De
l'aveu même de son président Bruno Massiet
du Biest, Scoot France a connu un début mouvementé.
Outre la querelle de clocher autour des Scouts de France
qui se sont opposés à sa campagne de lancement,
l'annuaire professionnel multi-canaux (Internet et téléphone)
a dû s'adapter à une nouvelle configuration
capitalistique. En juillet, Vivendi Universal a racheté
la totalité des parts de Scoot.com dans la co-entreprise
Scoot Europe. Un bouleversement dû aux problèmes
financiers que rencontrait l'annuaire britannique qui
a servi de modèle pour le déploiement européen.
Pour
s'adapter à ce nouvel environnement, Scoot France
a dû procéder à la migration de sa
plate-forme technologique du Royaume-Uni en France. Le
transfert a été opéré dans
le courant de l'été. "Nous avons maintenant
la maîtrise de notre outil que nous pouvons exploiter
à notre convenance au sein de Vivendi Universal",
commente Bruno Massiet du Biest.
Malgré
la dégradation de la conjoncture économique,
Scoot France tente de maintenir le cap initial en arrivant
à l'équilibre financier courant 2003, à
l'instar des deux autres pays couvert par Scoot Europe
(Pays-Bas et Belgique). Il ets désormais entendu
que Scoot Europe gèle ses projets d'expansion tant
que les trois pays du réseau n'ont pas atteint
le stade de la rentabilité.
La politique de recrutement a également été
atténué chez Scoot France, qui maintient
son effectif à 150 personnes.
Pour
le directeur général de Scoot France, les
premiers résultats affichés sont encourageants
: l'annuaire professionnel enregistre 150 000 recherches
par semaine. La moité des requêtes proviennent
du Net, l'autre du téléphone (via le service
grand public 32 00). Mais c'est le canal SFR qui se révèle
le plus efficace avec 3 millions d'appels par mois via
le numéro spécial 222. En début d'année
prochaine, le partenariat va être renforcé.
Tous les appels des abonnés de l'opérateur
mobile à la recherche d'une mise en relation avec
un professionnel seront traités par Scoot France.
Jusqu'ici, ce type de requête était traité
soit par le service annuaire de SFR soit par Scoot pour
les demandes plus approfondies de renseignements.
L'annuaire
professionnel multiplie les ponts avec les autres entités
de Vivendi Universal Net comme Divento.com (billetterie
en ligne), le service iFrance (portail multi-services)
ou AlloCiné (portail cinéma). Il établit
d'autres partenariats en dehors du groupe avec des sites
susceptibles de générer du trafic comme
les portails (Lycos, LibertySurf, Nomade, MSN) ou des
sites médias (Europe1.fr).
En dehors de l'augmentation de l'audience, l'autre priorité
de Scoot France est davantage orientée "B
to B" : l'enrichissement de sa base de données
de contacts professionnels. L'annuaire en recense 50 000
actuellement. L'object est de parvenir à la centaine
de milliers de contacts pro d'ici la fin du premier exercice
de Scoot France. Moyennant un fixe de 3 000 francs
par an, les abonnés professionnels bénéficient
d'un référencement privilégié
sur Scoot.fr et leurs services sont proposés prioritairement
en passant par le centre d'appels. L'année prochaine,
Scoot France devrait se lancer dans une offre plus étoffée
pour développer les formules de mises en avant
de ses clients (vignettes publicitaires, constitution
de mini-sites plus consistants, etc.).
Actuellement,
dans un souci d'exhaustivité, le service de renseignement
estampillé Vivendi continue de louer la base de
données pro de France Télécom (4
millions d'abonnés) au prix d'un million d'euros
(6,5 millions de francs) par an. Mais les relations avec
l'opérateur historique se sont tendues à
cause d'un litige portant sur l'accès au fichier
des "résidentiels" autrement dit la partie
Pages Blanches. Scoot France voudrait louer la base de
données particuliers mais dénonce les tarifs
de location proposés par France Télécom
(30 millions de francs par an). Le litige a été
porté devant le Tribunal de Commerce de Paris.
"Nous souhaitons que les conditions tarifaires soient
davantage orientées vers les coûts",
commente Bruno Massiet du Biest.
L'année
prochaine, Scoot compte développer son esprit multi-canaux.
Le service Kiosque Minitel devrait être inauguré
début 2002. L'extension vers la télévision
interactive sera liées aux efforts de Canal Plus
(une autre entité du groupe Vivendi Universal)
dans ce domaine.
Malgré un début correct pour Scoot France,
ses résultats restent modestes face au mastodonte
PagesJaunes.fr (70 millions de pages vues, juin 2001).
"Nous devons jouer sur l'aspect 'annuaire intelligent'
pour nous différencier", commente
Bruno Massiet du Biest.
Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir
pour devenir une véritable alternative à
l'annuaire de France Télécom. D'abord, Scoot
France doit développer sa notoriété.
Mais,
même sur le terrain de la communication, Pages Jaunes
ne lâche pas prise : l'annuaire de France Télécom
a initié au printemps une campagne de communication
de "rajeunissement marque" (lire la rubrique
offline du JDNet du 20/06/01).
Autre
paramètre lié au marché des annuaires
en France : France Télécom bénéficie
encore de privilèges liés
à son ancien statut de monopole des télécommunications.
"Par exemple, des services équivalents au
'12' ont fait l'objet d'un appel à la concurrence
dans d'autres pays européens", indique le
président de Scoot France. Le prochain développement
de services liés à l'évolution règlementaire
- comme la constitution d'un annuaire universelle - devrait
dynamiser la concurrence sur le marché de l'Hexagone.
[Philippe
Guerrier,
JDNet]