Y aurait-il un conflit au niveau
de la couche sémantique ? En théorie
plus maintenant, puisque Cognos
et Business
Objects viennent de s'entendre par un accord amiable
sur une réparation d'un montant de 24 millions
de dollars versée par l'éditeur canadien
au leader franco-américain de la business intelligence.
Selon les termes de cette entente entre les deux concurrents,
Cognos devra également apposer mention du brevet
Business Objects dans chacun de ses produits vendus
s'appuyant sur la technologie en question.
Ce règlement fait suite à une plainte
pour contrefaçon de brevet que B.O. avait déposée
aux Etats-Unis le 5 mai 2000
faisant
état du fait que l'outil de reporting Cognos
Impromptu enfreignait le brevet américain n°
5 555 403 titré "Relational
database access system using semantically dynamic objects".
Ce dernier avait été enregistré
le 27 novembre 1991 par l'inventeur de la technologie
Jean-Michel Cambot, et Bernard Liautaud, le CEO-fondateur
de Business Objects créé en 1990. Le rôle
de la couche sémantique ? Affranchir les utilisateurs
de la complexité des requêtes dans des
entrepôts de données relationnels, en lui
permettant de les exprimer dans des termes courants.
Selon les termes financiers du règlement amiable,
Cognos procèdera à un premier versement
de 10 millions de dollars le 10 juin 2002,
et déboursera ensuite 1,75 millions de dollars
chaque trimestre au cours des deux années qui
suivront. Pour l'éditeur canadien, la somme correspond
à 4,84 % de son chiffre d'affaires de 495,6 millions
de dollars environ correspondant à l'année
fiscale 2001 cloturée en février. Elle
doit être répercutée selon les usages
sur son année fiscale 2002 pour laquelle son
chiffre d'affaires est désormais anticipé
à 491,3 millions de dollars. Un compte que
Cognos doit répercuter dès mercredi auprès
de la SEC (Securities and Exchange Commission) dont
le rôle est de réguler les marchés
financiers outre-Atlantique.
Microstrategy
prochain sur la liste après Brio, Cognos
Cet accord constitue "la reconnaissance
de la valeur de notre produit", déclare
Bernard Liautaud que nous avons pu joindre par téléphone
depuis les Etats-Unis. "Ce n'est pas une reconnaissance
par Cognos, qui revendiquait que ce brevet n'avait pas
de validité. Aujourd'hui, Cognos met ses produits
sous licence Business Objects et nous paie 24 millions
de dollars." Le patron de l'éditeur franco-américain
indique simplement que la somme "va accroître
notre trésorerie". Pour la suite, le CEO
souligne que "les stratégies qui marchent
sont celles que l'on garde", balayant d'un revers
les rumeurs sur le fait que Business Objects serait
prêt à reprendre un autre éditeur.
Côté Cognos, la satisfaction pourrait sembler
moins évidente au premier abord. Et pourtant,
"nous avons ainsi l'opportunité de régler
un conflit en laissant les problèmes derrière
nous", justifie Tom Manley, le CFO (directeur financier)
de l'éditeur canadien avec qui nous nous sommes
brièvement entretenu mardi après-midi.
"Nous avons choisi cet accord amiable car nous
ne voulions pas qu'un jury puisse statuer sur des questions
techniques avec une possible injonction qui nous aurait
été plus défavorable. Nous ne reconnaissons
toujours pas la validité de ce brevet. L'important
est que nous croyons très fort en nos arguments."
A propos de la contrefaçon
de ce brevet, Cognos - qui indique avoir lancé
sa propre version de la technologie de couche sémantique
en 1999 - n'apparaît ni le premier ni le dernier
à être pointé du doigt par Business
Objects. Le 13 septembre 1999, Brio Technology avait
du céder 10 millions de dollars au français
suite à un accord similaire. Et à présent,
c'est encore un autre éditeur de solutions décisionnelles
qui devra payer ou affronter une décision de
tribunal. Business Objects a en effet intenté
une action il y a près d'un an "vis-à-vis
de Microstrategy", dévoile Bernard Liautaud.
"Il s'agit d'une poursuite très similaire.
[...] Aucune date de procès n'est arrêtée".
S'agissant d'autres brevets, "nous en avons un
certain nombre en cours de dépôt, mais
je ne peux pas vous en dire le contenu". Logique.
Ces brevets pourraient en dire long sur des annonces
stratégiques que l'éditeur se réserve
visiblement pour plus tard.
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