TRIBUNE 
L'EAI n'est pas une mode
par Georges Abou Harb & François Rivard
Auteurs du livre "L'EAI au service de l'entreprise évolutive" (28 novembre 2003)
         
 
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En quoi l’EAI est-il un domaine spécifique amené à durer ?
Rappelons brièvement que ce terme, énoncé pour la première fois par le Gartner Group en 1997, désigne l’ensemble des méthodes et solutions logicielles dédiées à l’intégration des applications de l’entreprise par échange de données et partage des processus. En soi, ce domaine existait bien avant qu’un cabinet ne vienne, par ces trois initiales, y apposer sa griffe ; mais il n’était pas forcément perçu comme porteur d’une logique, d’une méthode et de besoins propres car les échanges étaient implicitement rattachés aux applications qui émettent ou reçoivent les données, et par conséquent, rarement consolidés ou mutualisés. L’identification de ce nouveau marché logiciel ouvrait en réalité la voix à une reconnaissance de l’échange de données en tant que domaine spécifique.

Pourtant, en France, ce domaine a mis un certain temps avant de s’imposer, et quoi de plus normal lorsqu’on comprend que les enjeux se situent au-delà de l’outil, au delà de la technologie, jusque dans la sphère de l’organisation. Allons même jusqu’à prétendre que l’effervescence initiale de l’EAI dans des pays connus pour leur adoption rapide des nouvelles technologies (les USA, bien sûr, mais aussi la Scandinavie, le Royaume-Uni ou encore le Benelux) n’était qu’un frima annonciateur de la lame de fond que nous observons aujourd’hui. En effet, des retours d’expérience négatifs ont pu entraîner une certaine latence dans le lancement de projets EAI, dissipée désormais car on sait que l’absence de maturité dans les méthodes et, en partie, des technologies, en était responsable. Or l’EAI demande de conduire une réflexion et une démarche appropriée, et donc du recul, pour conduire au succès.

Moderniser un système d’information est un exercice constant de recherche d’opportunité, mais la composante technologique de cette activité n’en est que l’aspect le plus facilement et directement appréhensible : il faut mettre les volontés en relation avec les aspects métier (quels services je rend à mon entreprise via l’adoption de cette technologie) et organisationnels (quels changements ? quels impacts ? comment dois-je m’organiser autour de l’outil ?). Concernant l’EAI, système d’entreprise par excellence, car transversal, on ne peut faire l’économie de cette réflexion, et c’est précisément pour avoir voulu s’abstenir de la mener, que certaines entreprises ont embourbé des projets ambitieux qui ont peuplé les gazettes de retour négatifs. Cependant, en tant que domaine spécifique, l’EAI a réussi aujourd’hui son implantation solide dans le paysage des systèmes d’information.

Pourquoi cette importance des méthodes autour d’outils à forte vocation technique ?
Moderniser un système d’information est un exercice constant de recherche d’opportunité, mais la composante technologique de cette activité n’en est que l’aspect le plus facilement et directement appréhensible : il faut mettre les volontés en relation avec les aspects métier (quels services je rend à mon entreprise via l’adoption de cette technologie) et organisationnels (quels changements ? quels impacts ? comment dois-je m’organiser autour de l’outil ?). Concernant l’EAI, système d’entreprise par excellence, car transversal, on ne peut faire l’économie de cette réflexion, et c’est précisément pour avoir voulu s’abstenir de la mener, que certaines entreprises ont embourbé des projets ambitieux qui ont peuplé les gazettes de retour négatifs.

Il faut cependant préciser deux choses : d’abord l’EAI est loin d’avoir une vocation purement technique, et une logique de modélisation de données ou de cartographie de processus transversaux accompagnent généralement la démarche. Ensuite, conduit par des enjeux fonctionnels, un projet EAI apportera un bien meilleur investissement, comme nous l’ont prouvé de nombreux projets où les échanges sont menés par les processus métier.

C’est par ailleurs toute la différence entre EAI tactique et EAI stratégique. Le premier sert à mettre en œuvre des flux à vocation essentiellement technique (transport et routage de données à vocation de synchronisation, de consolidation ou de réplication), et par conséquent, ses impacts sur l’entreprise sont moindres. Le second assure la conduite et la supervision de processus transversaux, nécessairement basés sur des échanges d’information entre différentes entités internes et externes. Dans ce cas, le retour sur investissement ne peut être uniquement technique, mais de plus il est accru par un accompagnement efficace du changement. Le positionnement n’est clairement pas le même, les enjeux non plus. Il est dès lors extrêmement hasardeux de prétendre, comme nous l’avons vu écrit ici et là, que la mode de l’EAI stratégique s’estompe.

Ce n’est pas ce que vous observez ?
Très clairement, non. Certaines entreprises françaises ont joué, parfois avec grand bonheur, un rôle de poisson pilote, mais dans leur grande majorité, elles ne se sont pas jetées à l’abordage. Elles se sont préparées et ont aujourd’hui assimilé les enjeux, les bénéfices, l’organisation, les impacts et les risques à déployer un EAI. Elles sont aujourd’hui prêtes, et nous pouvons vous assurer qu’elles ne recherchent pas des EAI tactiques, mais des outils d’entreprise, sur lesquels elles veulent capitaliser pragmatiquement, en montant un ou plusieurs projets pilotes autour d’un Centre de Compétences. Pourquoi ? Simplement parce que la priorité reste l’urbanisation, mais incrémentale, itérative et pragmatique, par la réorganisation et l’homogénéisation progressive de l’existant, ainsi que la rationalisation et la réduction des coûts. Si c’est une mode, elle ne s’estompe pas : de nouveaux projets apparaissent chaque mois, nos effectifs n’ont jamais été aussi nombreux, nous recrutons toujours, et rien ne laisse présager un quelconque essoufflement.

Dans ce contexte, les offres d’EAI tactiques ou autres ESB doivent être vus non pas comme des alternatives, mais plutôt comme des compléments, adressant des besoins locaux urgents (il sera alors temps, à terme, de fusionner les initiatives à terme, a fortiori, comme la tendance semble l’indiquer, si les modèles EAI se standardisent autour d’initiatives comme les Services Web, BPML ou BPEL4WS). Ce peut être également une question de budget, et il est intéressant de constater que les éditeurs d’EAI d’entreprise adaptent leurs tarifs et proposent des packages abordables à tous les systèmes d’information.

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Et ne nous y trompons pas : les EAI d’entreprise ne peuvent être taxés de lenteur ou de lourdeur de mise en œuvre : il nous a fallu quatre mois pour porter les premiers processus live au Crédit Lyonnais, autant chez Banlieues de Paris ou chez Kiala, et même moins aujourd’hui. De tels délais nécessitent une certaine souplesse et une réactivité des outils, une organisation efficace, et la combinaison des deux apportera des résultats étonnants dans la conduite des projets.

 
 Georges Abou Harb & François Rivard
 
Le livre "L'EAI au service de l'entreprise évolutive" est publié chez Maxima (parution octobre 2003)

 
 

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