JURIDIQUE 
L'archivage de l'acte électronique
par Valérie Sédallian
Avocat à la Cour de Paris
http://www.internet-juridique.net (24 avril 2003)
         
  Archiver, c'est conserver un document dont on a plus l'utilité immédiate, mais qui peut encore servir, soit à titre informatif, soit à titre de preuve dans l'éventualité d'une contestation, d'un litige devant les tribunaux, ou lors d'un contrôle de l'administration.

Dans ses aspects juridiques, l'archivage est lié à la question de la preuve: il est nécessaire de conserver tous les actes au sens large nécessaires à la justification de droits jusqu'à l'expiration des délais prévus pour effectuer une contestation, c'est-à-dire jusqu'à l'expiration du délai de prescription. Ainsi, les documents commerciaux doivent être conservés pendant des durées allant de 1 à 10 ans.

L'archivage électronique : un besoin pratique réel
Selon la loi du 13 mars 2000 portant adaptation du droit de la preuve aux technologies de l'information, un document électronique a la même valeur juridique qu'un écrit sur support papier à condition que son auteur soit dûment identifié et que le document soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir l'intégrité.

La question de la conservation est donc indissociable de la question de la validité juridique du document électronique, et correspond à un besoin pratique réel. Comment se servir de la preuve électronique si la conservation afférente aux documents électronique n'est pas résolue ?

Difficultés liées à l'archivage des documents électroniques
La loi du 13 mars 2000 a posé le principe de l'indépendance entre l'écrit et son support. En pratique, un document numérique est entièrement dépendant de son environnement: matériel informatique, logiciel, système d'exploitation, formats d'encodage et de fichier.

De nombreuses difficultés d'ordre technique doivent être résolues pour assurer la pérennisation de l'information numérique.

Compte tenu de l'évolution rapide des techniques, il est difficile de garantir que l'on disposera au moment voulu des interfaces logicielles et matérielles requises pour accéder à la lecture du document électronique établi des années plus tôt: il faut donc également conserver les matériels et logiciels nécessaires à la restitution des documents (ce qui semble onéreux et irréaliste), ou procéder à des recopies régulières des données de l'ancien système informatique vers le nouveau système informatique: on parle de migrations. C'est cette deuxième solution qui est actuellement pratiquée par des organismes comme la Direction des Archives de France.

Existe-t-il des obligations légales en matière d'archivage électronique ?
Bien que la question de la conservation des documents électroniques soit fondamentale, ni la loi du 13 mars 2000 sur la preuve, ni la directive européenne sur la signature électronique ne fixent de critères précis relativement à l'archivage des documents électroniques et les moyens à employer.

Le papier est considéré comme un support fidèle et durable : la question des modalités de conservation des archives papier n'est pas réglementée, et ne fait pas l'objet de controverses juridiques. En revanche, un support numérique est considéré comme un support peu fiable et peu pérenne de conservation. L'archivage électronique de documents, quelle qu'en soit la nature, nécessite donc de s'interroger sur la fiabilité du système utilisé.

La législation fixe comme seule condition de l'archivage légal l'intégrité du document archivé - La Norme AFNOR Z 42-013
L'AFNOR a publié des "Spécifications relatives à la conception et à l'exploitation de systèmes informatiques en vue d'assurer la conservation et l'intégrité des documents stockés dans ces systèmes". Publiée en juillet 1999, cette norme a été révisée en décembre 2001.

Aucun texte ne rend obligatoire cette norme. Bien que critiquée en raison de son caractère peu opérationnel, elle reste une référence en matière d'archivage électronique.

La norme fournit un ensemble de spécifications concernant les mesures techniques et organisationnelles à mettre en œuvre pour l'enregistrement, le stockage et la restitution de documents électroniques afin d'assurer la conservation et l'intégrité de ceux-ci.

Elle s'applique uniquement aux systèmes informatisés comportant des équipements de stockage optique utilisant des supports de type non réinscriptibles WORM (Write Once Read Many) pour l'archivage. Ces supports sont considérés comme non réinscriptibles : il est impossible d'effacer une information enregistrée, impossible d'apporter à l'information enregistrée une modification.

Cette norme fixe des recommandations d'ordre technique quant aux moyens matériels et logiciels, des consignes d'exploitation, de sécurité, de traçabilité des documents numérisés et d'audit périodique du système. Elle vise à assurer l'intégrité des documents conservés par la mise en place d'un processus qualité du système d'archivage.

Définir la politique d'archivage électronique
En matière d'archivage de documents électroniques à des fins de preuve, il faut pouvoir démontrer que l'opération d'enregistrement des données s'est effectuée correctement et ceci à toutes les étapes de son traitement.

Les données sous forme électronique doivent être archivées dans des conditions offrant des garanties de sécurité contre toute altération, modification ou destruction et doivent pouvoir être restituées ou consultées ultérieurement et être conformes à leur forme et contenu initiaux.

Dans la perspective d'assurer la sécurité juridique d'un système d'échange électronique, il est essentiel de se préoccuper de l'archivage des documents électroniques dès la phase de conception du système.

Avant l'établissement du cahier des charges en vue de l'exploitation et/ou du développement du système de gestion de l'archivage électronique, il sera nécessaire de déterminer les besoins de l'entreprise.

Il faudra ensuite déterminer les outils techniques qui permettront d'appliquer ces procédures et de répondre à ces besoins.

Le support choisi doit garantir l'intégrité des données archivées. À côté des cédéroms de type WORM, de nouvelles techniques apparaissent (exemple: le Century Disc, un cédérom en verre recouvert d'une couche métallique). Des sociétés spécialisées dans les infrastructures de stockage d'information offrent des solutions en vue de répondre à ce besoin d'intégrité (exemple: solution de stockage Centera de la société EMC² ).

Faut-il externaliser l'archivage électronique ?
La mise en œuvre de moyens techniques d'archivage de documents électroniques offrant des garanties de sécurité et d'intégrité est un métier éminemment technique, relevant de professionnels de l'informatique. Certains spécialistes préconisent de confier cette tâche à une unité spécialisée, distincte du service informatique, au sein des entreprises ou administrations. Une autre voie envisageable est l'utilisation des services d'un prestataire extérieur.

L'externalisation offre deux avantages. En premier lieu, le prestataire qui archive est indépendant de son client. Notamment, si le co-contractant ne dispose pas des équipements nécessaires pour archiver sur de longues durées dans des conditions satisfaisantes, la conservation des documents est unilatérale et donc susceptible d'être contestée.

En second lieu, ce prestataire externe ou tiers archiveur sera un professionnel spécialisé, à même d'assurer les évolutions des systèmes pour assurer la pérennité des données qui lui sont confiées, les procédures d'exploitation adéquates, la sécurité des données et de leur accès.

Au niveau des inconvénients, on peut relever qu'on augmente toujours le nombre des intervenants à la relation contractuelle de base : co-contractants, autorité de certification, tiers archiveur. Et un système complexe augmente les risques.

Cette activité n'est pas réglementée. La mission confiée à l'archiveur relève donc entièrement de la liberté contractuelle.

Enfin, d'un point de vue pratique, il est essentiel de se préoccuper de la question de l'archivage des documents électroniques dès la phase de conception du système d'échanges électroniques.

 

 
 Valérie Sédallian
 
 

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