Chèque Déjeuner, c'est avant tout un acteur historique du marché
des titres restaurant. Fondée en 1964, soit trois ans avant la loi de 1967
créant l'exonération de charges pour les employeurs qui distribuent
ces titres, l'entreprise a rapidement su se positionner comme un acteur incontournable
de ce segment en plein essor. Aujourd'hui, il représente 56 % du montant
total des chèques émis par le groupe et 39 % du chiffre d'affaires.
L'innovation au service de la diversification de l'offre
Pourtant, avec une croissance de 5 à 6 % et une part de marché
figée, le titre restaurant ne suffirait plus aujourd'hui à maintenir
le groupe en bonne santé. L'impératif de la diversification est
apparu dès le début des années 90 aux dirigeants du groupe.
"Soit Chèque Déjeuner se développait, soit il mourrait",
se rappelle Jacques Landriot, PDG du groupe depuis 1991. A son arrivée,
il met en place une cellule de recherche et développement, composée
de salariés d'horizons très divers : elle est chargée
d'imaginer de nouvelles déclinaisons du concept de Chèque Déjeuner
et de tester leur faisabilité.
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En 1996, Chèque Déjeuner passe à la
vitesse supérieure en rachetant Cadhoc. © Chèque
Déjeuner
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Le Chèque
Lire, le Chèque de Services, distribué
par les collectivités et associations aux personnes
défavorisées, ou encore le Chèque Gourmet
sortent de ce brainstorming dès la première
moitié des années 90. En 1996, la diversification
s'accélère avec l'acquisition du chèque
cadeaux Cadhoc et la création du Chèque Domicile
et du Chèque Disque. Le mécanisme est
toujours le même : capitaliser sur son savoir-faire
et sa base d'organismes clients, acquise avec Chèque
Déjeuner. Certains projets fonctionnent. D'autres
moins et sont abandonnés. Cadhoc est l'une de ces
réussites : il représente aujourd'hui
14 % du chiffre d'affaires et se place leader sur le
marché des comités d'entreprise. Un succès
qui fait de plus en plus réfléchir ses concurrents
Accor et Sodexho. Tous deux viennent en effet de racheter
coup sur coup les concurrents directs de Cadhoc : respectivement
les marques Kadeos et Tir Groupé.
Une expansion à l'international adaptée aux
capacités de l'entreprise
Prolongement naturel de cette stratégie de diversification, l'ouverture
à l'international s'est imposée à Jacques Landriot dès
le début des années 90. "Nos concurrents étaient déjà
très présents à l'étranger. Cependant, s'internationaliser
était beaucoup plus difficile pour nous car, contrairement à eux,
nous ne pouvions nous appuyer sur aucune structure locale pré-existante."
N'ayant pas les moyens de s'implanter sur les marchés à très
forte croissance comme l'Amérique latine, à l'instar de Sodexho
et Accor, le groupe fait alors le choix de se concentrer sur l'Europe. Il est
aujourd'hui présent dans huit pays, de l'Espagne à la Bulgarie.
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Quelques chiffres |
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- Chiffre d'affaires : 164 millions d'euros
en 2006
- Volume d'émission : 2,4 milliards d'euros
- Nombre d'utilisateurs : 14,8 millions
- Effectifs : 1.219 salariés dont 320
dans la structure coopérative
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A chaque fois, un même impératif : disposer d'une législation
favorable, accordant des exonérations de charges aux entreprises clientes.
"Nous adaptons notre offre aux particularités du pays dans lequel
nous nous implantons", précise Jacques Landriot. Si les titres restaurant
et les chèques cadeaux sont distribués dans presque tous les pays,
on trouve également des chèques garderie en Espagne ou des chèques
rentrée scolaire et sport en Hongrie. Aujourd'hui, le pôle international
représente 30 % de la valeur totale des chèques émis
par le groupe et continue d'être un vrai moteur avec une croissance supérieure
à 20 %.
Le statut de coopérative a dû être adapté à
ce développement rapide. "Notre mode de fonctionnement était
surtout problématique pour financer les rachats d'entreprises, explique
le PDG. C'est pourquoi nous avons opté pour le statut de société
anonyme pour nos filiales, tout en harmonisant les avantages sociaux de l'ensemble
des salariés." Mais ce statut de Scop leur a surtout apporté
des atouts dont ne disposaient pas les grands groupes concurrents. Suite