Son arrivée était annoncée depuis août 2000. Maintenant, c'est le grand plongeon : Scoot France, l'annuaire professionnel multi-canaux conçu sur le modèle britannique Scoot.com, ouvre officiellement ses portes. C'est une entité rattaché à Scoot Europe, filiale à 50 % de Scoot.com et du Groupe Vivendi Universal.

Le service Scoot est accessible pour l'instant via deux canaux en attendant la télévision interactive : le téléphone (en composant le 3200, disponible 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, appel facturé 2, 21 francs TTC à partir d'un téléphone fixe) et Internet. Des accords ont été élaborés avec l'ensemble des opérateurs mobiles français pour accéder à ce service à partir des téléphones portables. Si le service est accessible pour les abonnés SFR à un prix "raisonnable" (5,50 francs l'appel et la durée de l'appel est décompté du forfait), la prestation est surtaxée à partir d'un mobile Itinéris. France Télécom jugeant que Scoot pouvait concurrencer ses propres services de renseignements téléphoniques comme le 12.

Derrière le service 3200, on trouve deux centres de relations clientèles rattachés à Cegetel (opérateur télécom du groupe Vivendi Universal), situés à Montrouge (Hauts-de-Seine) et à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Ils disposent d'une centaine de télé-opérateurs.

Le site Internet permet d'apprécier davantage la différence qui existe entre Scoot et le service PagesJaunes. Scoot.fr se veut un "service d'infomédiation pour faciliter la mise en relation directe entre consommateurs et professionnels". Alors que PagesJaunes.fr propose une interface dont l'objectif consiste à trouver les coordonnées exactes d'un professionnel à partir de son nom, Scoot cherche plutôt à répondre à des questions pratiques plus générales. Par exemple, un utilisateur lambda veut trouver un salon de coiffure à Malakoff. Scoot.fr fournit en réponse une liste de professionnels dans la catégorie et la zone géographique déterminée. Il est possible d'affiner les recherches (salon de coiffure pour hommes et/ou pour femmes par exemple).

Le service Scoot est divisé en cinq secteurs d'activité (voyages et loisirs, immobiliers et artisans, commerce de proximité automobile et services aux entreprises) soit au total 700 catégories de professionnels. Scoot France a loué le fichier des professionnels de France Télécom (3 millions d'entreprises), ce qui va lui permettre de compléter sa propre base de données. "Nous visons 45 millions de visites d'ici 2003, la moitié provenant des appels téléphoniques et l'autre du téléphone", a indiqué Bruno Massiet du Biest, PDG de Scoot France, au cours de la conférence de presse de lancement. Des partenariats avec des sites du groupe Vivendi Universal ont été initiés (CanalPlus.fr, Bonjour.fr, Vizzavi, etc.). Parallèlement, un plan de communication TV-cinéma-Web-affichage - d'un montant "important" mais qui reste confidentiel - devrait être déployé, au grand dam des scouts de France qui n'apprécient visiblement pas l'initiative de la société (cf article JDNet du jour). Toutefois, Scoot France a pris au moins une précaution sur le nom de domaine. La société ayant également déposé Scout.fr, ce qui évite les problèmes phonétiques en tapant l'URL.

La constitution de sa propre base de données constitue le coeur du modèle économique de Scoot. Parallèlement à la rémunération sur chaque appel téléphonique, l'annuaire professionnel s'appuie principalement sur les revenus tirés des abonnements des professionnels qui souhaitent être référencés et mis en valeur dans l'annuaire en ligne. La cotisation annuelle varie entre 1 990 et 3 990 francs HT. De plus, une commission variable de mise en relation clientèle est prélevée (entre 5 et 25 francs par contact établi et selon le secteur d'activité). Scoot attribue à chaque professionnel client un numéro de téléphone spécifique (du type 0820) lui permettant de faire le point sur le nombre de contacts générés). Actuellement, Scoot France recense 15.000 professionnels abonnés et 30.000 pré-inscriptions.

Une quatrième ligne de ressource devrait être imbriquée dans le modèle économique : la création de mini-sites professionnels. Pour le recrutement des professionnels, la société compte beaucoup sur le réseau commercial de son partenaire Comareg (filiale de Vivendi Universal qui édite le journal de petites annonces Bonjour). L'objectif d'ici la fin 2000 est d'en intéresser 50.000 d'ici la fin de l'année (125.000 prévus en 2003). Cet année, Scoot France compte réaliser un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros (65 millions d'euros pour 2002). Le seuil de la rentabilité étant prévu pour 2003 mais d'ici là, plus de 50 millions d'euros vont être investis pour le déploiement du projet. Actuellement, l'effectif de Scoot France se porte à 109 personnes.

Scoot Europe, qui allie Scoot.com cotée à la bourse de Londres et Vivendi Universal, compte se déployer en Allemagne, en Italie et en Espagne en 2002. La société britannique, qui existe depuis 1995, a déjà ouvert en solo un service similaire en Hollande en 1997 et en Belgique l'année suivante. "Nous comptons signer des accords avec des opérateurs de téléphonie mobile pour nous implanter dans ces pays", a indiqué Franck Boulben, directeur général de Vivendi Universal Net. Au
Royaume-Uni, Scoot, qui a acheté en 2000 le magazine de petites annonces Loots, aurait atteint une masse critique d'utilisateurs mais la société n'est toujours pas rentable.