TRIBUNE 
PAR ALAIN LEFEBVRE
Du nouveau du côté du social networking
Effet de mode ou évolution majeure ? Les sites Web proposant ce service se multiplient outre-atlantique. Reste désormais à faire le tri dans les échanges.  (22/10/2004)
 
co-fondateur de 6nergies.net
 
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6nergies.net

Les sites Web de social networking connaissent un fort engouement aux USA depuis mi-2003. Le New York Times n’hésite pas à attribuer à ce secteur le début du renouveau de la Silicon Valley (qui était bien choquée après l’éclatement de la précédente bulle).

Friendster est le site le plus en vue mais de nombreux autres projets comme Linkedin, Spoke, Ryze ou Tribe.net affichent eux aussi un certain succès.

Tout cela a un fort goût de “déjà vu” : des sites qui enregistrent des millions d’utilisateurs en très peu de temps, déchaînent l’intérêt et l’appétit des venture-capitalists puis tentent de trouver un moyen d’en tirer quelques profits.

La progression fulgurante d’un pionnier comme Friendster vient de la dynamique d'expansion virale, où le nouvel inscrit est appelé à être aussi un promoteur du service (pour élargir votre réseau sur Friendster, invitez donc vos amis !). Ce succès spectaculaire ne pouvait pas rester inaperçu.

C'est pourquoi, dans la foulée, une multitude d'autres sites de rencontres communautaires se sont ouverts, proposant des solutions ergonomiques et fonctionnelles en tous genres (liste tenue à jour sur The Social Networking Services Meta List).

Cette liste, déjà très fournie, est loin d’être exhaustive et définitive car de nouveaux entrants se déclarent chaque semaine. Ceux-ci sont tout aussi bien des start-up aux noms plus ou moins évocateurs que des acteurs établis qui découvrent qu’ils sont concernés par ce domaine (comme Monster.com qui vient d’ajouter des fonctions de type social networking à son fameux service).

"il ne serait pas surprenant qu'Amazon ou Ebay intégrent eux aussi des fonctions orientées social networking"

Comme tous les phénomènes de mode sur Internet, il est inévitable de voir les grands acteurs se positionner aussi sur ce domaine. C’est pourquoi il ne serait pas surprenant qu’Amazon ou Ebay intégrent eux aussi des fonctions orientées social networking à leurs propres sites.

Amazon accumule beaucoup d’informations sur ses clients réguliers (qui sont aussi, pour certains, des contributeurs fidèles à travers les critiques écrites des produits et/ou les listes de recommandations Listmania) et aurait ainsi le moyen de proposer des rapprochements entre consommateurs basés sur des goûts communs.

Idem pour Ebay qui vient de prendre une participation dans Craiglist.org (considéré lui aussi par certains comme un site de social networking même si c’est principalement un tableau d’annonces).

Même si la mode bat son plein en ce moment, tous ces services ne connaissent pas la même audience. Le “succès foudroyant” de certains, très médiatisés, est à relativiser. Orkut.com, par exemple, a surtout bénéficié d’un effet curiosité dû à la combinaison du parrainage de Google (Orkut Buyukkokten est un employé du célèbre moteur de recherche) et de son positionnement sur un secteur en plein boum.

Dans les pays francophones, le succès est beaucoup plus limité

En France et dans les pays francophones comme la Belgique, la Suisse et le Canada, le succès est beaucoup plus limité : peu de sites se sont lancés et leur approche du marché est encore un peu “amateur” (mélange des genres entre cible grand public et professionnelle, à part Viaduc.com). Une explication à cette tiédeur vient du fait que l'effet de mode n'a pas encore traversé l'Atlantique (certes, il y a toujours un décalage de quelques mois).

Une autre raison vient du fait que les français et leurs voisins francophones appartiennent à des sociétés à contexte fort (ensemble de rigidités structurelles dans les relations inter-individus qui, par exemple, interdisent de parler affaires dans un autre cadre que strictement professionnel) où le networking n'est pas une pratique sociale aussi naturelle et développée que dans les sociétés anglo-saxonnes (un autre indice, l'absence formelle d'industrie du lobbying).

Si les sites de business networking déferlent en ce moment, cela tient à la combinaison de plusieurs facteurs :

  • De plus en plus de professionnels utilisent Internet dans leurs activités quotidiennes et gardent les informations sur leurs contacts en ligne (ces informations devenant de plus en plus riches et complexes) plutôt que simplement dans leurs têtes ou sur papier.
• Le succès des sites de rencontres comme Match.com aux USA ou Meetic en Europe a agi comme un détonateur.
• Les notions qui sont derrière le social networking reposent sur des recherches universitaires qui sont désormais de mieux en mieux comprises.
• Le problème du spam, de plus en plus présent, pousse les professionnels à trouver des solutions plus fiables pour communiquer avec leurs réseaux.

"Nous n'avons pas besoin de connecteurs supplémentaires afin de pouvoir échanger avec plus de monde, mais plutôt de filtres"

Tout cela mis bout à bout fait qu'on est passé d'un monde des affaires composé de groupes plus ou moins isolés les uns des autres à un système intrinsèquement connecté où n'importe qui peut écrire à n'importe quel autre et où l'essentiel des échanges tend à être du spam.

Une évolution majeure comme celle que l'on vit en ce moment contient autant d'aspects négatifs que positifs. Et comme toujours, il suffit qu'une peste apparaisse pour générer son propre antidote. Dans le cas qui nous intéresse, nous n'avons pas besoin de connecteurs supplémentaires afin de pouvoir échanger avec plus de monde mais plutôt de filtres afin de rendre leurs utilités aux connecteurs en place (et ainsi pouvoir de nouveau échanger sans être pollué avec les gens que l'on a choisi et seulement ceux-là).

Pour les utilisateurs des applications de social networking, ces sites peuvent être vus comme des outils intégrant précisément ces filtres et mécanismes permettant de faire le tri dans les échanges. Ces outils rendent plus faciles ce que les utilisateurs font déjà (communiquer par exemple) ou permettent enfin de faire ce qu'ils voulaient faire (trouver des nouveaux contacts dans un contexte relativement sécurisé par des personnes qu'ils connaissent déjà).


Alain Lefebvre
Alain Lefebvre est également chroniqueur, écrivain et conférencier.

Cette chronique est extraite du document Business Networking sur le Web pour les professionnels francophones : pourquoi faire et comment bien le faire… (38 pages au format Word ou PDF, une version résumée existe également) disponible gratuitement à télécharger sur le site www.6nergies.net
 

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