JDNet. Comment les grands comptes appréhendent-ils
en ce début 2002 leur stratégie e-business
?
Georges Vialle.
Le
premier acte de la Nouvelle économie est aujourd'hui
bel et bien fini. Il y a encore 18 mois, les grands
comptes voyaient dans l'Internet un moyen pour prendre
des initiatives externes, pour aller vers de nouveaux
modèles de profits, parfois très éloignés de leur coeur
de métier. Cette stratégie était souvent dictée par
la pression des start-ups qui étaient alors vues comme
des menaces. Dans cette logique, les grands comptes
ont eux aussi vécus leur euphorie Internet en lançant
des initiatives disparates avec pour simple volonté,
bien souvent, d'occuper le terrain. L'euphorie passée,
ces entreprises se retrouvent face à une accumulation
de projets dont la cohésion et l'intérêt financier sont
plus que douteux.
Mais
ce bouillonnement entrait également dans la volonté
pour les grands comptes de trouver des financements
par le marché...
Oui, mais à ce jeu-là, peu de grandes entreprises sont
arrivées à leurs fins. La fenêtre de tir en Bourse était
extrêmement étroite et, au bout du compte, la très grande
majorité des entreprises ont préféré aujourd'hui rapatrier
leur spin-off Internet en s'apercevant de l'ampleur
des dégâts et des moyens engagés. Seules certaines stratégies
tiennent la route, par exemple les joint-ventures qui
ont permis à des grands comptes de sortir de leur coquille
en combinant expertise et base de clientèle. Le cas
de la SNCF et d'Expedia est à ce titre remarquable.
Comment
se traduit la fin du premier acte Internet pour les
grandes entreprises ?
Par du pragmatisme, de la rationalisation. Là où une
grande entreprise accumulait, il y a un an, 50 ou 200
projets Internet différents, nous sommes aujourd'hui
tombés à 15 ou 50 projets. Cette épuration est généralement
opérée en regard de la synergie entre le projet et le
coeur de métier de l'entreprise. L'e-business n'est
plus de la R & D ! Ce qui n'est pas dans une
logique du renforcement du métier de base et d'amélioration
de la performance est souvent mis de côté. Cette rationalisation
pousse désormais les projets Internet à épouser les
métiers de l'entreprise en se déclinant sous forme d'e-CRM,
d'e-procurement, d'e-RH, d'e-learning... Fin 2000, environ
60% des projets Internet en entreprise n'étaient pas
en cohésion directe avec le coeur de métier. Aujourd'hui,
85 à 95% des projets Internet menés sont en adéquation
avec l'activité de l'entreprise.
Quels
sont les retours attendus avec cette nouvelle génération
de projets Internet ?
Nous entrons dans une logique de numérisation des métiers,
en plein dans l'esprit "click & mortar". En se concentrant
sur les fonctionnalités à même de dégager des gains,
les entreprises peuvent prétendre atteindre des réductions
de coûts situées entre 5 et 10%, voire 15% pour les
bons élèves.
Quels
sont les impacts de cette mutation dans le pilotage
interne des projets Internet ?
Le premier acte se caractérisait par un foisonnement
d'initiatives où le middle management se retrouvait
en première ligne. La nouvelle donne pousse les entreprises
à mettre en place un jeu à trois : d'une part les utilisateurs
actifs, qui sont les interlocuteurs et les pilotes les
plus pertinents pour injecter une logique opérationnelle,
d'autre part la direction générale, qui elle seule peut
insuffler une cohésion et arbitrer les moyens financiers
nécessaires, et enfin la direction informatique qui
apporte une fonction support indispensable.
Que
devient dans ce jeu à trois le directeur e-business,
le "monsieur Internet" ?
Cette fonction est par nature transitoire. Elle a encore
une utilité très forte dans les deux à trois ans qui
viennent afin d'orchestrer le développement des initiatives
et d'assurer une pédagogie en interne. Mais avec la
banalisation de l'Internet, la fonction disparaîtra
d'elle-même.
Cela
signifie-t-il que nous allons vers une intégration
complète de l'Internet dans l'entreprise ?
Oui. Regardez les cas de la micro-informatique au cours
des quinze dernières années. Sur cette période, nous
sommes passés d'une affaire d'infrastructures à une
affaire de métiers, d'une affaire de maîtrise d'ouvrage
à une affaire de maîtrise d'oeuvre. L'informatique,
qui pouvait au début être considérée comme une fin en
soi, est devenu un outil qui s'est intégré dans les
métiers de l'entreprise, avec des relais locaux, des
initiatives, des solutions, un savoir-faire. L'Internet
va suivre le même chemin en diffusant son modèle en
réseau dans les business-units et en devenant un outil
d'amélioration de la performance de l'entreprise. Nous
serons alors bien loin du premier acte hautement médiatique.
Quelles
sont les entreprises qui s'avèrent les plus en
pointe face à cette nouvelle stratégie ?
Les groupes qui disposent d'un large éventail de métiers
ont clairement pris une longueur d'avance. Très tôt,
plutôt que d'aller chasser sur de nouvelles terres,
ces groupes ont été contraints de faire redescendre
leur stratégie Internet au niveau opérationnel, tant
les logiques entre leurs différentes activités sont
parfois éloignées. A côté de ces groupes, existent des
entreprises aux métiers cohérents et qui ont opté pour
un plateau e-business centralisé où sont regroupés les
différentes compétences humaines du groupe.
Quels
sont vos sites Internet préférés ?
Google, Voyages-sncf.com, Wanadoo et Yahoo.
Etes-vous abonné à un service
payant en ligne ?
Non mais à un accès haut débit.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
L'accès immédiat à une information utile, le contact
par mail avec mes amis.
A
l'inverse, que détestez-vous sur Internet ?
Les messages de pub non désirés, le "spaming"...
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