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Computer Associates : un trou d'air de plus de six ans
Depuis 1998, procès, enquêtes et tentatives de putsch ébranlent le quatrième éditeur mondial, sans jamais toutefois le faire vaciller. Récit d'un feuilleton judiciaire à rebondissements.  (31/08/2004)
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Créé en 1976, le quatrième éditeur de logiciels au monde connait depuis 1998 une longue dépression dont il commence à peine à sortir. La dégradation de sa dette (2,3 milliards de dollars) au plus bas niveau qui soit (junk debt) en mars dernier par l'agence Moody's, les procès en cascade dont il a fait et continue de faire l'objet, les tentatives de putsch et les enquêtes conjointes du FBI, de la SEC (Securities and Exchange Commission) et du DOJ (Department of Justice) sur ses comptes contrastent avec ses 30% de taux de croissance et son appétit d'ogre de la fin des années 1990.

C'est en juillet 1998 que les ennuis commencent, quand de petits actionnaires portent plainte contre l'éditeur. Ils estiment que les comptes de la société ont été truqués de façon à gonfler articiellement le cours de bourse, ce qui aurait permis à certains dirigeants de tirer profit de 1,1 milliard de dollars de stock options. A ce moment là, le cours de l'action vient en effet de passer de 62 à 27 dollars... Il repartira vers des sommets, atteignant son paroxysme début 2000 (80 dollars) pour plonger sous les 10 dollars au cours de l'été 2002.

Entre temps, ce sont le FBI, le DOJ et la SEC qui sont entrés dans la course judiciaire. En octobre 2001, le DOJ porte plainte contre Computer Associates pour avoir modifié les conditions tarifaires offertes par Platinum Technology, société rachetée par CA en mai 1999 pour 3,5 milliards de dollars, alors que la période d'approbation de l'opération par les autorités n'était pas terminée. CA s'acquittera d'une amende de 638 000 dollars en 2002.

Plus de 2,2 milliards de dollars de contrats prématurément enregistrés
En février 2002, le FBI se met à enquêter sur les pratiques comptables de l'entreprise, notamment sur la comptabilisation de contrats de maintenance en tant que ventes de logiciels. Le DOJ s'intéresse de son côté à l'enregistrement prématuré dans les comptes de la société de 1,78 milliard de dollars de chiffre d'affaires au cours de l'exercice 2000 et de 445 millions en 2001. Ces chiffres sont issus d'un audit dont les conclusions ont été rendues publiques en avril 2004. Le P-DG de l'entreprise, Sanjay Kumar, est alors "démissionné" par son conseil d'administration, il quittera définitivement l'entreprise au début du mois de juin 2004.

Un mois plus tard (juillet 2004), trois sociétés canadiennes spécialisées dans le secteur de la sécurité attaquent Computer Associates, lui réclamant 800 millions de dollars pour viol de leur priopriété intellectuelle. NI Group, Scienton Technologies et Secure-IT estiment en effet que CA leur a volé concepts et logiciels lors de la création de ses solutions eTrust 20/20 et Command Center.

Une accusation qui intervient une semaine après que l'actionnaire et investisseur texan Sam Wyly a annoncé avoir porté plainte contre une dizaine d'anciens et actuels dirigeants de la société, leur réclamant en tout près d'un milliard de dollars. Sanjay Kumar (l'ex-PDG) et Charles Wang (le fondateur de CA) sont visés.

Sam Wyly, une vieille connaissance du comité de direction...
Sam Wyly est une vieille connaissance du board de CA puisque c'est lui qui, en 2001, avait tenté de renverser le conseil d'administration. Il considérait déjà que les intérêts des actionnaires n'étaient pas respectés, notamment en raison des très généreux salaires que les membres de la direction se versaient. Il avait alors également mis en avant l'insatisfaction élevée des clients dont la méfiance envers l'éditeur atteignait des sommets.

Pendant toutes ces années de trouble, Computer Associates - ébranlé - n'a cependant jamais abdiqué. Après une longue période d'abstinence, l'entreprise s'est remise sur le chemin de la croissance externe en rachetant, en avril 2003, Netreon, éditeur de logiciels de gestion de stockage. Durant l'été 2004, son dévolu s'est porté sur PestPatrol - fournisseur de solutions de lutte contre les logiciels espions - dont la technologie est destinée à renforcer sa suite d'outils anti-intrusion, eTrust Threat Management.

En mai 2004, lors de sa conférence annuelle, CA a par ailleurs annoncé l'aube d'une nouvelle ère, baptisée âge du management ("The Management Age"), dont les volumes d'affaires générés devraient atteindre selon lui 43 milliards de dollars d'ici 2007. Il en a profité pour décliner sa stratégie d'EIM (Enterprise Infrastructure Management).

Des résultats qui reprennent des couleurs et des têtes qui tombent
Un mois plus tôt, neuf têtes étaient tombées au sein des départements juridique et financier de la société, après que 3 anciens dirigeants (dont un ancien directeur financier) ont plaidé coupable pour obstruction au travail de la justice et fraude financière.

En mai également, CA communique ses résultats du trimestre (trimestre clos au 31 mars 2004) : ils sont positifs (89 millions de dollars), ce qui contraste avec la perte nette de 105 millions de dollars un an plus tôt. Le chiffre d'affaires est lui aussi en hausse, passant de 775 à 850 millions de dollars.

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L'entreprise annonce par ailleurs avoir passé une provision de 10 millions de dollars correspondant à une offre faite au DOJ et à la SEC pour clore les dossiers en cours. Les résultats du trimestre suivant sont, eux aussi, dans le vert (53 millions de dollars de bénéfice et 860 millions de chiffre d'affaires).

Enfin, preuve de sa volonté de montrer patte blanche, CA annonce fin juillet qu'une ancienne dirigeante de la SEC - Laure Unger - a été nommée au sein de son comité de direction.
 
 
Fabrice DEBLOCK, JDN Solutions
 
 
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