"Dans les grands groupes, les organisations deviennent très matricielles".
Par cette phrase, Yves Ernié (Accenture) résume très bien
l'environnement dans lequel les acheteurs informatiques doivent évoluer
aujourd'hui.
Rattachés le plus souvent à la direction des achats, mais effectuant
aussi un reporting à la DSI, en suivant les directives de la direction
générale, les acheteurs informatiques doivent perpétuellement
jongler entre plusieurs directions et concilier des intérêts parfois
contraires.
"Dans l'idéal, l'informatique émet un besoin, le service achats effectue
des recherches sur le marché et revient avec des prix et une étude ad hoc. La
décision qui s'en suit est en théorie collégiale. C'est le modèle
idéal, pas forcément toujours appliqué dans les entreprises",
poursuit Yves Ernié.
Comme un "couple qui travaille"
"C'est comme un couple qui travaille. On est dans une forme de collégialité.
D'un côté, la DSI donne une définition précise de son besoin
et, de l'autre, la direction des achats professionnalise l'acte d'achat. Cela
permet à tout le monde d'être professionnel, notamment au niveau juridique, ce
qui donne aussi une sécurité pour les entreprises qui soumissionnent", ajoute
Yvon Donval (BearingPoint).
"Il faut cependant veiller à ce que les achats ne prennent pas
le dessus sur la DSI, se prévalant uniquement du prix et négligeant la qualité
de service, critère qui n'est pas systématiquement pris en compte dans les appels
d'offres. De grands groupes ont eu des plantages dans le cadre d'un couple DSI
/ Achats ayant tamponné sur les prix. Tout est question d'équilibre. Quand on
va trop loin dans la réduction de la qualité de service, on le paie",
note Yvon Donval.
3 catégories de relations entre DSI et achats
Selon Philippe Morana (MJP Consulting), il existe trois types de relations
que les DSI et les directions des achats peuvent entretenir, les acheteurs informatiques
devant essayer de tendre vers la troisième d'entre elles.
1) L'ignorance. Les deux entités ne travaillent pas ensemble, des choix
sont faits d'un coté comme de l'autre sans se consulter, les critères de
choix ne sont pas coordonnés. Une prédominance de la DSI ou de la direction des
achats peut exister. Selon là où est réellement le pouvoir, c'est
tel ou tel choix qui s'impose.
2) Le conflit. La DSI est arc-boutée sur ses principes, elle impose
ses choix techniques, en opposition avec la direction des achats. C'est la rencontre
de techniciens purs et d'acheteurs purs qui achètent des services informatiques
comme tout autre produit.
3) La situation normalisée. La DSI fait ses choix techniques,
le service des achats est là pour les contrebalancer, lui rappelant en
cas de besoin que - à fonctionnalités et mise en uvre équivalentes - c'est
le mieux disant qui doit l'emporter.