à l'heure actuelle et comment le catalogue va évoluer
à l'avenir ?
 |  | Aujourd'hui,
1.000 vidéos sont en ligne en permanence" |
| Aujourd'hui, nous avons 1.000 vidéos en ligne en permanence.
Ce chiffre est fluctuant car l'accord que nous avons signé
prévoit de déréférencer certains films au moment de leur
exploitation à la télévision. C'est aussi pour cette raison
que la croissance du catalogue n'a pas été aussi rapide
qu'on le souhaitait. Hors cinéma adulte, cela représente
un catalogue 500 à 600 films, les derniers ajouts concernant
une offre enfants. De nouveaux programmes vont bientôt
entrer dans cette offre, notamment les mangas, et, en
2006, nous souhaitons proposer des séries et de la musique
en téléchargement. Ce sont deux thèmes forts, qui devraient
rencontrer une demande importante, surtout quand on sait
que les séries sont parmi les programmes les plus téléchargés
illégalement. On ne peut pas laisser cela en l'état. Et,
bien sûr, il faudra proposer des prix qui ne soient pas
prohibitifs et une ergonomie sympathique. Pour la musique,
cela pourra concerner des clips, des concerts, par exemple.
L'accord trouvé sur la chronologie
des médias, pour votre offre de VOD, vous satisfait-il ? Oui, car nous avons réussi à faire baisser le délai de
diffusion des uvres. Alors que l'on était à l'origine
sur neuf mois, nous avons réussi à trouver un accord sur
sept mois et demi. Cela signifie que sept mois et demi
après sa sortie en salle, un film est disponible sur notre
site. Je pense que ce délai permet d'observer des nouveautés
sans casser l'économie du secteur. Néanmoins, cet accord
a été signé pour un an, dans quelques mois nous pourrons
donc de nouveau discuter des modalités en fonction du
développement de ce nouvel usage.
 |  | Nous
travaillons sur le développement de
communautés autour de CanalPlay" |
| Comment vont évoluer ces offres ? C'est certainement l'offre sur PC qui évoluera le plus,
car c'est l'univers qui donne le plus de possibilités.
Nous travaillons sur la possibilité d'y créer des liens
avec d'autres contenus, de développer des communautés
autour de CanalPlay. On peut imaginer notamment pouvoir
proposer d'autres contenus à un internaute qui téléchargera
un film, en relation avec celui-ci : un livre sur
le même thème, un documentaire, etc. Nous souhaitons également
participer à la promotion de nouveaux talents, faire découvrir
à nos utilisateurs des vidéos moins connues, le catalogue
s'élargira sans doute dans ce sens.
Envisagez-vous de décliner
les programmes Canal+ sur une offre de VOD ? Nous ne nous en sommes jamais cachés, c'est une direction
que l'on souhaiterait prendre. Nous travaillons donc sur
une offre intégrant les programmes TV Canal+. Nous avons
des contenus qui s'y prêtent parfaitement.
Vous avez également signé l'an
dernier un accord avec le fabricant de baladeurs numériques
Archos. Cela signifie que vous pourriez décliner vos contenus
en mobilité ? Oui, nous réfléchissons au podcasting et nous allons naturellement
continuer à travailler autour du baladeur. Archos fait
partie des entreprises susceptibles de nous accompagner.
D'autant que Canal+ a eu en
2005 une actualité riche sur le secteur mobile. Où en
est l'offre de télévision en live CanalSat sur les téléphones
3G de SFR ?
 |  | 20.000
abonnés à notre offre de TV
live avec SFR" |
| Fin 2005, nous en étions à 20.000 abonnés, un chiffre
bien supérieur à nos attentes. Il s'agit d'une sélection
de chaînes de notre bouquet accessible pour 12 euros par
mois. Dans ce domaine, nous sommes en train de découvrir
de nouveaux usages. Le temps de consommation se situe
aujourd'hui à environ 30 minutes par mois, mais ce n'est
qu'un début, cela devrait se développer fortement et en
2006, ce sont peut-être 5 millions de personnes qui auront
accès à ces petites télévisions personnelles.
