Entretien avec Pascal EYMERY,
Président de l'Association Française pour la Logistique
Avec
cinq ans de recul, le marché tire les leçons critiques
des projets de SCM (Supply Chain Management),
dont la plus rassurante est qu'ils tiennent leurs
promesses. Un bilan qui débouche sur des modèles
réducteurs de risque.
"L'émergence
réelle des projets de SCM (Supply Chain Management
ou Optimisation de la chaîne logistique) remonte
à 4 ou 5 ans : sous l'effet de fusions massives
et d'extensions géographiques rendues nécessaires
par la mondialisation, les entreprises ont gagné
en taille et en complexité", explique Pascal Eymery,
président de l'Association française de la logistique.
"Elles se sont confrontées au besoin de piloter
non plus un, mais plusieurs sites souvent distants,
dans un contexte économique de plus en plus exigeant.
Dans les secteurs high tech et automobile, on
a vu également les cycles de vie des produits
se raccourcir, et les exigences de service croître."
Réguler leurs flux, prévoir la demande client,
optimiser l'appareil de production et piloter
avec précision tout le système de distribution,
sont alors passés au rang des préoccupations majeures.
La chaîne logistique est devenue un axe important
de la stratégie globale des entreprises françaises.
Pour un bon millier d'entre elles, cette prise
de conscience s'est traduite par la nomination
d'un responsable Supply Chain ou de la Logistique
(supervisant les divers responsables d 'entrepôts
et de production régionaux), devenant de ce fait
discipline de management. Parmi ces entreprises,
quelques centaines ont mis en place des outils
de type ERP, qui allaient constituer la première
couche de l'architecture de SCM, orientée exécution.
Enfin, quelques dizaines, plus intrépides, sont
allées jusqu'à s'équiper des toutes nouvelles
solutions d'APS (Advanced Planning and Scheduling).
Objectif de cette couche APS : permettre le pilotage
et la planification à travers l'ensemble de la
chaîne logistique et donner une perspective élargie
sur cette dernière, dans l'espace comme dans le
temps.
"Ces projets ont été suffisamment significatifs,
dans leurs réussites comme dans leurs rares mais
cuisants échecs, pour qu'on puisse aujourd'hui
en tirer des leçons, poursuit Pascal Eymery. Dans
leur grande majorité, les projets ont tenu leurs
promesses." Et les bénéfices sont au rendez-vous.
Notamment : réduction des niveaux et des coûts
de stocks, amélioration des taux de services,
optimisation de l'investissement industriel, planification
plus réaliste, meilleure réactivité aux changements
du marché, etc.
Cinq ans plus tard, les projets de SCM deviennent
également une préoccupation des grandes PME. Les
objectifs (optimisation des flux, anticipation
de la demande, réactivité, pilotage transversal)
comme les besoins en outils, restent les mêmes.
"Le grand changement tient au fait que les leçons
tirées ont fait école", analyse Pascal Eymery.
"Au sein des entreprises tout d'abord : ne sacrifiant
plus à une mode, beaucoup ont compris l'importance
d'avoir une vision stratégique fondée sur la création
de valeur. Plus prudentes, elles sont aussi plus
exigeantes concernant la maturité technologique
des produits et leur pérennité. Du côté des intégrateurs
et des DSI ensuite : après avoir, pour certains,
sous-estimé leurs rôles dans ce projet, ils ont
développé des savoir-faire où les enjeux de l'intégration
sont clairement pris en compte." Et Pascal Eymery
de conclure : "du côté des fournisseurs et des
consultants, on voit se développer des solutions
types, ciblant des industries ou des métiers particuliers,
qui permettent de minimiser délais, coûts, et
surtout, risques des projets."
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