Six mois après...

--- Jeudi 29 novembre 2001 ---
Scoot France tente toujours de desserrer l'étreinte des Pages Jaunes

Que deviennent les "annonces" des acteurs de l'Internet? Aujourd'hui, le JDNet revient sur le lancement de Scoot France en mars 2001.
(Lire l'article JDNET du 21/06/01)

De l'aveu même de son président Bruno Massiet du Biest, Scoot France a connu un début mouvementé. Outre la querelle de clocher autour des Scouts de France qui se sont opposés à sa campagne de lancement, l'annuaire professionnel multi-canaux (Internet et téléphone) a dû s'adapter à une nouvelle configuration capitalistique. En juillet, Vivendi Universal a racheté la totalité des parts de Scoot.com dans la co-entreprise Scoot Europe. Un bouleversement dû aux problèmes financiers que rencontrait l'annuaire britannique qui a servi de modèle pour le déploiement européen.

Pour s'adapter à ce nouvel environnement, Scoot France a dû procéder à la migration de sa plate-forme technologique du Royaume-Uni en France. Le transfert a été opéré dans le courant de l'été. "Nous avons maintenant la maîtrise de notre outil que nous pouvons exploiter à notre convenance au sein de Vivendi Universal", commente Bruno Massiet du Biest.

Malgré la dégradation de la conjoncture économique, Scoot France tente de maintenir le cap initial en arrivant à l'équilibre financier courant 2003, à l'instar des deux autres pays couvert par Scoot Europe (Pays-Bas et Belgique). Il ets désormais entendu que Scoot Europe gèle ses projets d'expansion tant que les trois pays du réseau n'ont pas atteint le stade de la rentabilité. La politique de recrutement a également été atténué chez Scoot France, qui maintient son effectif à 150 personnes.

Pour le directeur général de Scoot France, les premiers résultats affichés sont encourageants : l'annuaire professionnel enregistre 150 000 recherches par semaine. La moité des requêtes proviennent du Net, l'autre du téléphone (via le service grand public 32 00). Mais c'est le canal SFR qui se révèle le plus efficace avec 3 millions d'appels par mois via le numéro spécial 222. En début d'année prochaine, le partenariat va être renforcé. Tous les appels des abonnés de l'opérateur mobile à la recherche d'une mise en relation avec un professionnel seront traités par Scoot France. Jusqu'ici, ce type de requête était traité soit par le service annuaire de SFR soit par Scoot pour les demandes plus approfondies de renseignements.

L'annuaire professionnel multiplie les ponts avec les autres entités de Vivendi Universal Net comme Divento.com (billetterie en ligne), le service iFrance (portail multi-services) ou AlloCiné (portail cinéma). Il établit d'autres partenariats en dehors du groupe avec des sites susceptibles de générer du trafic comme les portails (Lycos, LibertySurf, Nomade, MSN) ou des sites médias (Europe1.fr).

En dehors de l'augmentation de l'audience, l'autre priorité de Scoot France est davantage orientée "B to B" : l'enrichissement de sa base de données de contacts professionnels. L'annuaire en recense 50 000 actuellement. L'object est de parvenir à la centaine de milliers de contacts pro d'ici la fin du premier exercice de Scoot France. Moyennant un fixe de 3 000 francs par an, les abonnés professionnels bénéficient d'un référencement privilégié sur Scoot.fr et leurs services sont proposés prioritairement en passant par le centre d'appels. L'année prochaine, Scoot France devrait se lancer dans une offre plus étoffée pour développer les formules de mises en avant de ses clients (vignettes publicitaires, constitution de mini-sites plus consistants, etc.).

Actuellement, dans un souci d'exhaustivité, le service de renseignement estampillé Vivendi continue de louer la base de données pro de France Télécom (4 millions d'abonnés) au prix d'un million d'euros (6,5 millions de francs) par an. Mais les relations avec l'opérateur historique se sont tendues à cause d'un litige portant sur l'accès au fichier des "résidentiels" autrement dit la partie Pages Blanches. Scoot France voudrait louer la base de données particuliers mais dénonce les tarifs de location proposés par France Télécom (30 millions de francs par an). Le litige a été porté devant le Tribunal de Commerce de Paris. "Nous souhaitons que les conditions tarifaires soient davantage orientées vers les coûts", commente Bruno Massiet du Biest.

L'année prochaine, Scoot compte développer son esprit multi-canaux. Le service Kiosque Minitel devrait être inauguré début 2002. L'extension vers la télévision interactive sera liées aux efforts de Canal Plus (une autre entité du groupe Vivendi Universal) dans ce domaine.

Malgré un début correct pour Scoot France, ses résultats restent modestes face au mastodonte
PagesJaunes.fr (70 millions de pages vues, juin 2001). "Nous devons jouer sur l'aspect 'annuaire intelligent' pour nous différencier", commente Bruno Massiet du Biest. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour devenir une véritable alternative à l'annuaire de France Télécom. D'abord, Scoot France doit développer sa notoriété. Mais, même sur le terrain de la communication, Pages Jaunes ne lâche pas prise : l'annuaire de France Télécom a initié au printemps une campagne de communication de "rajeunissement marque" (lire la rubrique offline du JDNet du 20/06/01).

Autre paramètre lié au marché des annuaires en France : France Télécom bénéficie encore de privilèges liés à son ancien statut de monopole des télécommunications. "Par exemple, des services équivalents au '12' ont fait l'objet d'un appel à la concurrence dans d'autres pays européens", indique le président de Scoot France. Le prochain développement de services liés à l'évolution règlementaire - comme la constitution d'un annuaire universelle - devrait dynamiser la concurrence sur le marché de l'Hexagone. [Philippe Guerrier, JDNet]

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