Vous disposez d'une autre offre
mobile, cette fois avec Orange. En quoi consiste-t-elle
et les chiffres vous satisfont-ils autant que ceux de
l'offre de TV live ? Avec Orange, il s'agit d'une offre de VOD autour de certaines
de nos émissions en clair : les Guignols ou Groland
par exemple. Nous ne communiquons pas encore nos chiffres
mais là aussi, ils sont supérieurs à nos prévisions, même
si nous sommes toujours dans une phase d'apprentissage.
C'est d'autant plus intéressant que cette offre fonctionne
sur un modèle économique différent de celui d'Orange :
un abonnement alors que les vidéos sur Orange World sont
en général gratuites. C'est donc encourageant. Ce que
l'on peut dire, c'est que chaque fois que nous avons mis
des contenus inédits, notamment le début de la campagne
électorale des Guignols, nous avons vite atteint plusieurs
milliers de vidéos visionnées.
Des accords avec SFR et Orange,
mais incomplets
N'est-ce pas étonnant ? Nous avons vocation à être présent chez tous les opérateurs.
Nous souhaitons donc développer ces accords, afin de présenter
l'offre la plus large possible, en live comme en VOD.
 |  | Avec
le DVB-H, on montera à 30 minutes par
jour de TV mobile" |
| Vous êtes également engagés
dans l'expérimentation de la télévision mobile en broadcasting,
avec la norme DVB-H. Où en sont ces tests et qu'en attendez-vous ? Ces expérimentations poursuivent leur cours. Nous devrions
bientôt pouvoir faire un bilan d'étape. C'est en tout
cas une chose à laquelle nous croyons beaucoup. Une fois
que le service sera là, ce n'est plus 30 minutes par mois
que l'on regardera la télévision sur son portable, mais
30 minutes par jour. Toutefois, je pense que les choses
ne pourront vraiment se développer que courant 2007 car
il reste de nombreux problèmes à régler, en particulier
celui de l'allocation de fréquences rares.
Et avez-vous engagé des négociations
avec les opérateurs télécoms, les fabricants et les opérateurs
réseau concernant le futur modèle économique de cette
télévision mobile ? Non. Mais je pense que l'on partira sur un modèle classique
de partage de la valeur ajoutée. Plusieurs systèmes cohabiteront :
il y aura des télévisions portables et des téléphones
permettant de recevoir la télévision, etc. et le partage
sera différent selon les systèmes.
L'éventuel rapprochement entre
TPS et CanalSat, qu'est-ce que cela pourrait changer pour
vous ? C'est un projet, si cela aboutit on ne peut que s'en réjouir.
C'est un projet industriel cohérent. Dans le domaine des
nouvelles technologies, cela ne pourra que clarifier l'offre,
je pense notamment aux offres de télévision sur mobile,
où TPS et CanalSat sont présents. De manière plus générale,
nous travaillons à toujours être plus innovants, à développer
nos contenus sur tous les supports possibles. | | | Propos recueillis par Nicolas RAULINE, JDN |
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PARCOURS
| |  | | Bruno Thibaudeau, 46 ans, est directeur du développement du Groupe Canal+ depuis mars 2005. A ce titre, il a notamment la responsabilité des projets liés aux nouvelles consommations audiovisuelles sur tous les supports, comme la télévision mobile, le
téléchargement de vidéos à la demande et les services de pay-per-view.
Précédemment, il a occupé le poste de directeur général délégué de multiThématiques entre février 2001 et mars 2005, chargé de poursuivre le développement des différentes marques éditées par le groupe en France et à
l'international.
Il a commencé sa carrière au sein du Groupe Canal+ en 1984, après des études supérieures de finance et de gestion. Nommé directeur financier de la chaîne Canal+ France en mars 1994, il devient directeur général adjoint Canal+ France / Activités Pay-TV en 1998.
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